Espoirs fanés

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Le monde m'a mordu,

Un matin

Où j'ai cessé de croire

Que je pouvais tout

Seulement si je le voulais.

Il m'a dévisagé longuement

Comme on pleure un absent,

Et je me suis demandée

Ce qu'il était advenu

De mes rêves.


L'irréel ça nourrit l'âme, à défaut du corps,

Mais je crois que ça étouffe,

Quand l'écart se creuse,

Et qu'aux abords du vide,

On réalise

Qu'on a jeté des gestes au néant,

Et que tout ce qu'on a semé

A fané avant même de germer.


J'ai la tête creuse

Je crois qu'elle est percée

Toutes mes idées s'en sont échappées

Ils ont beau dire que par miracle

Tout me reviendra lundi prochain,

Je commence à croire que j'ai déjà échoué

Que je n'ai qu'à regarder lentement

Tout ce que j'ai visé, s'éloigner.

J'ai une angoisse affreuse au cœur

Qui m'empêche d'exister.


Je veux que tout s'arrête

Un peu d'air dans mes poumons

Par pitié, qu'on m'assène que tout ira bien,

Je veux oublier que j'ai eu tort d'espérer,

Retrouver la flamme qui me faisait rire,

Retrouver l'étincelle de poésie

Qui m'assurait que peu importe où j'irai

Elle serait toujours là pour signifier haut et fort

Que je n'ai besoin de rien d'autre pour exister.


Je suis désolée.

À la moi du futur qui pleurera,

J'aurai voulu t'épauler,

J'ai fait de mon mieux, crois-moi

Mais le mieux ne suffit pas toujours pour être heureux.

Il y a sur ton bureau, des tickets de métro qui ne serviront pas,

Quelques pièces échouées, que tu as récoltées par terre

En espérant qu'on veillerait sur toi de là-haut,

J'aurai dû veiller sur ton avenir d'en bas,

Qu'ai-je fait du temps qui s'est écoulé ?

Une année de néant.

J'aurai voulu que tu la termines heureuse, fière et confiante,

Je sais que dimanche, tu n'auras plus le goût de rien,

Je ne l'ai déjà plus,

Viens, on ferme les yeux,

On vit les prochains jours comme un trou noir,

On prend une grande aspiration et on plonge,

On oublie que le temps nous noiera,

Et on essaie de tenir minutes après minutes

Le décompte de notre angoisse.


Viens, on vit juste,

C'est déjà suffisant, as-tu répété à une amie,

Viens, on se le répètera aussi,

Je te promets qu'on en fera quelque chose de cette vie,

Même si certains espoirs doivent prendre fin,

Les fleurs reprennent toujours leur droit au beau milieu des cendres,

Elles feront émerger un peu de vitalité, même dans l'obscurité,

Et si tu dois échouer, c'est peut-être que le chemin

N'était pas celui qui devait être tracé.


Le cheminement continue toujours,

Viens, on oublie quelques instants,

Qu'on aurait aimé qu'il en soit autrement.


Que le noir nous engloutisse,

On se réveillera vendredi prochain,

Quand le train nous emportera

Auprès des bras qui accueilleront notre chagrin.

En attendant sois forte,

Les larmes ne sont pas des défaites,

Elles sont les trépignements du cœur,

Qui veut vivre encore.



Poésie fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant