32 : Stockholm

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Le lendemain matin, en se réveillant, George consulte immédiatement son smartphone : la Russie n'a toujours pas envahi l'Ukraine.

Bizarre.

On est aujourd'hui le mercredi 23 février 2022.

George paie la note de son hôtel avec sa carte prépayée, prend son sac de marin Northface et son sac d'alpinisme et marche sur les trottoirs mal déneigés en direction du centre commercial Mall of Scandinavia où se trouve la gare de train de banlieue de Solna. Il a ses chaussures canadiennes, sa veste de cuir rembourrée et un bonnet en laine. La neige ne l'importune pas.

Après avoir descendu prudemment les escaliers glissants menant au perron, il prend le train de banlieue (il est un des rares passagers à porter un masque covid) jusqu'à la station centrale de Stockholm, où il cherche la consigne. Il y met ses deux sacs après en avoir extrait la sacoche donnée par Grand Manitou, puis il se dirige vers le métro et la ligne verte en direction de Rådmansgatan. Il est 8h44.

Les Stockholmois télétravaillent pour la plupart à cause de l'épidémie de covid et la rame n'est pas trop pleine. Seul un tiers des passagers portent un masque covid. Un des passagers a un sac en toile avec inscrit « I love Anders Tegnell ».

À la station Rådmansgatan, George descend. Chassons le Tyrion Lannister.

***

Le lecteur de ces lignes pourrait avoir une vision romancée, mais erronée du métier d'avocat. Trop de béotiens s'imaginent que la profession d'avocat est une succession de Gisèle Halimi, et Ruth Bader Ginsburg, prêtes à défendre David contre Goliath. Pour les amateurs de la série Suits sur Netflix, le métier d'avocats est sûrement une succession de Meghan Markle avec son prince charmant de Patrick Adams. Il n'en est rien. Non seulement aucun juriste ne sera jamais aussi productif et structuré que Markle ou Adams dans Suits, mais la profession est surtout dominée par l'appât du gain. Un client est avant tout une source de revenus, pas un patient en détresse. Dans ces circonstances, peu étonnant que Marie-Claire Chevalier ait dépensé près de deux cent mille euros en frais juridiques pour tenter de sortir Lancelot des griffes de son père incestueux. Tout cela en vain.

Pour George, le métier d'avocat trône au sommet de la pyramide d'ordures de métiers amoraux. Il pourrait citer l'avocate Kikki Andersson-Paskapää, qui avait soi-disant représenté Lancelot à la cour administrative de Stockholm, quand celle-ci devait décider si Lancelot devait en urgence être retiré de la garde de Marie-Claire et placé chez Per Gunnar. Comme tout avocat commis d'office, elle s'assure de se voir confier des missions de représentation payée par les pouvoirs publics en suivant la ligne de l'administration, c'est-à-dire dans ce cas des services sociaux. Lancelot lui dit que son père lui fait mal et lui a mis un doigt dans le derrière, que la sœur du père était là et n'a rien fait, Kikki Andersson-Paskapää en déduit que Lancelot ment à cause de sa mère, et milite activement pour que celui-ci soit placé chez Per Gunnar.

George pourrait également citer également l'avocate française Marie Genaro-Scheisskopf : commise d'office pour représenter Lancelot à la Cour d'appel de Nanterre afin de statuer sur le retour de Lancelot en Suède. Celle-ci s'applique à suivre la ligne d'une procureure incompétente et milite activement pour que Lancelot ne soit pas auditionné par la cour, au motif qu'il est clair qu'il ne veut pas rentrer en Suède, et donc ça ne sert à rien de l'auditer, car la parole de l'enfant ne compte de toute façon pas.

Sans compter tous ces avocats qui aident ces pères violents ou incestueux à obtenir la garde exclusive de leurs enfants en décrédibilisant la mère : ils savent pour la plupart que le père est un abuseur, mais se disent que de toute façon, l'enfant est tout petit et ne sent rien.

L'espion à la fille désenfantéeWhere stories live. Discover now