Poésie fugitive

Philosophie sous la Lune

Le fourmillement de nos mots,

C'est comme le tapage de la pluie

Contre la vitre, les soirs d'orage,

Un doux mais constant rappel du son.

La réalité s'agite dans quelques bruissements,

Elle est d'une grâce sans nom quand elle s'invite ;

Une pétale de cerisier qui tombe contre ma joue

Un frétillement du soleil qui s'amuse avec les feuilles vertes,

L'éclat lactescent de la pleine Lune par la fenêtre embuée ;

J'aime exister, te le raconter me rappelle cette si belle vérité.

J'ai égaré quelques perles de sel aux abords de mes cils,

J'ai dû croire que le monde était plus beau imbibé de larmes,

Je devrais pourtant savoir que les sentiments ne valent pas les sensations.

J'oscille entre mes sens, les couleurs me fascinent, puis s'effacent,

Les parfums viennent alors interpeler mes pensées à chaque pas,

Je finis par les oublier quand les sons deviennent ma seule passion.

Et si j'ignore pourquoi je ne les savoure qu'un par un,

Je sais que toujours j'y trouverai ma raison d'exister,

Parce que plus que tout le reste, j'aime contempler la vie trembler,

Le miracle continu du monde me transcende et me comble,

Trouver belle sa fragilité, c'est sans doute la plus grande des forces.

Tu apaises des doutes qui ne t'éraflent pas,

Je te sais pourtant hanter par tes propres contradictions

Et si je ne peux jamais les atteindre, je te regarde dénouer les miennes.

Tu as là une facilité étrange à me montrer le véritable essentiel,

Et je me demande souvent comment tu peux tanguer autant

Toi qui semble avoir déjà trouvé ce qui fait sens.

Mais peut-être que comprendre, c'est différent d'avoir.

Le bonheur, c'est comme tout en ce monde, ça se meut,

Je ne suis pas sûre que tu le recherches, ce timide état d'âme,

Et je me demande souvent ce que signifie le tournoiement de mes mots

Au beau milieu de ton existence feutrée, que je connais si peu.

À bientôt, éclaircie,

Je ferai de mon mieux,

Tu le sais.

À M.