55. Cercueil de verre

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Dessin de EloseSardano, merci à elle! Ce chapitre est pour toi !

J'ai un flash.

Nous courons. Nous sommes sur le pont aux grilles bardées de cadenas. Je ris. Rob me fait tourner sur moi-même, il a déclenché Un jour mon prince viendra dans sa version jazz sur son téléphone. Jay et les filles improvisent des pas de valse. Nous sommes ivres et heureux de vivre. La lune nous accompagne de ses rayons dorés ; la Seine est à nos pieds ; la tour Eiffel reste impassible. Des fêtards, elle en a vu d'autres en plus d'un siècle d'existence.

— Un pique-nique ? propose Rob.

— Oui, approuve Jay. J'ai faim !

Il est près de quatre heures du matin, nous voilà dans un immense appartement. Rob ne lâche jamais ma main et je crois que je m'y suis habituée. Ou plutôt, j'aime qu'il la tienne. Dans l'immense cuisine, nous entassons tous les plats possibles sur des plateaux et nous nous dirigeons vers le toit-terrasse de cet immeuble luxueux. En route, Rob et moi perdons les autres, trop occupés à flirter dans les escaliers et entre les meubles design.

Rob ouvre une porte et me voilà dehors. Le vent frais de la nuit ne parvient pourtant pas à calmer la chaleur qui monte en moi quand Rob m'invite à m'assoir à côté de lui à lui, sur une énorme couverture qu'il a déposée sur le sol. Je lève les yeux. La lune et quelques étoiles brillent au-dessus de nos têtes. J'observe son sourire de si près. Sa fossette sur sa joue droite m'intrigue et, sans m'en rendre compte, mon index se pose dessus.

— Pardon, dis-je en le retirant. J'ai trop bu, je ne sais plus ce que je fais.

Il attrape ma main et la repose sur sa fossette.

— Ça ne me gêne pas.

Je rougis mais je ne bouge pas. Je ne retire pas mon doigt de sa joue, ni ma main de la sienne. Il ferme ses yeux d'un bleu et embrasse le bout de mes doigts, l'intérieur de ma main, le creux de mon poignet.

Ses yeux s'ouvrent et me fixent de ce regard que Fred jetait parfois à Laurine, mais qui ne m'était jamais destiné. J'ai un mouvement de recul.

— J'ai trop bu, dis-je à nouveau.

— Je comprends, il hoche la tête. Je ne ferai jamais rien que tu puisses regretter ou qui ne serait pas consenti.

Je ravale inconsciemment ma salive. Je sais ce qu'il insinue et c'est la première fois qu'un homme me parle ainsi.

Je baisse les yeux. Je ne sais pas comment réagir.

— Tu es tellement belle.

Il passe ses longs doigts dans mes cheveux noirs, effleurant mon cou.

— Non, je ne suis pas belle. Ne dis pas ça.

— Si, Blanche, tu l'es tellement que je ne peux pas croire que tu sois ici avec moi. Tu dois avoir un succès fou à la fac.

— Non, personne ne fait jamais attention à moi. Je suis invisible.

— Tu te crois invisible ou tu veux l'être ? demande-t-il soudain très sérieusement. Parce que aucune personne ne peut t'ignorer, crois-moi.

— Arrête, même le type ivre en boîte se moquait de moi quand il te disait : « Tu peux me laisser celle-là ! Ce n'est pas du tout ton type, en plus. »

— Ce qu'il voulait dire, Blanche, c'est que tu ne ressembles pas aux filles que je fréquente habituellement, c'est tout. Tu crois que j'étais là par hasard quand je suis intervenu ? Je t'observais depuis le début. À danser comme si tu étais l'ombre de toi-même, à fermer les yeux pour oublier que tu existes.

Blanche-Neige OnlineWhere stories live. Discover now