31 - Retour à la maison

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Point de vue de Rosa.

Je reviens à la réalité quand deux bras me serrent contre un corps dur et chaud. Je me tourne doucement pour ne pas réveiller la personne derrière moi. Les rideaux occultent une bonne partie de la lumière du soleil, plongeant la chambre dans une semi obscurité bienvenue. Sans surprise, le second occupant du lit ne dort pas. Des yeux bleus fixent mon visage encore chiffonné par la nuit agitée que nous venons de passer. Je passe mes bras autour de sa nuque et me blottis contre lui. Mon nez collé contre sa peau chaude respire par petites inspirations son odeur musquée. Je n'ose pas fermer les yeux par peur de revoir tout l'accident qui s'est déroulé hier après-midi.

-       J'ai eu tellement peur, chuchoté-je. Lorsque j'ai vu la monoplace déraper sur le goudron, j'ai prié de toutes mes forces pour que tu me reviennes.

-       Et je suis revenu.

-       Mais dans quel état aussi.

Hier soir, alors que nous nous apprêtions à aller nous coucher, Max a changé de tee-shirt devant moi et j'ai vu l'étendue des contusions qui marquent son corps. Sur ses épaules, de légères traces bleutées se sont formées, signe que le harnais de sécurité a rempli son office.

Ses côtes sont douloureuses. Max siffle à chaque mouvement qu'il fait, la rencontre entre la monoplace et le mur de protection était déjà impressionnant vu de l'extérieur, je n'ose pas imaginer ce qu'il a dû ressentir.

-       Tu penses participer à la prochaine course ?

-       Prêt à rouler sous le beau soleil de la Hongrie, bébé !

-       Ne m'appelle pas bébé, gémis-je en recouvrant ma tête du coussin sous le rire grave de Max.

J'ai en horreur ce surnom ainsi que le récurrent ma douce qui me provoque une nuée de frissons le long de ma colonne vertébrale. Max réussit à s'infiltrer sous mon coussin qu'il retire doucement et il passe le drap au-dessus de nos têtes. Pour nous maintenir à l'écart du monde, au moins un court moment. Je me tourne vers lui, les mains jointes, coincées sous ma joue gauche et je regarde les traits tirés de Max. Je ne l'ai pas entendu se lever mais les médicaments contre la douleur n'ont pas dû durer toute la nuit. Max se tourne vers moi, lentement sans geste brusque.

-       J'ai l'impression qu'un camion compresseur est passé sur mon putain de corps et ça fait un mal de chien.

Pourtant, il ne grimace pas lorsqu'il bouge. Je guette chaque signe qui m'indiquerait que Max a mal, que les médocs ne font plus effet. La prochaine course n'a pas lieu avant deux semaines mais je ne peux m'empêcher de craindre pour lui, pour sa résistance à la douleur, pour sa capacité à prendre le volant d'une Formule 1. Mais j'ai confiance en lui, en ses capacités et sa lucidité pour savoir s'il se sent assez bien pour concourir en Hongrie.

-       Tu te sens prêt à subir les deux heures de vol qui nous séparent de la maison ?

-       Oh que non ! dit-il en grimaçant avant de reprendre d'une voix plus assurée, je serai mieux à Monaco.

Il fixe mon visage, mes lèvres avant de planter son regard vers le mien.

-       Attends, deux secondes. Tu viens juste de dire la maison ?

Je hoche la tête pour toute réponse. Ses yeux s'écarquillent au maximum.

-       La maison ? Pour parler de Monaco ? réplique-t-il face à mon mutisme. Nan, mais pour qu'on soit bien au clair sur le lieu.

-       Oui, je parle de Monaco. J'hésite à acheter un appartement dans la principauté. Tu saurais me conseiller sur les quartiers sympas.

-       J'en connais un plutôt pas mal. Belle vue sur la mer, quartier agréable. Le colocataire n'est pas souvent là mais comme toi non plus, la cohabitation devrait être plutôt bonne.

La Belle et le piloteWhere stories live. Discover now