34 : Sheremetyevo

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Samedi 26 février au matin, George paie l'hôtel et se dirige avec ses bagages vers le métro. Les Moscovites sont toujours pris dans une espèce de torpeur. Certains ont manifesté la veille et ont été arrêtés. Des manifestations contre l'« opération spéciale » sont prévues cette après-midi. Inutile de dire que George n'a pas du tout l'intention de s'y rendre.

Après deux changements de métro, George arrive à la station de Rechnoy vokzal. Sur le trottoir enneigé, George cherche un peu, et trouve finalement le minibus noir aux vitres teintées. Il monte à l'arrière après y avoir hissé ses deux bagages.

Au volant, Alessia. Toujours un atèle au pied. Toujours les béquilles posées sur la place du mort. Il s'agit encore d'une voiture de car-pooling.

Elle démarre et prend la direction de l'aéroport Sheremetyevo.

Elle se gare aux arrivées du Terminal E.

À 11h04, Ambroise Togolainen apparait avec un grand sac en cuir en bandoulière et un manteau Canada Goose. Il repère le minibus et monte à bord. Alessia démarre.

« On fait vite », lui signifie George.

Ils échangent de manteau. Ambroise vide son sac et met le contenu sur le siège du milieu. George vide le contenu de son sac d'alpinisme dans le sac d'Ambroise. Il donne son smartphone particulier à Ambroise : « Mets-le dans le coffre du meuble télé. Je te donne le code. Tu y trouveras le faux passeport pour rentrer en Finlande ». Ambroise met les vêtements empilés sur le siège du milieu dans le sac d'alpinisme. Ils ont maintenant changé de manteau et de bagage, de passeports. George ne garde qu'un portefeuille avec des roubles, des euros et une carte bancaire prépayée.

Ambroise lui montre un petit emballage en plastique : « Tiens, une nouvelle carte SIM russe ». George prend l'emballage, et retire sa carte SIM russe de son Samsung. Ambroise prend la vieille carte SIM, et la place dans son portable. Il a naturellement laissé son portable finlandais à la maison à Helsinki.

« On est bon ? Demande Ambroise.

— Ça m'a l'air, lui répond George.

— Nous serons de retour au terminal dans sept minutes », leur signifie Alessia.

Ambroise regarde George: « C'est un sacré bordel tout ça. Les Russes vont continuer avec tous leurs massacres. Et pas seulement qu'en Ukraine, aussi en Afrique.

— En Afrique ?

— Vous vous désengagez du Mali. Le gouvernement malien y installe les mercenaires du groupe Wagner. Ça risque de devenir encore plus violent en Afrique subsaharienne. »

Un instant plus tard, Alessia s'arrête au dépose-minute du Terminal E. Ambroise en sort avec le sac de marin Northface et le sac d'alpiniste de George. Il referme la porte coulissante et se dirige vers le Terminal. Alessia redémarre. Il est 11h21.

«OK. Va à l'hôtel Grafskiy, » lui ordonne George.


L'espion à la fille désenfantéeWhere stories live. Discover now