Relis-moi en juin

55 13 16
                                    

(c'est un poème épistolaire à moi-même)


Tout va changer,

Je crois que toi et moi,

On ne peut plus le nier.

Tout a déjà changé quelque part.

Tout change en permanence,

Dirait ce foutu Bergson,

Tout a commencé par ce livre, il y a cinq ans,

Il fallait bien le relire avant de se lancer

Dans les trois copies qui détermineront ta vie.

Je n'ai pas peur étrangement,

Je crois que j'ai Leibniz pour m'assurer que tout ira bien,

Et Nietzsche pour me rappeler que tout n'est que tentative,

Je ne sais pas trop ce qu'elle veut affirmer ma volonté de puissance

Mais pour une fois, je ne peux nier qu'elle existe,

Je veux juste réussir,

Peu importe tout ce qui s'en suivra

De bien plus effrayant que trois pauvres jours

Où je ne verrai même pas le temps passé,

Tant j'aurai le nez sur mes feuilles

Et mes pensées hantées par tous ces philosophes

À qui j'ai décidé de vouer la seule chose que je possède vraiment :

Une existence.


Je suis encore un bébé, ont dit les bras de papa, en décembre,

Et je le serai toujours, ont renchérit ceux de maman,

Je ne pourrais jamais écrire plus juste.

J'en pleure de vérité.

On devient fous dans les bibliothèques de philo,

Ça, ce sont leur sourire qui le disent quand je parle un peu trop.

L'amour, ça se dit sans les mots,

Ça tinte dans leur voix quand je les appelle,

Que maman s'inquiète trop et que papa ne s'inquiète pas un seul instant,

Je n'ai pas besoin d'autre chose,

Je n'aurai jamais besoin d'autre chose,

J'ai déjà tout accompli,

Parce qu'ils aiment l'adulte autant que l'enfant.

C'est tout ce qu'il fallait que je t'écrive à l'aube de ta vie.


L'échec ce n'est qu'un point de vue,

La réussite aussi,

Certains te diront qu'ils ont tout gagné,

Ils n'auront jamais rien compris

Et puis, il y aura ceux qui douteront toujours d'eux,

Peu importe tout ce qui s'amoncèle

Dans leurs poches ou leur esprit.

Le cœur vide, on tourne en rond,

On finit tous par le comprendre à notre façon.

Je crois que les hypersensibles n'ont pas le cœur grand, mais plein

De vie, d'espoir, de rêve, de ce truc étrange qu'elle a nommé luciole,

Peut-être aussi d'incertitudes, de déchirements et de mélancolie suave.

Nous nous avons toujours eu le cœur plein d'étrange,

D'un truc un peu sauvage et pourtant si doux,

La sincérité n'est pas toujours sage,

Mais pouvons-nous seulement existé autrement ?


Ce qui m'anime ne se comprends pas,

Mais je crois que cela hante chacun de nos poèmes,

Je voulais que tout cela resplendisse une dernière fois,

Avant que les jours nous avalent,

Et ne me fasse parvenir jusqu'à toi,

Relis-moi dans six mois te murmure mon poème

Gardien de papier de qui je voulais être :

Interprète de la poésie du monde.

Je n'ai pas besoin que qui ce soit t'en juge capable,

Tu sais déjà écrire.

Et nous n'avons jamais rien voulu d'autre.


Ils ne te voleront pas tes mots, ils font trop partie de toi.

Les gens comme toi ne savent pas échouer,

Ils recommencent autant de fois qu'il le faut

Car ils aiment vivre, que ça trépigne ou sanglote dans le cœur.

Alors, dans six mois, qu'y a-t-il à réinventer ?


Poésie fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant