Chapitre 21

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|Zahhak|



Plusieurs années auparavant...

Ça faisait maintenant quelques semaines que Zahhak avait été envoyé dans le foyer sous haute surveillance pour jeunes sorciers dangereux.

Ces premières semaines avaient été un véritable cauchemar pour lui. Zahhak n'avait pas sa place ici. Il n'était ni violent, ni délinquant. C'était un petit garçon timide et peu sociable qui n'aimait pas les conflits. Les enfants Sorciers qui logeaient avec lui dans le foyer étaient d'un tout autre profil. Tous avaient été envoyés ici  pour des actes de violence, et un usage dangereux et abusif de leurs pouvoirs. Zahhak avait donc de grosses difficultés à s'intégrer. Pourtant, être seul n'était pas un problème pour lui, c'était même un luxe à côté de ce qu'il subissait. Les autres jeunes ne lui laissaient aucun moment de répit. Il était devenu la bête noir des autres, subissant des crasses toutes plus humiliantes les unes que les autres. C'était bien plus qu'un harcèlement qu'il vivait, c'était un acharnement. Il aurait voulu se défendre, mais la seule façon qu'il avait de le faire était par l'utilisation de ses pouvoirs, qu'on lui interdisait. Ainsi, il ne pouvait pas en faire usage, de peur que ce soient les éducateurs qui lui fassent à leur tour la misère.

Athanasia était la leader du groupe. C'était une enfant d'un an plus âgée que lui, de onze ans, les cheveux colorés en rose. Elle avait le pouvoir de contrôler les serpents, de les faire apparaître, de les faire disparaître. Elle avait usé à plusieurs reprise de ce dernier pour l'humilier devant les autres enfants. Elle était véritablement impitoyable. Zahhak n'avait jamais connu quelqu'un d'aussi méchant. Il en avait terriblement peur.

Il eut un jour qui le marqua profondément. Ce jour-là, les éducateurs étaient occupés à préparer le repas de la fête de l'hiver avec d'autres enfants. La fête de l'hiver est la fête la plus importante de Nauphela, rendant hommage à l'unicité des familles. Cette dernière n'avait véritablement pas de sens pour les enfants de foyers qui étaient orphelins ou qui avaient été séparés des leurs. Ce jour-là, Zahhak avait passé un certain temps à jouer du piano dans la salle de jeu, seul. Il n'avait que quelques bases, mais se souvenait d'une mélodie que son père lui avait apprise. Il la répétait en boucle. C'était une manière de ne pas oublier le souvenir de ce dernier qui lui manquait terriblement, de qui il avait été injustement arraché, et qu'il n'avait pas revu depuis le drame.

Athanasia a surgi avec les autres jeunes mettant fin à son petit moment de tranquillité.

— Pourquoi tu joues comme ça ? Ça nous casse les oreilles. Tu crois que c'est beau ? s'exclama-t-elle avec hargne.

Zahhak ne répondit pas. Il se leva du piano pour sortir de la pièce, afin de fuir le conflit.

La jeune fille l'attrapa par le haut du t-shirt pour l'immobiliser et lui barra le passage. Elle était bien plus grande que lui, lui qui était à cet âge-là encore très maigre et chétif. Zahhak était terrifié par cette Athanasia. Il avait compris qu'en lui répondant le moins possible, il avait moins de chance de se faire frapper ou humilier par les autres enfants. Et, c'est ce qu'il fit encore aujourd'hui. Il se tut, évitant tout regard avec la terreur qu'était cette fille, priant pour que ce moment ne soit pas trop long et ne débouche pas sur des violences.

— Tu vas où comme ça ?

Zahhak fixa ses chaussures, tout penaud.

— Je vais prendre ma douche. Il va se faire tard.

— Tu vas prendre ta douche ? Très bien. C'est ce que tu vas faire.

Athanasia fit un signe à deux garçons déjà bien costauds pour leur jeune âge, qui empoignèrent le petit garçon et le traînèrent de force jusque dans la salle de bain. Ses cris ne les dissuadaient pas de continuer leur sombre plan. Ils le poussèrent dans la douche, attrapèrent le pommeau et l'aspergèrent d'un jet glacé.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now