La simplicité comme bouclier

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Quelques fleurs séchées dans un vase,

Un peu d'eau sur la table,

Je n'ai jamais su exister convenablement,

Mais que j'aime mon doux bordel plein de vie.

Il y a trop de livres sur les étagères,

J'ai tout empilé à la va-vite,

Un peu comme ma vie,

Et je suis surprise que tout tienne si droit.

Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse,

Le genre de bonheur doux qui t'apaise le cœur,

Juste parce que tu es là,

Il fait froid,

Il neige par moment,

Il pleut un peu,

Et puis, je ne sais pas,

Le monde est si simple que je me sens bien,

Quand je fais mon petit aller et retour en tram

Que je sais que je vais vous voir,

Et puis tant pis si c'est pour travailler,

Moi, ça me suffit,

Je crois que c'est pour ça que je suis heureuse

Parce que la vie me suffit exactement comme elle est.

Parce que ça y est,

Je ne cherche pas ce que je n'ai pas

Pour la première fois de ma foutu existence.


J'ai rayé des choses,

Ça m'a fait du bien.

Je ne veux plus m'en vouloir.

On s'inflige parfois beaucoup par amour,

Et je crois que ça ne fait même pas du bien

Aux gens qu'on pense pourtant être en train de sauver.

J'ai dit "merci" beaucoup de fois,

J'ai demandé à l'aide,

Je m'en fous si je suis la seule à y croire,

Je sais qu'on me répond, quand je prie ;

Je n'ai pas besoin d'autre chose.

Tout simplement.

Je crois que je pourrais pleurer chaque fois que j'y pense,

C'est précieux ces larmes,

Elles disent beaucoup d'amour silencieux,

Une reconnaissance étrange,

Un parfum d'insouciance.

Ce que j'ai trouvé, on ne pourra jamais me le voler,

Je crois que c'est plus que de la paix,

C'est toute la pureté de l'espoir,

Au fond, l'espérance, c'est de l'amour pour le verbe exister.


Je crois qu'il n'y a rien de plus beau,

Le temps flotte autour de moi,

Les lucioles sont des secondes éparpillées

Dont les ailes chantonnent la vie,

Qu'il est niais, mon poème, d'un truc si réel.

C'est inexplicable comme souvent,

La douleur, ça s'efface,

Ce n'est pas que j'y crois, c'est que je le sais,

La vérité, c'est que bien souvent ça prend des années.


Je suis habitée de certitudes qui n'ont pas de sons,

J'aimerai les écrire, mais je crois qu'elles n'ont pas de formes,

Elles sont pourtant bien plus réelles que le monde entier,

Elles existent d'une manière différente,

Plus lourde et plus légère à la fois.

Elles ont tout envahies,

Comme une bouffée d'air dans les poumons.

Je sais qu'elles ne se partagent pas, alors je n'essaye pas.

Je crois que j'aime les choses qui ne se disent pas,

Elles éraflent le silence, mais il n'en démord pas,

Elles vibrent comme le son d'une voix

Mais ceux qui savent ne les prononceront pas.

Elles existent mieux ainsi,

Quand elles tendent de tous leur être vers nous,

Mais qu'on ne les entend que dans le sillage de la poésie,

J'aime qu'elles apparaissent dans l'ombre de mes mots,

Elles y bruissent tout bas des mots qui n'ont de sens que pour moi.









Poésie fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant