13 - Se faire remarquer

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Ils avertirent les civils qui commencèrent à s'affoler. Isogaï se précipita dans le dortoir. Il s'adressa à un marin qu'il semblait bien connaître :

— Hiro ! On vient de voir des pirates ! Vous allez faire quoi s'ils viennent vers nous ?!

— Tss, tu es bien placé pour savoir qu'on a de quoi se défendre, nan ? On saura les accueillir... Je dirai même que ça pourrait être intéressant.

— Mais t'en fais quoi des témoins ?! S'exclama Isogaï.

— On les liquide. C'est ton job, il me semble. Maintenant fiche le camp, je veux éviter qu'on me soupçonne à cause de toi.

En faisant demi-tour, Hiro perdit son souffle sans comprendre ce qui lui arrivait. Il vit du coin de l'œil Isogaï serrant son poing dans sa direction.

— Parle-moi avec un peu plus de respect, et je te conseille de ne pas oublier qui je suis. Fulmina-t-il d'une voix grave.

En rouvrant sa main, le marin reprit son souffle et se frotta la trachée comme pour se soulager.

— Oui pardon. Excusez-moi. Souffla-t-il la voix enrouée.

— Je préfère. Maintenant, toi et les autres vous avez intérêt à faire votre job de marin et de vous occuper des gens qui s'affolent là-bas.

L'homme s'exécuta et alla calmer les passagers en leur assurant que les pirates ne pourraient pas les rattraper. Mais ce faux marin oubliait que les pirates de cette zone étaient équipés de yachts à moteur et qu'ils allaient bien plus vite qu'eux.

Avec l'agitation, Quincy demanda des explications à Isogaï.

— Mais je comprends pas, pourquoi des pirates s'attaqueraient à notre caravelle ? Elle ne transporte aucune richesse particulière. S'étonna Quincy.

— Détrompe-toi, les lifecereals sont considérées comme une denrée très précieuse pour eux.

— Les "lifecereals" ? Jamais entendu parler.

— Sérieusement ? C'est une invention très brillante qui doit remonter à il y a un an. La demande a tellement explosé que c'est pour ça que plusieurs caravelles comme le Golgotha lèvent l'ancre chaque mois. Expliqua Isogaï.

— Il y a un an tu dis ? Est-ce que par hasard tu sais qui en était le concepteur ?

— Non, et c'est pas trop le moment-là, il faut absolument pas qu'ils touchent à ces cargaisons ! Oh non, ils se rapprochent encore plus !! Il faut que je fasse quelque chose !!

Quincy se demandait bien ce qui faisait autant peur à son ami, mais cette histoire de lifecereals était plus qu'intrigante. Sans elles, il lui aurait été impossible de prendre rapidement la fuite après la mort de son père.

Les pirates prirent d'assaut le Golgotha, ils pointèrent des lames sur des passagers et demandèrent de leur livrer leur cargaison. Isogaï dégaina son sabre écarlate et le pointa à son tour vers les pirates.

— Si vous touchez à un seul cheveu de ce passager, je vous réduis en charpie.

Un pirate fonça dans sa direction, il l'arrêta avec son sabre mais un autre s'en prit à lui en même temps. Il serra son poing discrètement dans son dos et se concentra pour l'arrêter dans son élan.

— Qu'est-ce que tu attends ?! Pesta un pirate.

— Je... je suis bloqué ! Aboya l'autre.

— Comment ça ?

Isogaï relâcha la pression qu'il exerçait et lutta contre les pirates qui s'en prenaient à lui. Pendant ce temps, Quincy s'introduisit sur le yacht des malfrats et leur vola des bouteilles d'alcool. Il les ouvrit et les fit couler au sol, il en imbiba une corde et la relia au circuit électrique du moteur. Il relia ensuite une seconde corde avec la commande de déclenchement et retourna sur le Golgotha après avoir décroché les grappins. Il s'adressa aux pirates :

— Arrêtez ! Ou sinon je démarre le moteur !

— Qu'est-ce qu'il raconte celui-là ! Livrez-nous les lifecereals !! Et on vous laissera tranquilles. Cria l'un d'eux.

Quincy tira la corde de manière à donner une impulsion au moteur, les pirates se retournèrent très surpris.

— Il a relié une corde à la commande ! Tu t'es cru malin, gamin ? Je te signale que notre yacht est relié à votre navire !

— Vraiment ? Bon, vous ne pourrez pas dire que je vous ai pas prévenus.

Il tira d'un coup sec sur la corde et actionna le moteur, le yacht démarra et s'éloigna à la grande surprise des pirates. Ils coururent en vitesse pour le rattraper, ils sautèrent sur leur yacht et en changeant la manœuvre pour faire demi-tour, la corde sortant du moteur s'enflamma sous l'effet du courant électrique et mit le feu à la partie avant du yacht. Les pirates reculèrent sans comprendre ce qui leur arrivait et ne purent pas accéder aux commandes de pilotage, les faisant ainsi s'éloigner inexorablement du Golgotha.

 Les pirates reculèrent sans comprendre ce qui leur arrivait et ne purent pas accéder aux commandes de pilotage, les faisant ainsi s'éloigner inexorablement du Golgotha

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Isogaï resta sans voix, tout comme les autres passagers qui assistaient ébahis à la scène. Les voyageurs commencèrent à remarquer Quincy, lui qui se faisait jusque-là si discret. On entendait :

— Je n'avais pas remarqué qu'on avait un Lunatic à bord.

— Il a fait ça pour nous sauver, vous croyez ?

— Ce mec fout la chair de poule.

Isogaï donna une tape dans le dos à Quincy, un peu intimidé par tous ces gens qui le dévisageaient, et il s'exclama :

— Remerciez-le !! Grâce à lui, nous avons sûrement évité des blessés. Allez, applaudissez !!

Sans grande conviction et par crainte, ils applaudirent timidement.

— Allez, plus que ça ! Continua Isogaï en applaudissant avec enthousiasme.

Tout l'équipage se mit à l'applaudir plus fort. Quincy gêné se retourna vers lui et lui dit discrètement :

— Tu m'attribues des intentions bien nobles, Isogaï. Crois-moi, je ne l'ai pas fait pour eux, c'était purement égoïste.

Peu après, ils s'isolèrent dans un coin du navire.

— Je sais pourquoi tu l'as fait. Assura Isogaï.

— Alors je t'écoute, j'imagine que tu sais ce que je me demande actuellement.

— En fait, en temps normal ça ne m'aurait rien fait que des pirates s'en prennent à nous ou à ce qu'on transporte. Mais là c'est différent, je ne peux surtout pas me permettre qu'il y ait le moindre blessé, les conséquences pourraient être très graves.

— Mais si tu n'y es pour rien ?

— Le problème, c'est que j'y suis pour quelque chose justement. Je fonctionne sous deux contrats différents en ce moment et les deux me poussent à agir de manière contradictoire dans cette situation.

— Et si tu ne les respectes pas, on te tue, c'est ça ? Demanda Quincy.

— Pire.

Ils ne dirent plus rien pendant quelques secondes.

— J'imagine que tu ne vas pas m'en dire plus ?

— Je ne peux pas vraiment en parler, non. Mais ce que je peux te dire, c'est que je n'ai pas eu le choix, ça aurait mis en danger ma famille encore en vie. Après ce voyage, j'aurai l'occasion de rompre un contrat et je serai plus libre de mes mouvements. Faut que je t'avoue un truc.

The LunacyWhere stories live. Discover now