Blanche-Neige Online

53. La Dame Blanche

(Pour ceux qui voudraient savoir quel son Blanche entend, cliquez sur le lien Youtube en haut de la page)

Nous débouchons sur une clairière, au milieu de laquelle une maison un peu délabrée ressemble à une vieille grange. Rob ouvre la porte et m'invite à l'intérieur. Nos souffles après la course emplissent la petite bâtisse vide. Que faisons- nous ici ?

Rob observe les murs autour de nous et me fait signe de le suivre à l'étage. Je le suis, sans com- prendre, en montant une échelle de bois. Juste sous le toit, le plafond est si bas que je dois rester accroupie ou à genoux. Pour deux adultes, c'est un peu étroit. On dirait que l'étage est une sorte de petite remise.

— Il n'y aura pas de micros ni de caméras ici, annonce Rob. Matthias a dû quadriller les environs avec ses gadgets sophistiqués pour avoir le contrôle visuel sur toute la propriété. J'imagine qu'il prépare quelque chose. Bon sang ! Je n'aurais jamais dû venir ici ! Et toi non plus !

— Qu'est-ce que tu racontes ?

Il se rapproche et de je recule, me plaquant contre le mur. Ses yeux me traversent et mon cœur se serre. J'ai du mal à respirer, pas sûre que cela ne soit dû qu'à notre course.

— Je ne vais pas à nouveau me disputer avec toi, Blanche. Si je te dis que Matthias prépare quelque chose, c'est le cas. Pourquoi lui faire confiance à lui plutôt qu'à moi ?

— Il ne me donne pas d'ordres, lui ! répliqué-je. Je n'ai pas à obéir aveuglément selon son bon vouloir. Il ne me dit pas que je ne peux pas aller à telle ou telle soirée, nique ce n'est pas pour moi. Il me laisse faire ce que je souhaite.

— Mais jamais, je ne ferai ça. Ce n'est pas ce que tu crois ! Tu ne vois pas ce qu'il fait ? Qui il est vraiment ?

— Explique-toi...

— Il vient de te répliquer sans ton accord, il t'a invitée pour me forcer la main en voyant que je te... que j'étais...

— Que tu étais ?

Rob se passe une main sur le visage, fixant un point sur le sol.

Le silence s'installe de nouveau entre nous. L'espace ici est suffocant de chaleur. La promiscuité de nos corps dans cet espace réduit fait battre mon cœur. Je détourne le visage vers l'extérieur dans l'espoir d'un peu de fraîcheur. Une fenêtre donne sur les arbres et j'aperçois, au loin, la lumière rouge du soleil entre les branches. C'est le crépuscule qui s'annonce, mais le spectacle du soleil couchant ne parvient pas à me distraire des lèvres de Rob, si près de mon visage.

— ...Inquiet ? finit-il pas lâcher.

— Je suis une grande fille, pas besoin que tu t'inquiètes pour moi. Je vais redescendre. La soirée n'est pas terminée, dis-je. Je suis navrée

— Attends, s'il te plaît.

Sa main se pose doucement mon épaule. Son corps tout entier me fait obstacle. La petite échelle derrière lui est la seule issue : je suis coincée.

— Banche, il murmure mon prénom et je tressaille.

L'odeur de caramel qu'il dégage remonte en effluves et se colle à mon corps, comme s'il me marquait de sa présence.

— Blanche, est-ce que mon frère t'a parlé de ce que j'ai fait dans le passé ? Des raisons qui font qu'il veut se venger de moi ?

— Non, il ne m'a absolument rien dit à ton sujet.

— Je vois... (sa main se retire de mon épaule et descend le long de mon bras en me frôlant légèrement.) J'avais si peur que tu me juges à cause de cela que je t'ai évitée tous les jours à partir du moment où j'ai su que tu travaillais pour mon frère. Je ne veux pas te cacher qui je suis, mais, si mon frère t'a déjà tout expliqué, alors je ne peux pas lutter...