Chapitre 10

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Le soir qui a suivi le premier mardi d'entraînement s'est déroulé dans une ambiance pesante de défaitisme. Le cours a été terriblement fatiguant et empreint de désillusion, et Inna Klava, aussi impitoyable soit-elle, nous a bien tous remis à notre place. Alors, en effet, je ne suis pas ici pour intégrer la Troisième Congrégation, mais pour m'y infiltrer, mais, il n'en est pas moins que j'étais heureuse de pouvoir rencontrer mes Formateurs et en apprendre davantage. Je n'aurais finalement pas imaginé que ce soit un tel désastre.

Alors, les difficultés que j'ai pu rencontrer aujourd'hui sont problématiques puisqu'en plus de représenter un haut risque de me faire virer pour incompétence, elles menacent également de dévoiler auprès des Formateurs que je ne suis pas une Archère. Je dois trouver une solution à tout ça. Je dois impérativement dépasser cette fameuse ligne rouge, auxquelles cas, tous mon travail jusque-là n'aurait servi à rien.

Larsen nous avait prévu une rencontre ce soir-là, pour faire le point sur le début de la Formation, et aussi pour commencer à tisser des liens entre nous.

Sauf que personne n'a envie de faire la fête, ce soir. On est tous abattus, avachis sur les chaises disposées en rond dans la grande tente principale, à attendre que notre intendant nous rejoigne.

Il pleut dehors. Larsen arrive après tout le monde, complètement trempé, une capuche sur la tête et une sacoche à la main qu'il pose par terre. À en croire l'état de ses vêtements, il vient visiblement de l'extérieur, ce qui coïncide avec le fait qu'on ne l'a pas vu depuis dimanche. Il retire son sweat et nous salut enfin, d'un air visiblement plus enjoué et empreint de dynamisme que le nôtre.

— Alors les Archers, comment allez-vous ?

—...

Silence de mort. Personne ne répond, fixant désespérément le vide en face de lui.

Larsen comprend instantanément que quelque chose ne va pas. Le groupe est déjà mis à mal, alors que la Formation a débuté il n'y a que deux jours.

— Wow. Alors là, je m'attendais pas à ça. Quelqu'un veut me raconter comment se sont déroulés ces deux jours ? poursuit-il en s'asseyant parmi nous.

— Peut-être que si t'avais été là pendant le début de la semaine, tu n'aurais pas à posé la question, lâche Sinan.

Blanc.

Encore plus glaçant.

Visiblement, sa remarque est sortie toute seule. Sinan ne semble pas apprécier Larsen, et cela depuis le début, sans que je sache pourquoi.

Larsen reste étrangement très calme, mais pénètre d'une manière très perçante, le regard de son principal interlocuteur.

— Au risque de vous décevoir, je ne passe pas l'intégralité de ma vie dans le Camp d'Otrance. Je suis salarié, comme tous, et le droit du travail m'octroie deux jours de repos par semaine qui ne sont non pas comme vous le samedi et le dimanche, mais le lundi et le mardi, que je dédie à ma famille et à ma vie privée. Suis-je trop présomptueux de vous demander un discernement tel pour comprendre ?

Silence.

Sinan grommelle quelque chose d'inaudible dans sa barbe, fixant pas très à l'aise ses pieds.

Larsen lui adresse alors un large sourire, agrémenté d'un regard espiègle bien à lui.

— Mais, heureux d'apprendre que tu ne peux déjà plus te passer de moi, Sinan.

Des rires se font entendre dans le groupe, détendant déjà l'atmosphère, ce qui ne semble pas ravir le garçon, visiblement vexé de la repartie de son intendant.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now