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Il est tard et ça fait,oui,déjà quelques mois que tu t'en es allée.Des années ou des siècles,les secondes sans toi c'est toujours l'éternité.

Le lendemain,je n'eu absolument aucune envie de me lever.
Ni la faim,ni ma forte envie de faire pipi ne réussi à me motiver.J'avais pleuré jusqu'au petit matin et désormais j'avais,non seulement,mal à la gorge mais aussi aux poignets.
Pourtant,quand le tonnerre gronda pour la première fois je sortis de mon lit pour aller m'asseoir dans le fauteuil avec vue sur l'extérieur.
Certaines gouttes de pluie ruisselaient sur la fenêtre tandis que d'autres ne bougeaient pas d'un centimètre,comme figées de peur à cause l'orage.
Et ce triste spectacle me ramena presque deux ans en arrière.

J'entendais la pluie battre le tempo sur le toit tandis que je somnolais.Je n'avais pas l'habitude de me lever aussi tôt le samedi mais l'orage m'avait réveillé.
Loin de moi l'idée de descendre,je préférais largement rester encore un peu dans la chaleur protectrice de mon lit avant d'affronter,une journée de plus,la terrible routine familiale.
Pourtant,la porte de la chambre s'ouvrit dans un bruit sourd.

- C'EST DE TA FAUTE ! Cria ma mère.
- De quoi ?
- NE FAIS PAS L'INNOCENTE C'EST À CAUSE DE TOI QU'ELLE EST PARTIE ?
- Mais qui ?
- TA SOEUR ! Hurla-t-elle hystérique.

Sur le moment même je n'avais pas compris.Je me rappelle être restée incrédule pendant de longues heures jusqu'à ce que je tombes sur la lettre.
Voilà la seule chose qu'avait laissé ma soeur : une lettre.

Elle était partie et elle ne reviendrait pas.

Elle m'avait laissé seule.

"Ici j'étouffe,j'ai besoin de plus,excusez moi" s'expliquait-elle.
Depuis la routine était devenue encore plus maussade.Maman criait sur moi le jour et pleurait pour ma soeur la nuit,papa était encore plus envahissant avec moi et à tous les repas de familles les regards accusateurs de mes tantes pesaient trop lourd sur mes épaules.
Mais pouvais-je réellement lui en vouloir ? Elle rêvait de quelque chose de plus important,quelque chose qu'elle ne pourrait pas trouver dans notre petite bourgade.Quelque chose qu'elle ne trouverait pas sans se libérer d'une mère lunatique et d'un père trop protecteur.
Et même si depuis son départ je subissais encore plus,je n'arrivais pas à la haïr parce qu'on fond je rêvais de la même chose.

Soudain,un coup frappé à ma porte me sortit de ma rêverie.

- Entrez

Inga,vêtue de son uniforme de travail m'informa qu'elle venait de me faire couler un bain.
Je tourna la tête une dernière fois vers ma fenêtre.Dehors le ciel s'était calmé.
Et moi qui détestais la pluie,je constatai pourtant avec tristesse qu'elle s'était arrêté de tomber.
J'aurais pu rester là encore des heures à simplement regarder les gouttes d'eau qu'avait laissé la tempête sur ma fenêtre pourtant je me détournai et me dirigeai vers la salle de bain.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant