42 - Garder la tête haute

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— J'imagine que vous n'avez pas envie d'impliquer votre fille. Présuma l'agent.

— Le problème n'est pas là, il y a une chose que vous ne savez pas sur Quincy, et elle non plus ne le sait pas. Vous vous souvenez de la maladie que Séléné a développée il y a deux ans ?

— Oui ?

— C'est Quincy qui l'a sauvée de sa maladie, il y a quelques mois il nous a fait parvenir un antidote sous le pseudonyme de « l'esmeraldien » et il n'y a qu'une seule personne capable de trouver un tel remède, le Dr. Will Miles, son père, qui habitait à Esmeraldas. Et comme il est mort de notre main, c'est forcément son fils qui était à l'origine de cette transmission. Expliqua Livius.

— Donc si je comprends bien, en acceptant cette tâche, Séléné condamnerait la personne qui lui a sauvé la vie sans qu'elle ne le sache ?

— Oui, le problème est donc qu'il ne faut surtout pas qu'elle le découvre.

— Le garçon n'est pas au courant de l'identité de Séléné ?

— Non, il a déjà eu l'occasion de lui parler, mais les deux sont restés anonymes l'un pour l'autre. Assura Livius.

— En théorie il n'y a donc aucun risque, à condition de faire en sorte que Séléné n'éprouve jamais aucune sympathie pour lui. Si vous êtes d'accord, je pourrais la préparer, on lui dira qu'il a assassiné ses propres parents, elle y sera très sensible étant donné qu'elle a perdu tragiquement sa mère.

— Cela m'a l'air d'être une bonne idée. Le fait de l'envoyer en mission limitera l'emprise des Haruno et même des Renneslayer sur notre enseigne du fait de cette nouvelle alliance. Ils ne pourront pas nous faire pression.


Le jour du mariage arriva très vite, Calixte avait proposé à sa fiancée d'inviter qui elle voulait mais celle-ci n'invita que Shyron et Nona en plus de la famille de sa mère, la cérémonie se déroula donc en petit comité et de manière simple à cause du manque de préparation. Ce n'était pas une fête des plus joyeuses, après avoir signé devant des témoins la foule qui les accompagnait s'étaient réfugiée dans la grande salle de réception louée pour l'occasion. Calixte invita sa nouvelle épouse à danser avec lui sur la piste de danse à l'ambiance feutrée. Une musique douce les accompagna.

— Le choix de cette robe est vraiment excellent, les touches de bleu rappellent bien ton étonnante particularité. Glissa-t-il pendant qu'ils dansaient.

— Ce costume te va aussi à ravir mon cher cousin.

— Ne m'appelle pas comme ça Sely.

— Cela dérangerait-il le grand Calixte Haruno ? Le nargua-t-elle.

Elle se mit à accélérer la cadence de leur danse et à esquisser de gracieux mouvements appuyés par leur regard en croix.

— Tu es désinvolte.

— Mince alors !

— Non en fait je crois que j'aime ça. Continua-t-il en se prenant au rythme effréné de ses pas.

— Tu as ce que tu voulais après tout. Je sais que tu m'aimes sincèrement.

— Oui mais toi ne m'aimes-tu pas ? Après tout ce que nous avons vécu ensemble toi et moi ? Tout ce que j'ai fait pour toi ? Toutes ces années où j'ai patiemment pris soin de toi de manière désintéressée ? Cette époque où tu n'avais aucun ami, aucune famille digne de ce nom... Moi j'ai toujours été là, tu vois, on est faits l'un pour l'autre. C'est aussi simple que ça.

Séléné s'arrêta un court instant en y pensant.

— Tu as raison. Je ne te serais jamais assez reconnaissante. C'est pour ça que comme tu me connais tu sais très bien que tu peux me faire confiance, d'ailleurs mon père n'en pense pas moins. Sourit-elle hypocritement.

— Je ne voudrais pas te contrarier mais je dirais que ton père ne te fait pas vraiment confiance contrairement à moi, il n'a jamais vraiment eu d'affection pour toi et Elena.

— Me voilà honorée d'avoir la confirmation de la confiance que tu me portes, tu sais donc que jamais je ne te trahirais peu importe les apparences. En revanche tu te trompes lourdement sur la relation de confiance qui unit mon père et moi. Releva la jeune fille.

— Je ne te suis pas.

La musique s'arrêta et ils s'arrêtèrent de danser.

— Je sais bien que mon père a d'autres priorités que ses filles, mais c'est un homme d'affaires tout à fait brillant et admirable, ce n'est pas un tendre ou un vieux croûton ramolli comme mon bon beau-père, mais c'est quelqu'un de terriblement efficace et en qui j'ai toute confiance, et il m'a prouvé que cela était réciproque puisque pas plus tard que ce matin il m'a officiellement désignée comme son héritière.

— Tu viens de traiter mon père de vieux croûton ramolli ? Attends, quoi ? Comment ça tu as le statut d'héritière depuis hier ?! S'indigna Calixte.

— Je te laisse "mon amour", je vais me servir un verre pour me saouler un peu. Eluda-t-elle.

Calixte resta bête quelques instants et se précipita vers ses parents.

— Tu t'amuses bien mon cœur ? Lui dit sa mère.

— L'ordure de Livius ! Je suis sûr qu'il a une idée derrière la tête ! Ralla Calixte.

— De quoi tu parles ? Demanda son père.

Il lui expliqua ce qu'elle lui avait dit.

— Tu redoutes que cela impacte votre paisible relation mon chéri c'est bien ça ?

— Oui ! Il suffirait d'un claquement de doigt de Livius pour me priver d'elle maintenant ! Je le sens mal..

— Ne t'en fais pas, tu peux la manipuler pour qu'elle refuse, de toute façon le contrat marchera dans l'autre sens aussi si jamais.

Le père s'approcha et murmura à l'oreille de son fils.

— Dans les derniers rapports officiels que j'ai recueillis, l'enseigne Skeward ne s'occupe actuellement que de la génétique de la gamme alimentaire sur laquelle ils travaillent depuis quelques années pour concurrencer le marché des lifecereals. Ils n'ont donc aucun besoin particulier la concernant tant qu'elle n'aura pas fini ses études.

— Tu parles d'officiel, mais tu sais bien que la partie immergée de l'iceberg est plutôt officieuse, il y a un truc qui cloche derrière toute cette précipitation.

— Conny Haruno ! Calixte ! La soirée se passe-t-elle comme vous voulez ? Les sollicita Livius Skeward en tenant une coupe d'alcool à la main.

Livius avait pour l'occasion revêtu un costume entièrement noir des plus chics, une rose de couleur bleue dépassait de sa poche de devant et sa coupe de cheveux avait particulièrement été soignée.

— Très cher Livius, nous venons d'apprendre avec surprise le nouveau statut de Séléné.

— En effet voyez-vous, n'est-ce pas merveilleux de voir à quel point la jeunesse est prometteuse ? Que fais-tu ici, Calixte, tu ne tiens pas compagnie à ton épouse ? Nota Skeward.

Calixte lui jeta un regard noir avant de les laisser pour rejoindre Séléné.

— Comment se porte votre santé ? Demanda Conny, le père de Calixte.

— J'ai pris une dose de médicaments pour tenir la soirée, je vous remercie. La bonne ambiance donne de l'énergie. Je suis heureux que Séléné puisse voir sa famille qui a fait le déplacement exceptionnellement pour l'occasion. Elle s'entend particulièrement bien avec son oncle, comme vous pouvez le voir. Edmond est d'ailleurs votre cousin au 4ème degré, si je me souviens bien ?

— Tout à fait. Écoutez-moi attentivement si jamais vous essayez de...

Avant qu'il ne finisse sa phrase, il vit Livius s'éloigner de lui comme s'il ne l'entendait pas. « Il se fout de moi ?! » Pensa Conny.


En allant aux toilettes, Séléné entendit quelque chose qui ressemblait à des pleurs, elle s'approcha de la porte et en se penchant elle aperçut des pieds qui lui étaient familiers...

The LunacyWhere stories live. Discover now