Chapitre 17

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Malgré les entraînements, les cours et les recherches, je me garde quand même des temps de pause. Histoire de souffler un peu et de découvrir la magnifique province de Nauphéla.

On se rend Sinan et moi à Akasas, afin de profiter des trésors de la grande capitale. Sinan connaît tellement de chose sur la ville. Il me partage son savoir lors de la balade, ce qui m'intéresse.

Nikolaï a toujours rêvé d'habiter un jour à Akasas. Son rêve était donc aussi le mien. Durant des années à souffrir chez Madame Olga, je me raccrochais à cette idée. Aujourd'hui, je ne ressens que de la nostalgie quand je me promène dans les rues. J'ai l'impression de marcher à côté de quelque chose que j'ai failli avoir, de passer près d'un rêve désormais enterré, dont j'ai dû renoncer à la mort de Nikolaï. Quel gâchis. Si Nikolaï était encore présent on aurait eu sûrement une belle vie.

Parfois, je me sens nostalgique. Même si la nostalgie ne dure pas longtemps, je me laisse à certains moments m'ensevelir d'émotion et de regret. Nikolaï n'aura jamais eu l'occasion d'avoir une belle vie. D'après ce que m'a raconté Samael, j'ai l'impression qu'il n'a pas été heureux lors de la Formation. Il n'avait pas d'amis, étant rejeté autant qu'il rejetait les autres. Nikolaï n'a pourtant jamais été comme ça. C'est pour cela que je ne sais pas si je dois croire Samael. C'était un garçon sociable, immensément généreux avec les autres qui se passionnaient pour le contact humain. Nikolaï voulait aider. Alors pourquoi les médias dépeigne tous de lui le portrait d'un jeune homme arrogant, distant et déséquilibré ? Pourquoi mentent-ils ? Ou si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui l'a poussé à changer autant ?

Je ne le reconnais absolument pas dans le discours des autres. C'est comme si c'était une autre personne. Et c'est ça, particulièrement, qui me tourmente. Je n'arrive pas à garder un souvenir intact de lui. Je ne pourrais de ce fait jamais vraiment faire mon deuil. Si seulement il m'avait parlé de ce qu'il se passait vraiment là bas... Il semblait étonnement s'y plaire, me ventant sa relation presque exclusive avec Dimitris Silva, et ses performances bien au dessus de celles des autres. Aurait-il pu être piégé par quelqu'un ? Par l'un des élèves ? Peut-être par jalousie et rivalité. Rien que dans les premiers jours à la Formation de la Troisième Congrégation, je les sens omniprésente. Je n'ose pas imaginer la tension qui devait s'établir entre tous, alors qu'ils approchaient de la fin de la Formation.

Sinan m'emmène dans un bar assez populaire du centre ville. C'est un vieil établissement boisé duquel se dégage une bonne odeur de cèdre. Quand on s'y rend, c'est encore l'après midi. Il n'y a pas trop de monde. On se prend une table, Sinan et moi, et je me rends au toilettes. Un couloir y mène, elles qui sont vides. L'entrée de ces dernière est plutôt luxueuse. Un grand et ancien miroir trône sur le mur en bois, au dessus d'un lavabo.

C'est là que j'ai senti de nouveau cette étrange sensation. Comme si j'étais là et en même temps pas là à la fois. Mes visions ont recommencé. Je me suis alors totalement laissée engloutir par elles.

Nikolaï était là, pour le moment seul, entrant dans ce fameux bar. Le crépuscule semblait avoir déjà pointé le bout de son nez. Il s'assit au bout du comptoir, à côté d'une jeune femme les cheveux châtains remonté en chignon. La vision fut assez trouble, ce qui m'empêcha de déceler les traits des visages des deux protagonistes. Mais, je savais que l'un deux était Nikolaï, et que la scène se passait juste la veille du début de la Deuxième Congrégation. Je ne sais pas comment expliquer, mais j'en étais certaine.

Nikolaï engagea alors la conversation.

— Ne me dis pas que tu fais partie des demoiselle en détresse qui noie leur chagrin dans un verre d'alcool, seules le soir dans un bar, plaisanta-t-il pour engager la conversation.

La 3ème Congrégation Where stories live. Discover now