Poésie fugitive

Le secret du verbe vivre

Il y a toutes ces voix qui frémissent au fond de toi,

À tout âge confondu

Elles chantent toute ta détresse,

Et certaines vibrent d'une joie incertaine,

De ce quelque chose qui t'habite,

Qui te fait être toi,

Que tu oublies parfois,

Mais qui ne peut s'éloigner,

Ce que tu as perdu, tu peux le retrouver,

Intact ?

Non, aucun être humain ne saurait l'être,

Nous sommes constitués de brisures et d'éclats,

Nous sommes la tranquillité sauvage de nos apprentissages,

Nous sommes l'espoir suave de jours meilleurs

Et la mélancolie triste de jours passés

Nous sommes l'absence et la présence, constamment,

Prisonniers de nos têtes, nos idées, nos souvenirs, nos hontes

Prisonniers de nos doutes, nos désirs, nos qualités et nos défauts,

Et si nous apprenions à habiter en nous, plutôt qu'à vouloir en partir ?

Écoute les,

Toutes ces voix,

Entends leurs gémissements,

Leur colère,

Leur douleur

Leur absence

Et tout ce qui les trouble

Soigne les,

Une par une

Autant de temps qu'il le faudra

Apprivoise les multiples toi

Qui se sont succédé dans ton cœur

Et y ont apposé la marque

Des pires et des meilleures années de ta vie.

Ce sont elles qui savent ce qui ne va pas,

Ce sont elles qui savent ce qu'il leur faut,

Ce sont elles qui sont toi,

Le toi que tu ne veux pas voir,

Le toi que tu ne peux pas voir

Le toi avec lequel tu as profondément besoin de renouer.

Comment vivre sans s'écouter, sans s'aimer, sans se connaître ?

Comment vivre quand tout vrille, quand tout s'effondre, quand tout nous quitte ?

Les miracles n'existent pas, la joie ne vient pas d'ailleurs, elle a toujours été là,

Si tout t'épuise, c'est que tout doit changer,

Le malheur c'est du bonheur avorté,

De la joie que la vie ne laisse pas exister,

À toi de tordre cette existence qui te torture,

Ceux qui regardent à l'ouest, ne voit pas le soleil se lever,

Faut-il en conclure qu'il leur faille se retourner

Eux qui pourraient sentir les rayons du soleil dans leur dos