Chapitre 7

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Anita,
Je suis bien arrivé au Camp d'Otrance. Bien que je suis noyé dans un flot d'excitation face à ce commencement, je pense continuellement à toi. Je t'écris ainsi cette lettre juste après la présentation de bienvenue pour te partager mes émotions.
Dimitris Silva est encore plus impressionnant en vrai qu'en photo. Tu crois que je pourrais lui adresser la parole pour lui demander un autographe ? Il semble tellement inaccessible... J'ai si hâte de commencer les cours, si tu savais ! Tout est si beau ici, les locaux, les jardins... J'aimerais tellement que tu sois là avec moi. Je te promets qu'un jour, je te ferais découvrir cet endroit merveilleux.
J'espère que tu arrives à supporter toute seule Madame Olga. Je sais que ce n'est pas facile.
Avec tout l'amour que j'ai pour toi,
Nikolaï.



~*~



C'était la première lettre que j'ai reçue de lui. Ses lettres ont été nombreuses et m'ont redonné espoir, durant ces longues années séparées de lui. Mais, je n'ai jamais eu la satisfaction de le retrouver après tous mes efforts.

Le but de mon infiltration est de me faire passer pour l'élève la plus banale possible. Alors, que ferait une simple novice ? Elle se rendrait à la soirée d'intégration prévue ce soir.

Je suis assez curieuse quant à cet événement. Cela me permettra de cerner la personnalité de mes camarades et d'en apprendre plus sur le Camp. Si ce sont davantage les Formateurs et les professeurs qui m'intéressent, il reste tout de même pertinent de connaître ses semblables pour mieux me fondre parmi eux. Je ne suis pas là pour me faire des amis, c'est vrai, mais rester seule peut devenir rapidement suspect. On se méfie beaucoup plus de quelqu'un qui l'est plutôt que de quelqu'un de sociable et qui parle tellement qu'on a l'impression qu'on peut directement le percer à jour. Mon but ce n'est absolument pas t'attirer l'attention, hormis peut-être celle de Dimitris Silva. Mais tout devra se faire en subtilité.

Je décide juste de changer de haut pour la soirée, enfilant un crop top noir à paillette qui fait plutôt fête, et relève mes longs cheveux blonds en chignon.

Le Camp d'Otrance ce situe plein Sud de Nauphela. La température n'a donc rien à voir à celle de Nelbel, qui peut être extrême durant les hivers. Je range mes dossiers dans leur pochette et la cache sous mon matelas, avant de sortir de ma tente, prenant dans un petit sac mes objets de valeur. Évidemment, je n'ai pas confiance en le petit cadenas qui scelle la fermeture éclair. Cela aurait été plus simple si on nous avait admis dans de vraies chambres. Je me demande si la situation est temporaire.

Depuis le domaine des Archers, ont entend déjà la musique retentir, provenant très certainement du hangar de la partie centre du camp, dans lequel se passe la fête.

La crépuscule a déjà pointé le bout de son nez. Ici, la nuit tombe tôt, aux alentours de dix-huit heures. Je remarque que l'éclairage se densifie à mesure qu'on s'approche du centre. Dans le domaine des Archers, on remarque rapidement qu'il fait sombre. Pour me repérer, j'ai même dû utiliser une lampe de poche miniature. Encore un signe des inégalités entre les Ordres. J'ignorais que le Gouvernement manquait à ce point d'argent. Restreindre l'électricité et les travaux leur permet sans doute de faire des économies, comme c'est eux qui financent intégralement la Formation.

— Hey, dossard numéro 22 !

Une voix masculine vient de m'interpeller derrière moi. Je ralentis et me retourne.

— Tiens tiens...Voilà l'Archer le plus insolent de toute la Congrégation.

— Je le prends pour un compliment. Tu te rends à la fête ? me demande Sinan.

La 3ème Congrégation Où les histoires vivent. Découvrez maintenant