21. Le troisième nain

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Je rougis en pensant à la photo de nous deux postée sur Pomme-d'amour. Il doit me prendre pour une ivrogne. Une ivrogne qui « tombe dans ses bras » selon le commentaire de la photo. Quand je pense qu'il m'a portée jusqu'au lit de Roxanne alors que j'étais évanouie.

- Oui, dis-je. Merci, pour tout à l'heure. Je suis désolée de ce qui est arrivé.

- Pas de souci. Tiens ?

Il s'approche du cube de verre et regarde les chaussures rouges.

- Elle les conserve comme un trésor ? Ça ne m'étonne pas, commente-t-il avec un soupir triste. Ne t'inquiète pas de ce qui s'est passé au brunch. Roxanne est tellement heureuse depuis ton arrivée dans sa vie.

- Mais pourquoi ?

- C'est une histoire un peu longue.

- C'est un secret ?

- Oui et non... Disons... Mais à toi je peux l'expliquer, car elle n'osera peut-être pas le faire et je ne veux pas que tu croies qu'elle cherche à te piéger ou quoi que ce soit. Roxanne est très sincère, mais, comme je te l'ai dit, elle est un peu« atypique ».

Je le fixe, intriguée.

- Roxanne a été hospitalisée étant jeune. Il lui arrivait parfois de manquer les cours. La première année de lycée, elle a même dû rater la rentrée. Elle n'avait pas beaucoup d'amies de son ancien collège et, quand elle est revenue en cours, au bout de plusieurs semaines, les groupes s'étaient déjà formés. Elle s'est retrouvée isolée rapidement.

Rob hésite à continuer. Il passe sa main dans ses cheveux, et son regard se fixe sur les chaussures à hauts talons.

- Quand les filles de sa classe ont compris qui était sa famille, elles ont commencé à s'intéresser à elle. Elles lui réclamaient des sacs, des bijoux et des chaussures de marque. Roxanne leur donnait tout ce qu'elle pouvait. Ça a duré assez longtemps. Elle était persuadée que ce n'était pas grave, que d'offrir toutes ces choses était un moyen de faire plaisir à ses nouvelles amies, alors cela lui importait peu. Mais, un jour, elle a entendu une conversation entre ses « amies ». Elles se moquaient de Roxanne, disaient qu'elle était stupide et inintéressante et qu'on pouvait tout obtenir d'elle. Les jours qui ont suivi, Roxanne n'a rien dit. Elle avait trop peur d'être mise de nouveau à l'écart si elle révélait ce qu'elle avait découvert. Mais les faux sourires qu'elle devinait, la pression des filles de sa classe qui voulaient toujours plus d'objets chers, tout cela la rendait triste. Au bout de quelques semaines, elle est retombée malade. On l'a encore hospitalisée quelques jours, mais aucune de ses « amies » n'est venue la voir. Ça l'a rendue encore plus désespérée.

Rob me regarde.

- Alors elle s'est juré de ne plus faire confiance comme elle l'avait fait avant. Sur son lit d'hôpital, elle s'est promis que sa seule amie serait quelqu'un qui ne ferait attention ni à son nom de famille, ni aux cadeaux qu'elle pourrait offrir. Ça fait longtemps que Roxanne prête des chaussures aux filles qui viennent en soirée avec nous. C'est comme un test. Enfin, pour elle, ça ressemble plus à une bouteille jetée à la mer. Qui la ramassera ? Qui viendra vers elle ?

Il me sourit avec bienveillance alors que je retiens une larme en silence, la main posée sur le cube de verre.

- Tu es la seule à avoir saisi cette bouteille. Tu es la seule à lui avoir rendu ses chaussures en lui disant merci. C'est pour ça qu'elle t'a choisie. Blanche, s'il te plaît, prends soin de Roxanne. Je ne veux pas qu'elle retombe malade. Je ne veux pas qu'elle perde foi en l'amitié de nouveau.

Je hoche la tête. Je ne la trahirai pas. Jamais.

- Tu embêtes Blanche ? s'écrie Roxanne en entrant dans le dressing. Mais je rêve ? Tu fais pleurer ma copine ? J'avais dit « pas touche », don Juan !

Je me précipite vers Roxanne et la serre dans mes bras. Je n'éprouve pas de pitié envers elle, ce n'est pas ça. Je la comprends. La trahison de ses amies, cette impression d'isolement qu'on peut ressentir si fort que l'on fait un vœu pour que tout change. La peur de l'exclusion. La pression qu'on subit. L'angoisse d'être abandonnée. Je comprends. Je comprends si bien. Nous sommes différentes et pourtant nous avons le même genre d'expérience, même si personne n'a le droit de comparé sa peine avec celle d'autrui. Je peux comprendre.

- Roxanne, pardon.

- Pourquoi tu t'excuses ?

- Je ne sais pas. Je ne suis pas à la hauteur pour être ton amie, mais je vais le devenir.

- Bien sûr ! (Elle passe sa main dans mon dos.) Je ne te demande pas de changer pour moi, voyons.

- Roxanne, je...

Je suis gênée et je n'ose pas parler. Mes yeux dérive sur mon écran. L'avatar de Roxanne se transforme en nain Atchoum... Le nain malade ? Quel drôle d'humour à donc ce site ?

- Qu'est-ce qui se passe ici ? demande Jay en nous jetant un regard noir depuis le couloir.

Et voilà, pour aujourd'hui ! Roxanne est donc notre "Atchoum", j'espère que cette interprétation du personnage vous aura surprise.

La suite arrive et ça va devenir plus intéressant.

Merci à vous ! Les prochains chapitres seront dédicacés de manière alternative aux "Team Rob" & "Team Jay" des lectrices qui se reconnaîtront (merci à vous les filles ! ). J'espère que vous êtes prêtes pour les histoires d'amours !

(Chapitre dédié à une lectrice fan de Roxanne)

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