11 - Rencontrer son semblable

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— Tu vas me suivre calmement.

Quincy reconnut la voix d'Isogaï.

— Qu'est-ce que tu me veux ?

— Contente-toi de me suivre.

Comme il n'avait pas trop le choix, il le suivit. Isogaï l'amena au dortoir où il n'y avait personne d'autre que son ami Jaison.

— T'es un fugitif, pas vrai ? Je te conseille de nous dire la vérité. Opina Jaison.

— Je ne vois pas en quoi ça vous regarde.

— En fait, je vais t'expliquer un truc. Moi et Isogaï, on fait partie d'une guilde, du coup, on a sur nous des radios portatives. Avec ça, on nous informe en direct de tout ce qui se passe sur notre itinéraire.

— Je ne te suis pas. Rétorqua Quincy en croisant les bras.

— Laisse-moi finir. Ce matin, on nous a informé que dans la ville d'Esmeraldas où on vient de faire escale, un Lunatic âgé d'une quinzaine d'années est actuellement recherché pour vol avec circonstances aggravantes. C'est toi, n'est-ce pas ? Si tu veux mon avis, il y a des chances que d'ici quelques heures ta tête soit mise à prix.

À ces mots, Quincy prit peur. Comment avaient-ils pu lancer un avis de recherche si vite ? Quel culot de l'accuser lui !

— Vous... vous comptez faire quoi ?

— Pour l'instant, rien, mais il faut qu'on sache où tu te rends et quelles sont tes intentions, et en fonction, on avisera. Enchaîna Isogaï.

— Désolé, mais je ne vous dirai rien. Je ne peux pas faire confiance à des inconnus.

Quincy repartit de là où il venait. Il sentit une force le tirer en arrière, puis Isogaï lui saisit le bras.

— Écoute, si on fait ça, c'est aussi pour t'aider. Je peux comprendre ta réaction.

— Comment ça ? Quelle réaction ? Demanda Quincy.

Isogaï retira les lunettes opaques qu'il portait pour laisser apparaître de beaux yeux turquoises translucides. Ils se fixèrent pendant quelques secondes comme s'ils pouvaient communiquer d'un simple regard. Quincy réalisa :

— Non ! Tu es...

— Oui.

— Mais tes cheveux ?

— Je les ai teints. Moi aussi j'essaie de me cacher, tu vois. C'est pour ça que je te demande de me faire confiance. Il faut que tu réponde à nos questions, s'il te plaît.

— Ha ha, je comprends mieux ton caractère bien trempé de ce midi ! Mais n'aie aucune crainte, je n'ai fait de mal à personne, et tout ce dont on m'accuse est certainement faux. Je ne vous causerai aucun ennui si c'est ce qui vous préoccupe tant.

— Mais...

— ...Je vous souhaite une bonne fin de journée à tous les deux, ravi de vous connaître ! Sourit Quincy en s'éloignant d'eux pour retourner à ses corvées.

— T'en penses quoi, Jaison ?

— Il a l'air bien calme pour un criminel de haut rang.

— Tu m'as dit qu'on l'accusait de quoi déjà ?

— On l'accuse d'avoir volé un objet d'une valeur inestimable, d'avoir tué un homme et d'avoir incendié sa maison apparemment. Mais n'empêche que ça n'aurait aucun sens pour un espion de faire ça, c'est tout sauf discret.

— Non, il n'a pas fait tout ça. Assura Isogaï en portant son regard dans la direction dans laquelle venait de partir Quincy.

— Ah bon ? Tu le sens grâce à tes pouvoirs, c'est ça ?

— Tout à fait. Cette discussion a été courte, mais j'ai pu saisir ses pensées.

 La nuit tombée, Quincy put enfin prendre du temps pour se reposer

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La nuit tombée, Quincy put enfin prendre du temps pour se reposer. Il installa son sac de couchage à la belle étoile et utilisa une petite lanterne pour s'éclairer. Il sortit de son sac à dos le précieux livre que tant de personnes semblaient convoiter et reprit la lecture là où il en était.

« J'espère pour toi que, au moment où tu lis ceci, tu es en route pour la bonne destination. Je te félicite pour tout ce que tu as déjà accompli, tu peux être fier de toi ! Je vais tout d'abord t'apporter quelques précisions : je me doutais que j'allais mourir, actuellement je ne connais pas les circonstances, je ne sais pas si tu y as assisté ou non, mais tu t'es sûrement demandé pourquoi les responsables ont vite quitté les lieux. Sans rentrer dans les détails, je me suis occupé de la diversion, j'ai fait une mise en scène de manière à ce qu'ils pensent avoir réussi. Mais il ne leur faudra pas beaucoup de temps avant de se rendre compte de la supercherie. C'est pour ça que d'ici très peu de temps, ils reviendront te chercher et constateront que tu n'es plus là et que tu as tout effacé derrière toi. Ils t'accuseront de choses ignobles et mettront probablement une prime sur ta tête. Tu sais ce que ça veut dire : tu seras doublement recherché. L'État ainsi que les chasseurs de primes seront à tes trousses, et j'en suis tellement désolé quand je me dis que tout cela est de ma faute. »

« Tu avais bien raison papa... Décidément, rien ne peut t'échapper. Mais qu'attends-tu de moi ? » pensa Quincy. Il continua sa lecture.

« J'ai mis au point une technologie dont je t'avais brièvement parlé. Il s'agit de celle que l'État m'a confisquée. Je t'assure qu'elle a un potentiel incommensurable. Grâce à la maîtrise de celle-ci, il est possible de modifier le code génétique d'un être vivant ! Quelques-unes de ses utilisations possibles doivent sûrement te sauter à l'esprit, et tu dois très bien imaginer les très grands dangers qu'elle encourt. Ce livre est en partie consacré à son explication. Je t'annonce que tu vas pouvoir changer notre destin ! »

Quincy continua à lire attentivement les paroles de son père. Il n'en revenait pas de ce qu'il apprenait. Son père voulait-il parler de changer le code génétique des Lunatics afin qu'ils redeviennent normaux ? La lecture des récits qu'il abordait était si passionnante que le garçon en oublia à quel point il avait sommeil.

Quand il se réveilla, il se rendit compte qu'il s'était endormi en plein milieu de sa lecture et que le précieux livre lui avait servi d'oreiller. Le soleil n'était pas encore levé, mais on l'avait déjà appelé pour de nouvelles corvées.

Cela faisait maintenant trois jours qu'ils étaient partis. Quincy continuait à faire ses corvées le jour, et quand le soleil commençait à se coucher, il aimait s'asseoir devant la proue du navire pour lire son livre. Isogaï le remarqua. À un moment, il décida de l'aborder par surprise :

— C'est ce livre qu'on t'accuse d'avoir volé.

Quincy sursauta et en perdit sa page.

— Encore toi ! Tu racontes n'importe quoi ! Je n'ai rien volé...

— T'en fais pas, mec, ce que t'as m'intéresse pas. C'est juste que tu m'intrigues.

Il fit semblant de l'ignorer un instant, puis une question resurgit dans son esprit.

— Pourquoi tu ne veux pas qu'on sache que tu es Lunatic ? Demanda Quincy.

The LunacyWhere stories live. Discover now