1 - Le jour où tout bascule

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Ce jour-là, les habitants devinrent à l'image du ciel : lunatiques. Alors que tout semblait perdu, la faible lueur d'espoir à l'horizon se changea soudainement en un feu ardent. Leur visage s'illumina comme les étoiles, et leurs cheveux et leurs yeux devinrent d'un blanc éblouissant de puissance. En un instant, leur vie bascula. Mais ils ne se doutaient pas que ce grand pouvoir de domination sur la nature que semblait leur avoir conféré l'univers s'avérerait être une malédiction.

Sur le champ de bataille, jamais de toute l'histoire de l'humanité on avait assisté à un tel retournement de situation. Le fracas fut si puissant qu'il retentit des kilomètres à la ronde. Au loin, un groupe de personnes guettait tristement l'horizon ; l'un d'eux regarda le cadran à son poignet sur lequel on pouvait voir des courbes s'emballer anormalement, il déclara :

— L'apocalypse est proche...

— Devrons-nous intervenir ?

— ...

Très rapidement suite à cela, des vagues d'admiration mais surtout de haine et de dégoût déferlèrent sur eux. Certains racontaient que le code génétique des habitants de cette ville avait muté à cause de l'éclipse, que c'était de la magie qui les avait transformés en démons, ou bien qu'il s'agissait d'une volonté divine marquant le début de l'apocalypse. Les médias et tribunaux s'acharnaient sur cette étrange affaire avec affolement.

— Qu'attendez-vous pour réagir ?!! Vous voulez qu'ils tuent nos enfants comme ils ont tué ces 185 000 soldats, femmes et enfants ?! Alors qu'ils n'étaient que 15 000 ! À mort les pilleurs ! À mort ceux qui nous terrorisent ! On ne peut pas faire confiance à ces diables blancs ! Clamait la foule face aux autorités.

Un jeune homme de 18 ans se tenait dans la salle du tribunal tout en regardant discrètement mais avec attention les courbes que traçait son cadran. À un moment choisi, il se leva et prit la parole au nom de la famille prestigieuse des Renneslayer. Un silence grisant s'installa parmi la foule.

— Combien de temps encore allez-vous gémir ? Écoutez-moi ! Si on vous enfermait et vous menaçait de mort et que quelqu'un d'inconnu venait vous prendre par la main pour vous délivrer, vous le suivriez n'est-ce pas ? Et si cela admettait de terroriser, blesser ou tuer ceux qui vous avaient menacés, vous accepteriez également sans nul doute et même avec un esprit de revanche ? Maintenant imaginez qu'après avoir été secouru vos alliés d'antan viennent réclamer votre mort, vous trouveriez cela cruel et insensé ! Vraiment je vous le dis en ce jour, le jugement que vous portez envers les 15 000 est semblable à celui de ces alliés d'antan ! Vous êtes inéluctablement injustes et remplis de haine envers eux alors qu'ils n'ont fait preuve que d'actes purement légitimes ! Les Droits de l'Homme demandent à être entendus !

Ces paroles agitèrent la foule, celle-ci avait en effet très vite oublié les années d'oppression qu'avaient subies ces habitants et pour lesquelles ils n'étaient même pas venus en aide. Le tribunal prit donc en compte cet élément et ordonna qu'on cesse de s'en prendre à eux et à leurs enfants, néanmoins nulle mesure ni organisation ne pourrait empêcher que l'on se méfie d'eux ou que l'on les méprise. Cette ordonnance, bien que légère, eut pour effet de donner du répit pendant quelques années à ceux qu'on appelait désormais « Les Lunatics ».

— En l'an 2208, soit 47 ans plus tard —

À l'autre bout du monde, vivaient isolés une jeune mère et son fils de 8 ans, un soir la mère conta sur un ton théâtral l'histoire des Lunatics à son fils :

— Depuis toutes ces années, les Lunatics insufflent la peur aux peuples alentours, si bien qu'ils finirent par être traqués et décimés les uns après les autres. Hécate, jeune fille magnifique et brillante survivante à cette purge et descendante de parents Lunatics, tenta de trouver des solutions aux problèmes de son peuple en s'associant à des personnes normales mais qui voulaient devenir leurs alliés, mais ils se retrouvèrent trahis à nouveau !!!!

— Ah bon maman ? Mais la fille elle a le même nom que toi ? Demanda naïvement le jeune garçon.

— Euh... Oui hm hmm ... Tu sais bien que ce prénom est très courant mon fils ! Ce... ce n'est pas de moi que je parle ! C'était une des 3 déesses de la Lune, Hécate est la divinité représentant la nouvelle Lune c'est pour ça qu'énormément de parents Lunatics ont donné ce genre de prénom après un tel événement tu comprends.

— Et c'est quoi le nom des deux autres ?

— La déesse du croissant de Lune s'appelle Artémis et celle de la pleine Lune Séléné. Expliqua la mère.

— Trop cool ! Mais pourquoi je m'appelle Quincy moi Maman ?

— Et bien... Dans ma langue ça veut dire quinze, quinze comme La Nuit des quinze mille Lunes, c'est comme ça qu'on l'appelle voilà tout.

— Mais maman ! Pourquoi 15 000 ?? J'ai envie de savoir !!!

— Et Hoo ! Au lit maintenant !! Ça suffit les questions ! J'éteins la lumière ! Bonne nuit mon chéri.

— Bonne nuit ! Je t'aime fort maman !

Quincy et sa mère vivaient une vie simple et relativement paisible. Tous les jours Quincy se rendait à son école, dans sa classe, il était le seul enfant Lunatic, les autres élèves parlaient dans son dos et se méfiaient de lui. Un jour en rentrant de l'école, des enfants un peu plus âgés que lui vinrent le voir.

— Quincy ! Alors, tu retournes dans ta tribu ha ha ? Lança l'un d'eux.

— Ouais, y paraît que ce sont des gens sauvages qui changent de personnalité d'une seconde à l'autre. Dit un autre.

— Laissez-moi s'il vous plaît, ma maman est très gentille, elle n'est pas sauvage. Dit Quincy.

— Tu la fermes sale albinos !! Tu t'es vue avec tes cheveux blancs et ta peau pâle ? Sérieux, on dirait que vous êtes tous vieux ! Ça me dégoûte. Dit le plus grand en lui crachant dessus.

— Arrêtez-vous, je vous ai rien fait !

— T'es trop moche Quincy... Dirent-ils en lui mettant une gifle. Quincy baissa la tête un instant, puis il attrapa par le col l'un d'eux et cria :

— Maintenant vous me laissez tout de suite ou je vous égorge et je répands vos tripes par terre !

— Whow ça y est le petit parfait montre sa vraie face, faut le remettre à sa place ce taré maintenant.

Deux d'entre eux l'attrapèrent alors par les bras pour le bloquer.

— Tu sais pourquoi t'es le seul comme ça ? Je vais te dire un petit secret ; les démons comme toi on les bute !

The LunacyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant