29 - Silverstone

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Point de vue de Max

Lorsque j'arrive sur le circuit, il est déjà onze heures trente-deux. Dans mon emploi du temps, il est indiqué que je ne dois pas arriver avant quatorze heures, heure idéale pour les réunions d'avant grand prix et de la rencontre avec la presse mais mon envie de voir Rosa est plus forte. Pendant que je préparais mes affaires dans la chambre d'hôtel, elle avait répondu positivement à mon invitation et il me tardait de la retrouver.

Il a peu d'agitation dans le paddock. Pas de journalistes à l'horizon, pas de fans hystériques qui crient le nom de leur idole. Je me précipite vers ma driver room pour déposer mes affaires, faire le tour des garages et peut-être faire le tour du circuit avant tout le monde pour avoir un peu plus de temps avec Rosa par la suite.

De toute façon, je ne peux pas la voir tant qu'elle est cloîtrée dans le garage de la scuderia italienne, consignes de confidentialité oblige. Je vais devoir prendre mon mal en patience alors autant s'occuper l'esprit et le corps.

Je suis le long couloir qui mène aux garages réservés à l'équipe pour le week-end qui arrive. Les mécaniciens sont déjà tous sur le front, s'occupant de monter les derniers éléments importants de la voiture afin qu'elle soit opérationnelle pour les essais de demain matin.

Le garage fourmille d'agitation et mes mains tremblent déjà à l'idée de me retrouver une nouvelle fois au volant de mon bolide. L'excitation s'empare de moi et je ne peux réprimer un frisson de contentement. Je salue chaque mécanicien, chaque ingénieur présent, que ce soit à proximité de ma voiture ou celle de Checo. Je ne fais aucune différence entre les deux, nous appartenons à la même équipe quelque soit le résultat de la course chaque dimanche ou de la saison à la fin de l'année.

Certaines personnes peuvent penser que je suis arrogant ou orgueilleux. Ils n'ont pas tort. Mais ils n'ont pas raison également. Les résultats le prouvent de façon assez claire : je suis en tête du championnat. Je peux me vanter d'être arrivé à cette première place temporaire grâce à mes efforts et mon travail.

C'est vrai, je peux.

Il ne faut pas que j'oublie que cette première place, je la dois aux mécaniciens qui font un boulot de dingue chaque week-end de grand prix pour monter, démonter et réparer la monoplace. Aux stratégistes qui réfléchissent à chaque possibilité pour nous amener vers la victoire et les ingénieurs qui poussent les limites de la voiture pour qu'elle puisse me donner le meilleur d'elle. Un bon pilote de Formule 1 n'est rien sans son équipe... Tout comme l'équipe n'est rien sans pilote. Cependant, il faut avouer que le pilote est important dans cette dynamique. Mouais, je suis carrément arrogant sur ce coup !

Je discute quelques instants avec mes ingénieurs et mes stratégistes qui évaluent les chances de suivre une stratégie plutôt qu'une autre. J'observe un peu plus loin, Christian sur le pit wall, entouré des deux ingénieurs en chef et de quelques mécaniciens. La discussion semble animée et le nouveau format de course ne doit pas arranger les choses. Premier week-end où ce type de course est mis en place et il fout déjà en l'air les habitudes de tout le monde. Je n'ai pas le temps de discuter plus longtemps, mon téléphone sonne déjà et l'identité de l'appelant me fait oublier l'organisation chaotique du week-end. La tête de Rosa apparait à l'écran et mes soucis s'envolent aussitôt.

-       Max, dit-elle dans un long soupir.

-       Hello, jolie Rosa !

Je scrute son visage souriant, les pommettes rougies par les efforts qu'elle a dû déployer pour monter l'une des deux Ferrari. Je distingue parmi les mèches éparses qui encadrent son visage des traces d'huile et de graisse.

-       Je vais devoir raccourcir mon temps de pause pour que les voitures soient prêtes pour les essais de demain. Je ne pourrai pas manger avec toi ce midi, Max.

La Belle et le piloteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant