Chapitre 27

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|Zahhak|

Des années auparavant...

Zahhak ne parvenait toujours pas à s'acclimater à l'environnement de son foyer. Athanasia et les autres enfants lui faisaient toujours vivre un enfer, le traitant de menteur quand il prétendait qu'il était bel et bien un Vulnatum.

Zahhak n'avait toujours pas pu voir son père. Jocelyn Bonerre, sa référente, lui affirmait que ce dernier ne voulait pas le voir. Zahhak ne la croyait toujours pas, mais il subsistait tout de même des doutes à son égard. Il savait que son père était accusé de crimes très graves, de complots contre le gouvernement, d'extorsion, de contrebande d'objets magiques. Elle lui disait même qu'il avait sans doute tué certaines personnes. Zahhak connaissait son père. Il savait qu'il était incapable de tuer qui que soit. C'était d'ailleurs lui qui lui avait appris à tempérer ses pouvoirs. Il savait qu'en capacité de Vulnatum, son fils pourrait un jour tuer quelqu'un. Tuer pour un Vulnatum est d'une simplicité déconcertante. Zahhak n'a qu'à claquer des doigts pour faire des ravages.

Mais, son père lui avait toujours appris à canaliser ses pulsions. Il lui avait appris que tuer était interdit, que c'était une chose très grave qu'il ne fallait jamais faire. Zahhak écoutait attentivement les leçons de son père. Il avait appris à refouler son envie de décharger ses pulsions agressives. Zahhak pourrait être très dangereux s'il n'apprenait pas à les canaliser. Le père de Zahhak lui avait donc appris à le faire. L'enfant avait grandi dans un environnement sain qui avait pu lui instaurer un cadre. Il avait été un garçon équilibré, sachant maîtriser les interdits face auxquels il était confronté.

Mais que pourrait-il arriver dorénavant qu'il ne pouvait plus profiter de ce cadre-ci ? Zahhak deviendrait un jour adolescent et ses pulsions agressives, comme tous les adolescents, remonterons à la surface. Parviendrait-il à les maîtriser ?

D'autant plus que jour après jour, on lui dressait le pire portrait de son père. Peut-être allait-il finir par croire tout ce qu'on disait sur lui. Et le risque était que tout ce que son père lui avait appris depuis sa naissance soit remis en question par le petit garçon. Si son père était un meurtrier comme ils le prétendaient, tout ce qu'il lui avait enseigné n'avait plus de sens.

Zahhak se souvient très bien de ce jour-là.

Il sortait de l'école, et s'apprêtait à rentrer à pied, seul. Il était autorisé à le faire comme les enfants les plus sages, puisqu'il avait montré qu'il ne semait pas le trouble, et qu'il suivait correctement les ordres de ses éducateurs. Dans le foyers de Zahhak, des libertés étaient données, à mesure que les enfants devenaient dociles.

C'est alors qu'il vit se dresser devant lui, dans une ruelle peu animée, un homme qu'il avait connu durant la première partie de son enfance. Un homme qu'il avait affectionné tout autant que son père, Rupen Agon.

Rupen avait été un ami fidèle de son père. Il était aussi la dernière personne que Zahhak avait vu avant de se faire enlever par l'armée. Il avait couru derrière la camionnette lui criant qui viendrait le chercher.

Le voilà ce ce jour-là devant lui. Rupen ne s'était pas attendu à le voir. Ce n'était pas qu'il avait commencé à faire le deuil de son ancienne vie, mais il pensait qu'il ne serait jamais amené à le rencontrer de nouveau. Il ne savait même pas s'il avait survécu à l'attaque. Visiblement si, s'il était là. Mais Rupen était un Archer. Ce n'était pas lui que le Gouvernement traquait, mais bien les Sorciers Dissidents comme son père, contrebandiers d'objets magiques.

La 3ème Congrégation Место, где живут истории. Откройте их для себя