33 - Incident majeur

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Point de vue de Rosa.

Je retourne dans le garage et pars sans réfléchir vers George Sullivan pour qu'il me donne des indications sur ce qu'il reste à faire sur la monoplace numéro 55. Sa tablette à la main, il m'indique un des points à travailler pour que la voiture soit opérationnelle demain pour les premiers essais libres du grand prix de Belgique.

Je préfère oublier ce qu'il vient d'arriver en me concentrant pleinement sur mon travail. J'aurais le temps de m'autodiagnostiquer dans la chambre d'hôtel ce soir. Armée de ma ceinture d'outils, je me fais une place selon les recommandations de George et trifouille dans le corps de la voiture.

Autour de moi, mes collègues qui, d'habitude passent leur temps à rire et à pousser la chansonnette, sont muets. Aucune musique ne flotte dans le garage. Seuls les bruits des tournevis, des visseuses et autres outils nécessaires à l'amélioration des voitures se font entendre.

Je tire sur le pantalon d'un des mécaniciens à proximité de moi, comme une enfant qui réclamerait des sucreries.

- C'est triste sans musique, dis-je sur un ton qui sonne pleurnichard.

- Ordre de sa majesté Simon, c'est pour que nous soyons plus concentrés apparemment.

- Mouais, mais les autres fois, l'ambiance était différente et tout s'est bien passé.

Le mécanicien hausse des épaules et ne cherche pas à approfondir la discussion. Nous remettons à nos tâches, toujours dans le silence religieux du garage Ferrari.

Lorsque Carlos et Charles viennent discuter avec leurs ingénieurs, je me tiens dans un coin du garage. La grande tasse à café entre mes mains me réchauffe le bout de mes doigts froids. Carlos s'approche de moi en zieutant tout autour de lui sans croiser Simon.

- Il n'est pas là si tu le cherches. Mattia l'a appelé pour une réunion d'équipe.

Carlos hoche la tête, puis il reporte son attention sur moi et donc sur mes habits. Entre son pouce et son index, il agite la capuche de son sweat.

- Ma cousine est une voleuse maintenant ?

- Il fait méga froid dans ce garage, et il pleut. Tu ne vas pas laisser ta cousine mourir gelée.

- Mais c'est mon pull...

- Doux, chaud, confortable. Un pull de qualité.

Je me rapproche de lui et sur la pointe des pieds, je lui chuchote dans l'oreille :

- J'aurai bien voulu prendre celui de Max mais une Red Bull girl dans la zone Ferrari...

Carlos lève les yeux au ciel et part sans répondre vers son ingénieur. J'éclate de rire et Carlos me répond par un doigt levé. C'est qu'il est rochon ce matin. Je me remets rapidement au travail avant d'aller manger avec mes collègues. L'après-midi se passe sans aucune difficulté. Les pilotes repassent nous voir une fois que leur conférence de presse est terminée et nous essayons de démarrer le moteur des deux monoplaces une première fois. Le doux rugissement des moteurs Ferrari résonne dans le garage. Tout le monde se prend dans les bras et se félicite de ce travail.

Même si cela fait plusieurs grands prix que nous montons et démontons ces voitures, une part d'anxiété est toujours présente à l'allumage des blocs moteurs. On ne sait jamais ce qui peut se produire : un câble mal branché, une pièce au mauvais endroit et c'est tout un chemin de croix qu'il faut mener pour trouver la solution.

***

Ma journée est terminée depuis longtemps mais j'aide encore quelques collègues qui ont des difficultés avec la mécanique hybride des moteurs. Même si les moteurs démarrent correctement, sur la voiture portant le numéro seize, un bruit suspect a retenti dans le garage avant que les ingénieurs ne décident de couper le moteur pour éviter tout incident. Bruno et Michaël m'accompagnent et m'ont promis de me raccompagner à l'hôtel.

La Belle et le piloteWhere stories live. Discover now