Chapitre 26

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Ce week-end, je ressens le besoin de m'éloigner du Camp, de me prévoir un après-midi loin de la Formation, loin des stratégies, loin des autres étudiants. Tout ce rythme est éprouvant. Me retrouver seule avec moi-même me permettra de me reposer pour repartir de plus belle.

A l'Est d'Akasas, il y a une patinoire. Alors, c'est peu commun dans les villes du sud de trouver des patinoires, mais il y en a bien une là-bas, peut-être même la seule de la région. Je compte donc profiter une bonne partie de ma journée là-bas.

Je patine depuis l'âge de cinq ans. Une des rares choses que Madame Olga m'autorisait à faire. A Nelbel, patiner est très commun, et devient même indispensable l'hiver pour se déplacer, quand les lacs et les sols se mettent à geler. Madame Olga nous envoyait Nikolaï et moi chez un professeur de patinage, afin d'avoir quelques heures de tranquillité, sans enfants dans les pattes. Je me souviens encore de son prénom. Carl. Carl était un jeune homme passionnés qui aimait transmettre son goût pour l'artistique de cette activité. On se retrouvait tous les mercredi avec d'autres enfants du village à apprendre de nouvelles techniques. Je garde un bon souvenir de ces moments. Et des bons moments, il y en a eu très peu à cette période de ma vie.

J'ai gardé cette habitude de patiner. Ça m'aide à me vider la tête, à penser à rien d'autre qu'aux lames de mes patins glisser sur la glace. Depuis que je suis au Camp d'Otrance, je n'ai pas eu l'occasion d'en faire. Aujourd'hui est donc une très bonne occasion.

La patinoire située à la périphérie Est d'Akasas ne ressemble en rien aux endroits dans lesquels on s'exerçait à Nelbel. C'est une patinoire artificielle, ancienne et en mauvais état. Mais, elle fera l'affaire. J'enfile mes patins d'adolescente dont je n'ai pu me séparer, serre les lacets et avance clopin-clopant des vestiaires à la glace.

Ça fait un bon moment que je n'ai pas patiné, donc je fais très attention. Alors que j'enjambe la marche séparant la glace de la surface en bois amenant aux vestiaire, et que je fixe mes pieds pour ne pas chuter ou me tordre la cheville, prêt à m'élancer, un patineur glissant à toutes vitesse sur la glace et que je n'avais pas vu venir tellement j'étais préoccupée par mes pieds me percute violemment. Je tombe alors quelques mètres plus loin, me fracassant le bras contre la surface glacée.

Il ne peut pas regarder où il patine cet imbécile ?

Je pose rapidement mes mains sur la glace pour me relever, mais comme je suis assise dorénavant sur les fesses, je ne parviens pas à le faire.

Je lève les yeux pour assassiner du regard le type qui vient et de me renverser et pour passer mes nerfs sur lui, mais me calme subitement quand je reconnais le visage de ce dernier. Ma colère se remplace par un sentiment surprise qui me laisse sidérée sur place.

Larsen.

Il semble autant étonné que moi de me voir ici, et finit par éclater de rire tout en me tendant sa main pour m'aider à me relever.

— T'as de la chance que je te connaisse, sinon je ne me serai pas gênée pour t'insulter devant tout le monde ! je grommelle alors.

— Est-ce que ça va ? T'as mal quelque part ? s'inquiète-t-il, quand il voit l'expression de mon visage.

Je frotte mon pantalon afin de faire tomber les morceaux de givre qui sont restés incrustés.

— Non, ça va, rien de cassé. Tu ne sais pas regarder devant toi quand tu patines ?

— T'as surgi de nul part, je n'ai pas eu le temps de m'écarter. Excuse-moi, petite Fée.

Ses excuses semblent sincères. On se met sur le côté le temps que je me remette de mes émotions.

La 3ème Congrégation Où les histoires vivent. Découvrez maintenant