Chapitre 9

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Lundi est rapidement arrivé. Le premier jour officiel de la Formation de la Troisième Congrégation.

Le lundi, la journée est banalisée le matin pour nos cours magistraux qui s'organisent sous forme de conférence. Aujourd'hui, c'est le formateur des Chevaliers qui l'initie. Il s'appelle Adriel Blanc, est âgé d'une petite soixantaine d'année, pas très grand, grisonnant mais particulièrement bien bâti. C'est à la taille des muscles qu'on reconnaît les Chevaliers, visiblement. Il est déjà installée dans l'amphithéâtre, commençant à organiser ses affaires sur le bureau central. Sinan est plus rapide que moi, et parvient à se faufiler dans la foule. Il se dirige vers le premier rang, pour nous prendre deux places, mais au moment où il s'apprête à poser ses affaires, Taniel et ses nouveau potes Chevaliers qui font deux têtes de plus que lui et qui sont bâtis comme des armoires balancent leur sac sur les places qu'il convoitait, commençant déjà à s'installer là où on aurait dû le faire.

— Qu'est-ce t'as, morveux ? Tu vas rester planter là longtemps ? l'interpelle Taniel, en lui adressant un regard intimidant.

Sinan, seul contre une armée de Chevaliers arrogants qui ne lâcheront visiblement pas, et déterminés à lui faire payer son insolence à la soirée de samedi, lève les yeux au ciel, en grommelant.

On n'a pas le temps de réfléchir que les meilleures places sont prises d'assaut par tout le groupe de Taniel, entouré par des groupies de Fées, y compris Delilah qui s'assoit fièrement à côté de lui.

— Ça, c'est classe, j'interpelle alors le Chevalier sur son comportement.

Taniel m'accorde un regard de dédain.

— Qu'est-ce que t'as, blondasse, à faire des petits commentaires ? Ces places sont réservées pour nous.

Son petit air suffisant et son visage d'ange parfait me sont jute insupportables. Je lui adresse un sourire volontairement ironique et exagéré pour le provoquer du regard.

— Oh, vraiment ?

— C'est comme ça, et va falloir t'habituer.

Je comprends rapidement qu'il ne plaisante pas. Sous les ricanements de ses collègues, je décide de tourner les talons et d'aller m'asseoir plus haut. En temps normal je l'aurais défié davantage, mais je ne peux pas me permettre de me faire remarquer de cette manière.

Même dans l'amphithéâtre, tout semble codifier. Chaque Ordre occupe un espace qui lui est particulièrement attribué. Les Chevaliers et les Fées devant, aux meilleures places, les Sorciers davantage derrière, et enfin les Archers, là où il reste de la place. Et, on sait très bien que les étudiants ne changent pas de place au cours de l'année dans les amphithéâtres. Ils occupent tous la même, faisant comprendre à ceux qui la convoitent, que leur désir ne sera pas réalité. C'est comme ça. Alors que je sors mes affaires, j'entends siffler derrière moi comme si on venait de m'interpeller. Je me retourne.

C'est Vrenn, accompagné de Sierra et de Max, qu'on avait rencontrés à la soirée « d'intégration », qui n'était définivement qu'une soirée d'exclusion pour les Archers.

Je leur fait un signe de la main mais n'engage pas la conversation. La bande à l'air assez rebelle de ce que j'ai pu observer. Au vu de leurs idées, je leur laisse un mois maximum avant de se faire virer. Même s'ils ont raison sur beaucoup de points, il ne faut pas que les formateurs m'assimilent à eux. Ici, toute relation entreprise avec quelqu'un est à contrôler. Je dois faire très attention à l'image que je peux renvoyer. Et, il ne faut absolument que je sois catégorisée comme appartenant au groupe des rebelles. Sinon, ma couverture est fichue.

Le cours d'Adriel Blanc porte sur l'histoire des Congrégations. Je remarque déjà qu'il oriente son discours en faveur des Chevaliers. Et ce n'est pas si étonnant. D'autant plus que je semble m'apercevoir qu'il donne la parole davantage aux novices de son Ordre, n'interrogeant à aucun moment les Archers qui lèvent à la main. Il ne m'est pas plus sympathique que ça, autant que son cours est intéressant. Je reste là à prendre machinalement des notes, tout en essayant de me rappeler ce que j'ai lu sur lui à travers les lettres de Nikolaï et les articles de la presse. Ils ne disent pas grand chose de lui, à part que c'est un bon entraîneur, pertinent mais stricte. Nikolaï ne semble pas avoir entretenu de rapport particulier, d'après ses lettres, même si je garde en tête qu'il se pourrait qu'il ne m'ait pas tout raconté dedans.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now