17.

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Il est tard et ça fait,oui,déjà quelques mois que tu t'en es allé. Des années ou des siècles,des secondes sans toi c'est toujours l'éternité.

Malgré l'obscurité de la nuit,je distinguai très bien sa forme à travers la porte vitrée du séjour.
Je coulissai la porte et sortis.
L'air me fouetta le visage,au loin je savais les gardes mitigé ne sachant pas s'ils devaient m'arrêter ou me laisser faire.
Mais malgré tous ces obstacles, j'avançai. J'avançai jusqu'à me retrouver face à la grande fontaine,fantôme de mes souvenirs.

Comme autrefois je vis le reflet de la lune dans l'eau calme. Gros,rond,blanc.Je dévisageai l'astre céleste comme si ça avait été la première fois que je le voyais.
Je me penchai légèrement et touchai du bout des doigts l'eau froide.
Faisant des allés retour dans le fluide,je revins à une époque où tout était plus simple.

Je courais dans la prairie,l'herbe haute me fouettai les chevilles dénudées.
Pour la gamine que j'étais à l'époque c'était ça ma conception du paradis. Courir dans les herbes hautes,l'odeur de la lavande embaumait l'air et le soleil typique de la région me brûlait le dos dénudé. Ma soeur,mon modèle,ma famille,me courait après,elle allait me rattraper c'était sûr.J'avais beau savoir que j'allais perdre,comme à chaque fois,cette course effrénée je n'en avais que faire.C'était les vacances et je comptais bien en profiter.
Je rigolais en courant et je rigolais encore quand je tombai sous son poids dans l'herbe.Ma peau avait beau être éraflée et pleine de terre je riais à gorge déployée.
A notre retour à l'hôtel,elle avait mouillé un coin de son tshirt dans l'eau de la petite fontaine dirigée par la sirène en marbre et elle m'avait tapoté le genoux.
D'après elle l'eau était magique,elle pouvait soignée toutes les blessures du monde.
En réalité c'était plutôt le moment qui était magique.Mais à l'époque je ne le savais pas encore.

Je réouvris les yeux et tournai ma tête vers le petit bois du domaine.J'avais l'impression d'encore entendre son rire faire vibrer l'air de la méditerranée,résonnant dans mon coeur de pierre qui a l'époque était encore frêle et fragile.J'avais l'impression qu'elle était encore là,dans les bois,se cachant et que,à la première occasion,elle allait apparaître et commencer à me courir après.
Comme au bon vieux temps.
Je soupirai en m'asseyant sur le bord de la fontaine.
Il a bien longtemps que cette époque était révolue.Je devais me faire à l'idée que ma soeur n'était pas là,prêt à bondir sur moi et criant que c'était moi le chat.
Elle était parti pourtant j'avais l'impression qu'elle était partout.
Je plongeai ma main dans l'eau froide,elle me fit frémir de tout mon être.
Je faisais des allés retour dans l'eau,en brouillant le reflet si tranquille de la lune.
Perdue dans mes pensées je n'entendis pas des pas approcher,c'est d'ailleurs pour ça que je sursautai quand je sentis une veste se poser sur mes épaules.
Je me retournai effrayée vers un homme qui m'était inconnu.

- Je ne voulais pas te faire peur,me dit-il en s'asseyant.
- Tu ne m'as pas fait peur,dis-je sur la défensive.
- Je commence à comprendre pourquoi tu fascines autant ma famille, rigole-t-il.

Ses traits étaient pareil que ceux de Vladimir eux mêmes pareil à ceux de son père.
La ressemblance était troublante pour moi qui ne ressemblait absolument pas à mes parents.Avec ma soeur on avait l'habitude de nous dire qu'on avait le même air de malice dans le regard mais notre ressemblance s'arrêtait à ça.
C'est triste,en y pensant bien,de se dire que la seule chose qui me reliait à elle quand je me regardais dans le miroir était un éclat au fond du regard terni et caché depuis des années.

- Tu es son frère,murmurais-je.
- Oui effectivement

Il sourit et une fossette se creusa dans sa joue pleine.J'eu l'impression de le voir enfant entrain de jouer avec son frère.
Cette fossette était le vestige de son enfance passée très certainement dans la violence et le meurtre.

- Je m'appelle Vinchenso mais je t'en prie épargne moi ce fossile et appelle moi Vin.

Je souris.

- En parlant de vestige moi c'est Élisabeth,dis-je en lui tendant la main.

A mon plus grand étonnement il ne me la serra pas mais la pris dans la sienne avant de déposer un baiser dessus.

- Élisabeth je suis enchanté de faire ta connaissance

Je rougis à sa remarque, heureusement camouflée par l'obscurité.

- Que fais tu ici si tard ?
- J'avais besoin de prendre l'air
- Tu devrais rentrer dans ta suite,il fait froid le soir.

Je hochai la tête et me levai suivie de près par le frère Ivanovich.

De toutes manières je n'aurais su restée ici éternellement.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant