Pensées à rebours

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Je me rappelle m'être assise

Les yeux dans le vague

Un torrent de larmes dans la poitrine.

Et voilà que le souffle coupé

Par des atrocités

Qui brusquement

Jaillissaient à nouveau

Dans l'espace feutré

Où gisaient mes pensées,

J'étais bien incapable d'encore exister.

Je crois bien que j'étais déchirée de toute part

Par un tremblement continu qui me saccageait de l'intérieur

Sans peine, ni pitié

J'étais l'ombre que je fuyais.



"Je suis désolée"

Ai-je écrit dans quelques lettres

Que j'ai voué à celle que je serai en avril

"Je suis désolée

Je n'ai pas fait ce qu'il fallait"

Ai-je répétée la voix tremblante de sanglots

"Je suis désolée

Tu méritais mieux que moi"

Ai-je murmuré à celle que je serai en juillet,

"Je suis désolée,

Je me suis déçue moi-même"

Ai-je écrit un soir où tout semblait voué à se disloquer.


"Les larmes ne sont pas des défauts

Elles sont le trépignement du cœur

Qui veut vivre encore."

Si tu savais, comme il veut vivre, ton cœur, Lucie,

Comme il veut vivre encore et encore,

Comme il est capable de tout,

Si tu savais comme je m'en veux de t'en avoir voulu

Et à quel point tu n'as rien échoué.


L'ombre et la lumière ne pourront jamais te saccager,

Elles t'habitent, elles ornent chacun de tes gestes

De cette foutue poésie qui t'anime

De l'espoir tremblant

De la vie vacillante qui te charme,

De la joie sauvage, de la mélancolie suave que tu chéris.

Si tu savais comme vivre a perdu ses allures de morsures

Tu pourrais enfin sourire de ces inquiétudes vouées à flétrir.

Si tu savais comme aujourd'hui tu as le pas léger,

Pourrais-tu mieux respirer ?

Quelques pensées à rebours pour t'apaiser,

Tout ira bien, je te le promets.


Pourras-tu à présent sourire ?

Nous avons, je crois, quelques espoirs à laisser refleurir,

Quelques après-midi à Paris,

Où nous pourrions, si le cœur t'en dit,

Tenter d'exister

Exactement

Comme nous le souhaitons depuis quelques années.

Il est trop tôt pour renoncer,

Encore temps de faire de son mieux,

Rouvre les yeux,

Le décompte est fini

Tu peux cesser de vivre en apnée,

Le verdict n'est pas tombé

Mais tu peux déjà être si fière de la manière que tu as d'exister.


Et si les couleurs fanent encore,

N'oublie pas qu'elles étincellent sur les ailes des papillons,

Les surnoms des parents ne sont pas sans raison, butterfly.

En réalité, tout ce dont tu as besoin, ne te quittera jamais.


(Les écrits des concours se sont bien passés finalement)




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