La 3ème Congrégation

Chapitre 19

Nikolaï toqua à la porte du bureau du Directeur de la Formation de la Troisième Congrégation. Toute sa nervosité se fit ressentir en moi. C'était comme si je pouvais avoir accès à ses pensées.

— Entrez.

La voix de Dimitris Silva tonna alors à travers la lourde porte qui séparait Nikolaï du bureau. Ce dernier prit une grande inspiration et empoigna la poignée pour ouvrir la porte.

Silva était là, confortablement assis sur son large fauteuil, une plume à la main, en train d'écrire sur une feuille de papier noble. Il ne leva pas tout de suite les yeux, continuant sa tâche comme s'il n'avait pas vu arriver le garçon.

Nikolaï, mal à l'aise, fit quelques pas pour se présenter au directeur, et toussota pour signifier de plus belle sa présence.

— Vous vouliez me recevoir, Monsieur.

Silva plia le papier sur lequel il venait d'écrire et l'inséra dans une enveloppe qu'il scella à la cire. Il accorda enfin un regard au nouveau venu.

— Assis-toi, prend tes aises, répliqua le Directeur, d'un ton neutre désignant de sa main le fauteuil juste en face de son bureau.

Nikolaï fut surpris du tutoiement qu'il venait d'employer à son égard. Mais, il ne le releva pas. Silva paraissait étrangement plus familier, plus calme et sympa. Il s'assit en face du Chevalier, posant nerveusement ses mains sur ses genoux, silencieux, attendant que l'homme poursuive la conversation.

— Tu veux boire quelque chose ?

Le garçon secoua la tête, restant sur la réserve.

— Non, merci.

— Rien ? Tu es sûr ?

Nikolaï mal à l'aise, ne put répondre favorablement à sa proposition, n'attendant qu'une chose, c'est de savoir pourquoi il voulait le voir.

— Monsieur... pourquoi m'avoir fait venir ? De quoi vouliez-vous me parler ?

Silva s'adossa alors contre le dossier de son immense fauteuil et dévisagea Nikolaï d'un regard soutenu, comme pour l'analyser. Nikolaï essaya de le soutenir, mais il fut toujours autant mal à l'aise. Il pensait que Silva le sanctionnerait pour son comportement désinvolte de la veille. Cependant, sont amicalité lui fit penser que cela n'allait pas être le cas, et il ne comprenait pas vraiment pourquoi.

— Comment se sont passés tes premiers jours ici, Nikolaï ?

— Les locaux sont absolument magnifiques et les professeurs très compétents. C'est agréable d'étudier dans ces conditions-là.

Silva secoua la tête.

— Tu n'as pas répondu à la question. Comment ce sont passés tes premiers jours ? réitéra-t-il, en plantant avec plus d'insistance son regard dans des yeux bleus.

Nikolaï frissonna. Mal à l'aise, il évita ce dernier, et fixa ses mains légèrement tremblantes.

— Pas très bien, Monsieur.

Silva hocha doucement la tête et laissa quelques secondes pesantes de silences avant de poursuivre.

— Tu n'es plus sûr de poursuivre la Formation ?

Nikolaï avait toujours en tête les raisons de sa venue. Il était pleinement conscient de la chance qu'il avait d'être là.

— Je la poursuivrai jusqu'à la fin. Ma motivation reste intacte. Je veux aller jusqu'au bout. Ce sont les objectifs que je me suis fixés. C'est bien plus qu'un rêve de gamin, vous pouvez le croire, répliqua avec assurance le garçon.