Chapitre 20

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Le Camp d'Otrance est immense. Et bien qu'on s'approche de l'hiver, il fait encore chaud. Situé au Sud de Nauphela, le climat a rien à voir avec celui de Nelbel où le froid est une habitude. On peut encore profiter l'après midi de chaleurs estivales.

Au fin fond du camp d'Otrance, on trouve une zone de tir désaffectée. Elle n'est plus entretenue faute de moyen, mais elle reste très intéressante pour ceux qui veulent s'entraîner, parce qu'elle est grande, perdue entre les champs, et souvent dépeuplées.

Larsen est là, son arc à la main, situés à quelques dizaines de mètres des cibles, à tirer vers ces dernières.

La barrière empêche l'accès aux champs de blés dans lesquels se trouvent Larsen et les cibles rouillées par les intempéries, mais qui tiennent par miracle encore debout. Je m'appuie alors derrière cette barrière contemplant la scène. Étrangement, voir Larsen tirer m'apaise.

Ses tirs sont parfaitement exécutés. Ils est évident qu'il a de véritable compétence en la matière. Bien plus que moi, ce qui n'est pas étonnant quand on sait qu'il est Archer et que je n'en suis pas un. J'ai l'impression qu'il a fait ça toute sa vie. J'aurais pu le regarder tirer pendant des heures. Le vent est un peu frais, mais agréable. Il souffle considérablement, balayant les cheveux de nos visages. C'est un bel après-midi.

J'interpelle alors Larsen.

— Quel gâchis de te voir intendant quand on voit avec quelle précision tu sais tirer.

Le jeune homme se retourne, surpris de me voir ici, dans ce coin reculé du Camp.

— Tirer pour le plaisir est parfois plus satisfaisant que le faire pour le travail, me répond-il en s'avançant vers moi pour me saluer.

Je hausse alors les épaules, acquiesçant.

— Sans doute. Tu viens souvent ici ?

Larsen hoche la tête, attrape la bouteille d'eau posée par terre avant de boire à grande gorgée. Il finit enfin par me répondre.

— J'aime cet endroit. Un des seuls du camps qui reste encore désertique en pleine journée.

Et, ce n'est pas étonnant qu'il le soit. Cette partie du terrain n'est plus entretenue. Elle est laissée à l'abandon sûrement depuis quelques années pour manque de moyens. Mais, elle permet au moins d'accueillir ses visiteurs dans un calme apaisant.

— C'est donc là que tu te caches pour penser tes plans sournois, je réplique avec un soupçon de sarcasme dans la voix.

Larsen s'étire et ramasse son arc, s'apprêtant à poursuivre sa séance de tir.

— Je ne me cache pas. Regardes : tu m'as trouvé.

Je laisse échapper un petit rire.

— Oh, en réalité je ne te cherchais pas.

— Ah oui ? Alors, forcé de constater que nos chemins se croisent définitivement bien souvent, réplique-t-il en positionnant une flèche sur son arc, avant de le brandir.

Larsen se concentre, vise d'un œil le centre de la cible. Sa flèche parvient au centre même de la surface, d'une vitesse déconcertante.

— D'accord, je plaide coupable. En réalité je te cherchais.

— J'ignorai que je suscitais autant d'intérêt pour toi, me répond-il en faisant à son tour preuve de sarcasme.

Je pose un pied sur la barrière, l'escalade, pour me retourner de l'autre côté.

— Qui es-tu Larsen Stanov ?

Larsen récupère une autre flèche, qu'il fait glisser le long de son arc, sans prendre la peine de se retourner vers moi.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now