Poésie fugitive

Magnétique

Tu resteras de ceux qui sont magnétiques.

Vos auras comme des soleils sombres,

Baignent vos présences d'irrépressible,

L'air que l'on respire auprès de vous

Tremble, dans nos poumons fautifs ;

Il ne fallait pas s'attarder,

Il ne fallait pas s'attarder un seul instant.

Mais nos yeux captifs des vôtres

N'ont pas su s'en libérer.

Vos pupilles comme des trous noirs

Étaient béantes d'évidences,

Au point que certains ont cru

Y boire la vérité

Peut-être même

Ont-ils espérer y saisir l'impensable.

Ils y ont pourtant noyer

Ce qu'ils avaient d'irremplaçable.

Leurs joues couvertes de rosée

Sont devenues le palais abandonné

D'un sourire désormais effacé.

Tu resteras de ceux qui sont magnétiques,

De ceux dont la présence éclate,

De ceux qui étincellent

D'un truc brutal

Qui chez moi s'est révélé être fragile,

Mais qui entre vos mains

Se révèlent fascinant et lancinant.

Tu es de ceux qui crépitent

De la vie,

La même qui tremble entre mes mains

La même qui tangue sous le moindre de mes pas,

Ce qui vacille dans ton cœur, oscille dans le mien,

Tu resteras de ceux qui auraient pu me comprendre,

Mais qui ne l'ont pas fait,

Les miroirs brisés auraient-ils tendance à t'effrayer ?

Dans tes silences, j'ai appris mon nom,

Dans les miens, je cache le tien,

Auraient-ils le même son

Si le cœur savait parler ?

Tu resteras de ceux qui sont magnétiques,

Je resterai de ceux qui sont mutiques,

Et j'apprendrai à taire le poétique

Pour mieux le répandre en vers.

Tu apprendras à fuir ma présence,

Pour que la tienne puisse resplendir,

Et tant pis si l'une comme l'autre

Étaient vouées à se mugir,

Ni toi, ni moi, n'aimons les obligations,

Se retrouver n'était qu'un projet,

Nous ne sommes que de vastes rêveurs,

Les contrées de mon imagination

T'ont désarçonné,

Il faut dire que je n'avais pas envie de t'esquisser davantage

Dans les obscurités sauvages du futur

Toi qui croyais t'y apercevoir,

Avoue-le,

Tu ne me croyais pas capable de t'oublier ?