La 3ème Congrégation

Chapitre 5

— Je voulais rappeler aussi que vous êtes en sécurité ici. Vos intendants sont là pour vous écouter, alors n'hésitez pas à vous confier à eux. Durant la Formation de la Deuxième Congrégation, nous n'avons pas pu empêcher l'un de vos prédécesseurs de commettre l'irréparable. Nous savons que certains d'entre vous êtes sensibles à ce tragique événement. Nous nous efforcerons donc d'être disponible au maximum pour vous afin d'éviter un nouvel accident de ce genre. Je clôture ainsi la cérémonie d'entrée et vous a tous une très belle fin d'après-midi. Merci à tous !

La cérémonie d'entrée est terminée. Dimitris Silva nous souhaite à tous une très bonne soirée et disparaît avant que la foule ne se disperse. Les intendants tendent tous leur main vers le haut pour se manifester et rassembler les novices de leur Ordre. Je reste quelques secondes assise sur mon siège, ailleurs, ne percevant plus les autres autour de moi. Je ne savais pas qu'il allait évoquer Nikolaï. Sans le nommer, je sais qu'il parlait de lui, et ça me tourmente un peu. Les émotions se mélangent en moi me laissant confuse le temps de quelques instants.

Un accident. Le fait qu'il ait qualifié cela d'un accident ne me met pas à l'aise. Parce que je suis quasiment sûre que ce n'est pas le cas.

— Les Archers ! Par ici ! nous interpelle Larsen une fois qu'on est à l'extérieur, et qu'on a récupéré nos valises.

Il commence alors sans plus attendre à se lancer dans une longue marche, sûrement pour rejoindre le bâtiment réservés pour notre Ordre. Voyant que les autres novices tardent à le rattraper, j'accélère mon pas pour le rejoindre. Je peux donc lui parler sans crainte d'être entendue.

Et, je compte bien avoir des explications.

— « Larsen Stanov ». A la vue de la consonance de ton nom, j'en déduis que tu es originaire de ma région. Il y a d'autres choses sur toi que tu as omis de me dire chez Ota ? je lance avec désinvolture.

Larsen continue de marcher d'un bon pas, fixant droit devant lui. Il laisse échapper un petit ricanement avant de répondre.

— J'ai grandi près de Nelbel, c'est vrai. Mes parents possédaient une ferme dans un village située au sud cette dernière.

— Trêve de plaisanterie. Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fais ici ? je tranche froidement.

— Doucement, petite fée. Ce n'est pas avec agressivité que l'on convainc ses interlocuteurs de partager leurs plus lourds secrets, me sourit-il, avec provocation.

Sauf que je n'ai pas du tout envie moi de sourire. Je sais qu'il est en position de force et je ne veux pas qu'il s'en serve contre moi. Je croise les bras que ma poitrine.

— Donc, tu travailles ici.

— Eh oui. C'est pour ça que j'aurais été pour toi l'allié idéal.

Je secoue la tête.

— Je n'ai pas besoin d'allié, je te l'ai déjà dit.

Le jeune homme m'adresse alors un regard mystérieux et suggestif qui me fait frissonner.

— Mais, si tu es venue me parler c'est bien pour une raison. C'est pour savoir si je te balancerai aux formateurs.

—...

Je me crispe alors. Larsen lit sur les traits de mon visage mon angoisse évidente. Il laisse planer un silence déstabilisant avant de finalement répondre, en toute détente.

— Tu peux rester tranquille, petite fée. Je garderai ton secret.

Cela me semble trop facile. Ce type, je ne le sens pas. Son énergie semble sombre. Je ne peux pas lui faire confiance. Dans ce monde, on n'a rien sans rien.