La Belle et le pilote

21 - Danger et Déclaration

Point de vue de Rosa.

Un bras s'enroule autour de ma taille comme un tentacule et me colle contre un torse dur. Les yeux toujours fermés, je me retourne et enfouis mon visage dans le creux du cou de Max pour inspirer son odeur. J'ouvre un œil et tourne la tête vers la fenêtre dont les rideaux ne sont pas fermés. Les rayons du soleil entrent dans la pièce et éclairent la chambre d'une lueur orangée. Un des rayons frappe le visage de Max qui râle et soupire avant d'enfouir sa tête sous la couette. Enfin libre, je m'assieds sur le bord du lit pour regarder l'heure sur mon téléphone. Huit heures dix-sept. Je me redresse rapidement, enfile mes vêtements de la veille, attrape mes affaires avant de me pencher sur Max. De légers ronflements résonnent dans la chambre. Je ris doucement pour ne pas le réveiller. Un baiser sur la tête et je file discrètement. Max ne s'est pas réveillé. Je sors de l'hôtel et hèle un taxi pour rejoindre ma chambre d'hôtel pour me changer.

Le taxi arrive et je monte dedans, direction l'hôtel du staff Ferrari. Sur le chemin, je repense aux accusations de Charles. Je sais qu'il tiendra sa langue mais je ne peux m'empêcher de penser au pire. Si quelqu'un nous découvre Max et moi sur le circuit ou si une personne malintentionnée vend la mèche. Je réfléchis durant tout le trajet qui sépare l'hôtel de Max du mien et prend la décision de m'éloigner de Max lorsque nous sommes sur le circuit. Je dois brouiller les pistes le temps que je me décide pour l'annoncer à Carlos. Je tape un message pour prévenir Max. Au moment de l'envoyer, j'hésite. Le doigt suspendu au-dessus de la petite flèche, mes pensées s'emmêlent dans mon esprit. Je ne sais pas s'il est bon de réagir de cette manière : laisser de côté Max pour préserver Carlos. Mais je ne veux pas que Max soit mis de côté. Un mal de tête me frappe soudainement à force de cogiter sur les événements. Je verrouille mon téléphone lorsque le chauffeur s'arrête devant l'entrée de l'hôtel, laissant ma volonté disparaître comme la neige au soleil.

***

Carlos est venu me chercher alors que je sortais de la douche. Nous sommes allés prendre notre petit-déjeuner ensemble avant que je parte avec la navette vers le circuit. J'arrive sur le circuit. Je croise peu de personnes dans le paddock. Les pilotes ne sont pas encore arrivés, il est encore trop tôt.

En passant devant la cafétéria, je m'arrête pour acheter un grand chocolat viennois avec un supplément de crème chantilly. D'un coup d'épaule, je remonte mon sac qui a tendance à glisser le long de mon bras. Le chocolat chaud dans une main et mon téléphone dans l'autre, je continue mon chemin vers le garage Ferrari. Je glisse mon pouce sur l'écran pour faire défiler les différentes notifications. Plusieurs messages de ma famille s'affichent : ma mère demande si je vais bien, mon père m'annonce qu'il a battu mon oncle au golf et ma tante cherche à joindre Carlos mais il ne répond pas. Je rassure ma tante et mes parents. Je précise à ma mère que je l'appellerai dans la soirée.

J'entre dans la salle réservée pour la préparation de Carlos et pose mes affaires dans un coin de la pièce pour ne pas gêner. Je me change rapidement dans la salle de bain et sors rejoindre mes collègues. La musique résonne contre les murs du garage lorsque j'ai franchi le seuil. Bruno et Michaël sont venus m'enlacer. Nous nous mettons tous les trois au travail sur la monoplace.

La matinée est rythmée par les allées et venues des ingénieurs autour de la voiture, de l'arrivée de Mattia et des pilotes pour les derniers essais libres. Dans sa combinaison rouge, le casque sous le bras, Carlos fait les cent pas au fond du garage.

- Arrête de remuer et concentre-toi Sainz, gronde son physio.

Carlos s'arrête et fixe méchamment du regard son physio.

- Pourquoi la voiture n'est pas prête dans ce cas ? réplique Carlos sur le même ton.

- Nous faisons ce que nous pouvons, Carlos. Calme-toi un peu, dis-je à Carlos en levant la tête de la monoplace.