2 - Premier jour

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J'ai passé une dure nuit. Je me suis retournée dans tous les sens, mettant mon lit sens dessus – dessous. Aujourd'hui, les choses sérieuses commencent et j'ai peur. La crainte d'échouer et de ne pas pouvoir emmener mon cousin à la plus haute place me tient à la gorge. Je sais que Carlos ne m'en tiendra pas rigueur mais je ne peux m'empêcher de penser au pire s'il échoue.

Mon café entre mes mains, je regarde la vapeur s'échapper de la tasse. Mes pensées dérivent vers mes collègues de l'écurie. Hier, l'accueil a été un peu glacial...

***

Quand je suis arrivée dans la partie réservée à l'équipe de Carlos – mon équipe maintenant – les conversations se sont tues et tout le monde m'a regardé comme une intruse dans le groupe. Face au silence des personnes qui l'entouraient, Carlos s'est retourné vers moi et s'est exclamé tout en s'avançant :

-       Ah oui, c'est vrai ! Je t'ai oublié Rosa. Mais c'est génial, tu as réussi à trouver ton chemin.

Puis, il se retourna vers les autres personnes et sur un ton dramatique, il dit :

-       Mes amis, que ce jour reste à jamais le plus important de l'année, je vous présente notre nouveau membre de l'équipe des mécaniciens de choc. J'ai nommé Rosa Martinez.

Au moment où il prononce mon nom, il s'écarte sur le côté et salue la foule, les bras dirigés dans ma direction. Quand les premières personnes se sont détournées de nous, il me prit par les épaules pour me présenter le « staff Carlos » comme il l'appelle.

En une dizaine de minutes, j'ai rencontré une dizaine de personnes, de visages inconnus et surtout de noms. J'étais impressionnée par le nombre de gens que mobilisait l'écurie pour favoriser les chances et la sécurité de ses pilotes. Je suppose que Charles en a autant à ses côtés. Puis, une personne dont j'ai oublié le nom a tapé dans ses mains et la troupe s'est éparpillée dans un joyeux chahut. Carlos a pris ma main et m'a conduite jusqu'à la voiture qu'il conduirait cette saison.

La Ferrari SF21 était sous un spot de lumière qui l'éclairait et faisait briller la carrosserie et la peinture rouge nouvellement posées. L'odeur de pneu neuf remplit mes narines et je frôle des doigts l'aileron arrière de la monoplace en suivant le tracé de mes yeux. Lorsque je les relève, je vois Carlos, penché sur sa voiture en train de la câliner. Il murmure au rétroviseur mais de là où je me tiens, je ne peux pas entendre ce qu'il chuchote.

-       Sainz, si tu ne veux pas mon joli petit pied dans ton cul de pilote, gronde une grosse voix, tu ferais mieux de te reculer. Doucement. Les mains en l'air.

-       Tout doux Kentucky, répondit mon cousin sans se retourner, je ne vais pas rayer ton bijou. Regarde, aucune trace.

Il s'éloigne de la voiture pour prendre l'homme dans une accolade virile en se donnant des claques sur le dos. Ils échangent entre eux avant que Carlos me pointe du doigt et me fait signe de m'approcher.

-       Kentucky, voici la nouvelle mécanicienne qui rejoint ton équipe cette année, Rosa Martinez. Rosa, Simon Kentucky. Ton chef.

-       Enchantée de vous rencontrer, déclaré-je en tendant la main.

Simon observe ma main et se détourne pour se concentrer de nouveau sur mon cousin. Je laisse tomber ma main contre mon flanc.

-       C'est une blague, putain ! Sainz, dis-moi que tu te joues de moi et que c'est faux, rage-t-il en serrant les poings.

-       En quoi ce serait une blague, Kentucky ! réplique Carlos en se redressant. Tu voulais un nouveau mécano et en voilà un, pourquoi tu râles ?

La Belle et le piloteWhere stories live. Discover now