La Belle et le pilote

34 - Mise en marche

Point de vue de Rosa.

Depuis que Max et moi avons évoqué les actions de Simon aux autres pilotes, les comportements de certains d'entre eux ont changé. Ils me saluent dans le paddock ou viennent carrément devant le garage Ferrari afin de me saluer ou prendre de mes nouvelles. Les premières fois, j'étaisgênée de voir que des grands noms de la Formule 1 se déplacent jusqu'à moi pourme saluer mais avec le temps, je m'y suis habituée. 

Carlos et Max sont devenus encore plus protecteurs lors des grands prix et même d'autres pilotes se sont initiés au rôle de garde du corps pour jeune mécanicienne en détresse. Un conseil pour vous qui passez par ici, n'énervez jamais un Daniel Ricciardo en manque de café. Il se transformerait aussi vite en bête féroce.

Suite au grand prix de Belgique, quatre autres grands prix se sont succédés et les difficultés aussi. Simon est de plus en plus sournois et il tente de réitérer ses mauvaises actions contre la scuderia en mettant des bâtons dans les roues aux équipes 16 et 55. A Zandvoort, sur la ligne de départ, lorsque les monoplaces arrivent se placer pour la procédure de départ, il a été pris la main dans le sac en train de débrancher plusieurs câbles importants sur le véhicule 55. Heureusement, l'un des membres d'une écurie adverse à crier haut et fort les méfaits de ce connard.

En Italie, sur le circuit mythique de Monza, il a recommencé mais cette fois-ci, cela a eu des conséquences durant la course. Alors que Carlos dirige sa voiture d'une main de maître pour tenter de doubler plusieurs concurrents, le bloc moteur prend littéralement feu. Sur les écrans, nous avons vu une grosse fumée noire sortir de l'arrière de la monoplace qui continuait sa route. Dans les casques, on entendait les appels d'un des ingénieurs pour que Carlos s'arrête sur le bas-côté. Dans le garage, nous n'avions que l'image de l'incident et les conversations des pilotes avec leurs ingénieurs.

J'ai rongé l'entièreté de mes ongles de la main droite jusqu'au sang, angoissant pour mon cousin. Son volant a volé dans les mains d'un commissaire qui venait l'aider à s'extraire de la monoplace. Il avait mis beaucoup de temps à sortir de son baquet tandis que la voiture continuait de se consumer dans son dos. Il avait eu de la chance dans son malheur. Il s'était stationné à proximité d'un accès où les commissaires pouvaient intervenir rapidement. Les extincteurs faisaient leur office et quelques minutes plus tard, la voiture pouvait être enlevée de la piste.

Même si la voiture était avantageusement située pour son extraction hors de la course, la FIA avait décidé de mettre un drapeau rouge. Certains étaient avantagés par cette décision alors que d'autres, beaucoup moins. Charles, ainsi que les pilotes Red Bull ont profité de cet avantage. Les Mercedes venaient de passer tous les deux au stand avant l'arrêt de Carlos.

Deux semaines plus tard, en Russie, les mêmes événements se produisent sur deux monoplaces différentes ; celle de Sergio Perez et celle de Valtteri Bottas. Les fans dans les tribunes ont hué et se sont indignés contre les deux incidents survenus durant la course. Les seconds pilotes ont tous les deux abandonné la course laissant les deux compétiteurs de la saison se battre pour la victoire.

Cet incident est peut-être passé inaperçu aux yeux des spectateurs mais dans les garages, la tension est montée d'un cran lorsque Simon a laissé exploser sa joie parmi les mécaniciens de la scuderia. Il pavanait devant les autres garages et se réjouissait de voir les autres concurrents à l'arrêt. Le soir même, alors que nous terminions de charger les caisses dans les camions, Simon m'a apostrophé. Le regard trouble et le pas vacillant, Simon trébuchait sur la surface plane du garage.

Devant le reste de l'équipe, il a attrapé mon poignet pour me rapprocher de lui. Je n'ai pas le temps de le repousser qu'il glisse quelques menaces dans le creux de l'oreille avant de me libérer d'un geste dédaigneux. Un des gars m'a retenu et m'a poussé directement dans les bras de Max. Ce dernier avait déjà un pied dans le garage et le poing serré sous la colère. J'ai eu peur qu'il ne saute au cou de Simon pour le frapper. Depuis cet incident, Max me conduit toujours devant les installations Ferrari, comme pour montrer à Simon que je ne suis pas seule... Que je ne suis plus seule.