La Belle et le pilote

24 - Un seul être vous manque...

Point de vue de Rosa.

Les yeux rivés sur les écrans, j'attends l'extinction des feux. Mon cœur bat à mille à l'heure et mes mains tremblent. Les voitures sont alignées sur la grille de départ. Certaines voitures sont déjà prêtes à foncer vers le premier virage. La légère fumée qui brouille les autres monoplaces montre que les moteurs chauffent, signe que les pilotes ont déjà fait les manipulations pour le démarrage de la course. Puis, dans un clignement de paupières, les feux s'éteignent. Une nuée de voitures accélère dans la seconde qui suit.

Déjà, les deux rangées de Formule 1 s'effacent. Les pilotes tentent de doubler les autres concurrents pour atteindre la meilleure place avant le premier virage. Carlos est bien placé sur la grille mais le dépassement de plusieurs monoplaces lui fait gagner quelques places. Les premières Formule 1 ralentissent lors de leur arrivée dans le premier virage, ce qui forcent les autres pilotes à faire de même.

Je tapote des doigts la table devant les écrans. La compétition entre les pilotes et plus précisément entre les premiers pilotes du classement se fait de plus en plus rude alors que nous sommes loin de la fin de la saison. L'angoisse me noue le ventre alors que le premier tour vient à peine de débuter.

Peu à peu, les distances entre les véhicules s'agrandissent et les premières échappées se font. Max est dans ce premier groupe avec Lewis, Charles, Carlos, Pierre et Norris. J'observe le groupe de tête et les différents chiffres liés aux moteurs, aux pneus et autres pièces nécessaires au bon fonctionnement des Ferrari sont contrôlés par les ingénieurs et mécaniciens. Aucun accident n'est à déplorer lors du départ et je me permets de respirer à nouveau.

Le premier tour se termine et le classement a déjà évolué par rapport à la grille de départ. Lewis est premier, rapidement talonné par Charles et Max. Carlos et Pierre ferme le groupe de tête. Les écarts se creusent petit à petit à mesure que les tours s'enchaînent et le classement change peu.

Max double Charles tandis que Pierre double Carlos. Je lève la tête des écrans pour regarder autour de moi. Dans le garage de l'écurie italienne, les visages concentrés sur le mur d'écran, ne montrent aucune émotion. Quelques applaudissements retentissent autour de moi lorsque Carlos reprend sa place, devant Pierre. Je tape des mains également sans lâcher du regard les voitures 55 et 16 des écrans.

Max remonte doucement sur Lewis. Ce dernier tente de s'éloigner du pilote Red Bull mais sans succès. Le ballet des arrêts aux stands débute lors du dixième tour. Un des pilotes de l'écurie Alfa Roméo s'arrête pour changer de pneus. Quelques tours plus tard, Esteban Ocon abandonne. Les dix-neuf pilotes maintiennent leur position. Personne ne double pendant trois tours mais à la fin du vingt-septième tour, Carlos double Pierre.

Carlos a réussi une magnifique manœuvre lors de ce dépassement. Dans la courte ligne droite entre le virage sept et le virage huit, Carlos accélère et coupe la route de la voiture dix. Pierre est obligé de freiner pour permettre le passage de la voiture cinquante-cinq. Je lève le poing en l'air pour célébrer la manœuvre. Mon cousin profite de cette action pour laisser le plus de distance entre eux.

Je franchis le seuil du garage pour observer le ballet des voitures dans la voie des stands. Un éclat rouge apparaît au loin. La monoplace se rapproche et je distingue le haut du casque de Carlos. Il ralentit et se stationne exactement sur les repères tracés au sol. Mes collègues sont déjà en place, l'échange des anciens pneus contre les nouveaux est rapide. Très rapide. Carlos repart dans un léger nuage de poussières.

***

Sous les acclamations du public et des applaudissements de son équipe, Max monte sur la première marche du podium. A ses côtés, Lewis et Carlos sont respectivement deuxième et troisième. Il attrape le trophée du vainqueur pour le lever au-dessus de sa tête. Avec mes coéquipiers de Ferrari, nous applaudissons le champion du jour.