La Belle et le pilote

26 - Attention, cousin méchant !

Point de vue de Rosa

Plus j'avance vers le grand hall où Max m'attend, plus j'ai peur de la confrontation entre les deux ennemis de toujours. A mes côtés, Carlos me parle mais l'esprit ailleurs, je n'écoute rien. Je ne peux pas laisser Carlos découvrir la présence de Max. Je ne veux pas non plus que Carlos s'énerve face à ce dernier, même si je sais qu'il sera en colère. Je déteste lui cacher des choses et il est temps qu'il sache la vérité. Je m'arrête et pose la main sur son bras pour l'arrêter. Je prends une grande inspiration et me lance.

- Carlos, il faut que je te parle. C'est important...

Il se tourne vers moi, interrogateur. Je ne peux pas le faire dans ce couloir. Il faut que l'on s'isole. Je l'attrape par le coude et nous faisons demi-tour. Je lui suis reconnaissante qu'il se laisse faire.

Nous parcourons les longs couloirs de l'usine, je réfléchis mentalement à un lieu où l'on pourrait s'isoler pour discuter. La cafétéria est fréquentée par de nombreux membres de l'équipe, les garages également. Il ne reste plus que les toilettes ou la salle de stockage. Mais celle-ci est encore en nettoyage suite à l'intrusion de Simon. Va pour les toilettes.

Je pousse Carlos dans les toilettes pour femmes du deuxième étage. Peu fréquenté, ce lieu est l'idéal pour discuter. Idéal dans les conditions actuelles, pas sûre que tout le monde apprécie l'endroit.

- Bon, tu vas me dire pourquoi tu me trimballes dans l'usine comme un vulgaire paquet ?

- Oui. Je... commencé-je.

J'hésite sur la manière dont je dois formuler la nouvelle. Carlos, je sors avec ton pire ennemi. Trop direct. J'ai rencontré quelqu'un et tu le connais. Pas terrible comme annonce.

- Je... J'ai ...

Les mains appuyées sur le lavabo, je cherche mes mots. Il n'y a pas de meilleure manière de dire à un proche que vous sortez avec quelqu'un qu'il déteste et pourtant, j'aimerai que ce soit aussi simple que de dire bonjour.

- La dernière fois, je t'ai dit que j'avais rencontré quelqu'un...

- Je m'en souviens oui, tu ne m'as pas encore dit de qui il s'agissait. Je le connais ? Tu veux en parler ?

J'acquiesce en me triturant les doigts. Il m'encourage du regard mais je reste silencieuse. Les yeux rivés sur mes chaussures, comme une petite fille qui attend sa punition, je prends une grande inspiration pour me jeter à l'eau. Nous avons toujours été proches. Mon cousin a toujours été présent pour moi et j'ai peur de le décevoir. De lire dans ses yeux, qu'il me déteste ou pire, du rejet. Mais j'ai assez menti, assez caché la vérité. Il est temps de tout lui dire.

- J'aimeMaxVerstappen, dis-je rapidement et tellement bas que Carlos fronce les sourcils d'incompréhension.

- Je n'ai pas entendu, Rosa.

- J'aime Max Verstappen, répété-je d'une voix plus forte et tremblotante.

Carlos s'éloigne, le regard noir et les lèvres serrées en une mince ligne. Soudain, il tape une fois dans la porte battante des toilettes. Une fois, puis une seconde avant de pointer un doigt menaçant vers moi. Je recule sous la fureur de mon cousin, ses traits sont déformés par la rage et j'ai peur de ce qu'il pourrait faire dans cet état. A part déchirer le rouleau de papier toilette entre ses mains, chose improbable. Même si cela serait surprenant.

- Tu l'aimes comme tu aimais Rodrigo. Parce que si c'est la même chose, je peux te dire que ça ne va pas durer et tu vas t'en mordre les doigts.