La presqu'île

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C'était il y a un an maintenant,

Et si les souvenirs s'écoulent comme de l'eau

Les émotions en tombent goutte à goutte

Et depuis longtemps déjà

Percent mon cœur

De leurs stalactites tenaces.


Il ne neigeait pas en ce mois de janvier

Mais il faisait froid,

Quelques pas sur la plage ;

Je me sens si loin de toi.

La lumière ce jour-là n'était pareille à aucune autre,

Le soleil s'affalait sur le rivage,

Et nous regardions le monde en silence.

Je me demande à quoi tu pensais,

Moi, qui ne le saurai plus jamais.


J'aime comme une tornade,

Fort et jamais bien longtemps,

Ai-je répété à tue-tête durant des années.

Tu me prouves tous les jours que j'avais tort,

Toi, que j'aimais d'amitié et que je n'oublierai jamais.

Je t'ai sans doute chéri bien plus

Que tous les hommes qui m'ont tenue dans leurs bras.

Mais que veux-tu... là où je vais, je ne reste pas,

Je suis bien incapable de croire qu'on tient à moi,

Dans le néant de nos actes, on se retrouvera,

Dans le triste espace où on regrettera

Les rires d'autrefois.


Qu'a-t-on laissé là-bas ?

Les rivages de la baie

Sont des sabliers brisés,

Nous y avons dispersé

Nos voix

L'écho de nos doutes

Et tous les mots qu'on ne se disait pas.

Nous y avons distillé nos craintes,

Nos visages tremblants,

Notre adolescence commune,

Et puis, peut-être entre deux rochers,

Tout l'amour de notre amitié.


Que me reste-t-il de toi ?


Quelques pensées.


Le temps nous a dispersé

Comme les nuages ce soir-là,

La vie nous a éloignées,

Sûrement le lui ai-je demandé

Une nuit où j'avais mal d'exister,

Sûrement m'en as-tu voulu,

Un jour où tu as cessé d'espérer

Que le temps efface

Les empreintes de mes doutes

Comme le vent sur le sable

A nié notre passage

Sur la presqu'île.


M'as-tu presqu'oubliée ?

Presqu'pardonnée ?

Presqu'haïe ?


Moi qui un jour

Ai cru

Qu'on était presqu'amies

Mais qu'on ne le serait jamais vraiment.


Poésie fugitiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant