41 : Golfe de Finlande

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Sans carte ni boussole, la navigation n'est pas forcément facile. Heureusement qu'il a une connaissance approximative de la zone. En face de Kliuchevoe, il y a une longue île déserte, qu'il doit longer par la droite.

Pas de problème. On n'est pas dans l'Atlantique avec ses mascarets. On est dans un archipel, et malgré la neige et le froid, la mer est relativement calme. 

Après avoir dépassé la longue île, il vire légèrement sur la gauche, en direction d'un long promontoire. L'idée est de l'atteindre avant le lever du jour et d'y passer la journée.

La neige a cessé et l'aube commence à éclairer l'horizon quand il arrive au promontoire. Impossible d'y accoster : le lieu est infesté par une colonie de mouettes. Elles révéleraient sa présence s'il avait la mauvaise idée de s'y poser. En tant que bon parisien, il a de toute façon horreur des oiseaux. C'est suffisant de se faire déféquer dessus par des pigeons, autant ne pas tenter le diable avec des mouettes.

Il tourne à gauche de l'autre côté du promontoire et pagaie pendant une bonne demi-heure avant de trouver une plage épargnée par le risque aviaire. Il hisse le kayak sur la plage et le tire à travers les arbres. Là, il l'incline sur le flanc, recouvre le côté coque de neige et creuse dans la neige sur le côté ouverture. Après avoir ramassé quelques branches, il se construit un abri de fortune. Il ne s'agit que de tenir quelques heures. Il doit être peu après huit heures du matin, il repartira à la tombée de la nuit vers 18h.

Il retire sa combinaison pour faire ses besoins. Il enfile sa doudoune et sa Goretex. Il remet sa combinaison avant de s'allonger dans son abri de malheur.

Quelle merde!

La mission a foiré. À cause de la candeur d'un enfant. Aurait-il dû leur laisser son smartphone, à Aleksander et Yuri ? S'ils avaient été absorbés par les Ninjago, peut-être qu'Aleksander aurait fermé sa gueule. Et même si un policier leur avait pris le téléphone, Alessia était là, et aurait pu s'assurer qu'Hubert efface tout à distance. Oui, il avait merdé.

D'un autre côté, ils n'avaient pas eu de chance. Si KLM avait fait tourner ses avions en Russie un jour de plus, alors l'exfiltration aurait été plus facile. Ils auraient dû prendre Air France. Les Français sont plus fiables que les Néerlandais, c'est bien connu.

Aurait-il dû renoncer à changer d'identité avec Ambroise et partir samedi au lieu de dimanche ? Non, difficilement faisable : Natacha avait un repas avec sa sœur ce samedi-là. Y renoncer au dernier moment et disparaitre le même jour aurait éveillé des soupçons. Et s'il s'était fait prendre avec son vrai passeport, sous sa vraie identité, cela aurait été un désastre.

Tout ça était la faute de Grand Manitou. La contribution de George à l'opération Azélma avait été lamentable. Il avait perdu de précieux jours pour tenter de faire chanter des politiques suédois alors qu'une autre personne aurait pu le job, probablement mieux. Il aurait dû arriver en Russie dès le 17 février, en même temps qu'Alessia, mais par un autre vol, récupérer le disque le 18 février, et partir avec Natacha et les enfants dès dimanche 20 février et au diable la sœur de Natacha et la volonté du président Macron de ne pas froisser le président russe.

Maintenant, l'opération Éponine avait foiré. Natacha et ses enfants risquaient de passer un mauvais moment. Seuls points positifs : il n'a pas été capturé. Tous les documents et téléphones fournis par les services français doivent avoir été sécurisés par Alessia. Hubert doit avoir remis les vraies images de Natacha et ses enfants descendre les escaliers de l'immeuble dans l'enregistrement des services de sécurité russe. Elle ne sait pas qu'elle a été approchée par la DGSE. Avec un peu de chance, elle et ses enfants ne se feront pas trop tracasser. Maigre consolation.

L'espion à la fille désenfantéeWhere stories live. Discover now