Ce que j'aimerai te dire

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Voilà venus les tristes jours,

Où je n'ose même plus te rassurer,

T'encourager,

Et peut-être même t'aimer.

J'ai trop peur que mes mots

Ravivent de vieilles blessures,

Qu'ils te rappellent encore

Que si je ne suis jamais bien loin,

J'ai choisi un matin de ne plus l'être vraiment,

Et que peut-on face aux mots ?

Ils disent si bien la réalité

Surtout quand on s'entête à l'oublier.

Je crois que les miens murmureraient

Que je ne suis pas l'amie dont tu rêvais.

Je crois que le monde t'as méchamment avouer

Que je ne la serai jamais.


Alors qu'aimerai-je tant te dire

Pour vouer quelques vers à l'absence ?

Il faut bien qu'ils existent quelque part,

Ces mots que je t'aurai accordé durant des heures

Si la vie avait été autre :

Tu vas y parvenir,

Car tu en es mille fois capable,

Tu as la force de ceux qui ont souffert,

Mais la résolution de ceux qui ont poursuivi,

Tu as l'étrange présence des anciens fantômes

Ceux qu'on a trop piétiné pour qu'ils existent normalement,

Mais qui par moment percent la toile de leurs propres traumas

Et brillent d'un truc inimaginable qui n'appartient qu'à eux.


Tu vas y parvenir,

Je n'en ai pas le moindre doute,

Tu vas y parvenir,

Mais il y a encore des plaies béantes

Des silences fracassants,

Des émotions méconnues,

Et des sombres secrets

Qui t'embarrassent

Et dont tu ne sais pas te débarrasser,

Il y a encore des cris jamais retentis

Des mots jamais dits,

Des choses jamais effacées.

Et je crois par-dessus tout,

Qu'il y a des gestes que tu n'as jamais esquissé.


Je crois que si je te parlais encore,

Je ne t'écrirai pas ce qui va suivre,

Mais la distance nous offre la sincérité ;

Je crois qu'il y a des gens dont tu devrais t'éloigner,

Des jours où tu n'as pas su exister,

Car tu préférais regarder les autres le faire à ta place,

Je crois que tu avais peur, profondément peur de vivre,

Et je me demande si cette peur t'effleure encore,

Je sais qu'elle s'était cachée derrière bien d'autres,

Je me demande si tu as eu un jour conscience qu'elle te frôlait ;

L'immense et irrépressible peur d'exister.


Ce n'est pas évident d'être, quand on a longuement été détesté.

Je le sais,

Mais toi, tu l'as sûrement ressenti

Au plus profond de ta cage thoracique,

Quand ce qui aurait dû y être ; n'y était plus.

Accepte le maintenant, tu es encore en vie,

Même après tout ce qui s'est passé,

Tu es encore là,

Il n'est pas trop tard pour vivre,

Les plaines de l'angoisse sont immenses,

Mais elles ne sont pas interminables,

Les nuages du doute finissent toujours par se dissiper,

L'éclat du soleil nous revient toujours,

Mais j'ai cru un jour comprendre que tu le fuyais,

Tu n'étais pas prête à le voir briller,

Sa lumière t'aurait saccagée,

Mais tu vas y parvenir,

Un jour, elle ne te blessera plus.


Ne laisse pas les ombres te dévorer.



Et pardonne moi encore mille fois.


À M.


Poésie fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant