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Les traces que les hommes laissent sont trop souvent des cicatrices.

Il s'assit sur la banquette arrière et,bien qu'on soit désormais dans la voiture,il ne me lâcha pas,il me garda contre lui.
J'osai un coup d'œil dans sa direction et le vis,songeur, entrain de regarder par la fenêtre.
À quoi pouvait-il bien penser ?
Quelle était cette chose qui occupait ainsi ses pensées et qui le tracassait au point de garder les sourcils sévèrement froncés pendant tout le trajet ?
Je me décollai légèrement de lui juste avant qu'il ne me rapproche de force fronçant encore plus les sourcils sur son visage fermé.
Durant le trajet j'utilisai son torse comme coussin et, quand nous arrivâmes à la villa,je crû que je n'allais jamais avoir la force de rester éveillée jusque dans ma chambre.
Quand la voiture se gare il sortis directement me laissant me cogner contre le siège.
Je descendis de la voiture et marchai jusqu'au perron mes pieds nus martyrisés par le fin graviers.
J'entrai dans la demeure vide et montai directement dans ma chambre.
Je claquai la porte et retirai machinalement ma robe avant d'enfiler mon pyjama composé d'un short et d'un bête t-shirt.
Je me glissai dans mon lit et m'endormis immédiatement fatiguée par les événements de la soirée.

Le lendemain,je me réveillai vers neuf heure et partis directement prendre une douche.Je choisis rapidement une tenue avant de sortir de ma chambre.
Toute la nuit ça m'avait tracassé,je devais savoir ce qu'il y avait entre Vladimir et moi.Je n'étais pas le genre de fille à embrasser le premier venu,pour moi,un baiser était loin d'être anodin.

Je n'étais pas le genre de fille à embrasser le premier venu,pour moi,un baiser était loin d'être anodin

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Je me dirigeai vers son bureau où j'étais absolument certaine de le trouver.
Devant les grandes portes j'eus soudain un coup de stress,un mauvais pressentiment.
Instinctivement,au fond de moi,je savais que quelque chose allait se passer,que derrière cette porte j'allais apprendre quelque chose que j'aurais préféré ne pas savoir.
Pourtant j'étais téméraire et je détestais me faire berner par des mensonges.
Alors,dans un geste brusque,j'ouvris la grande porte à deux battants.

Je restai stoïque,tétanisée par la scène qui se jouait juste en face de moi.
Alerté par l'ouverture des portes,Vladimir leva lentement ses yeux vers moi,me rendant malade quand son regard accrocha le mien.
Un haut le cœur me prit et je crus que j'allais vomir juste devant lui.
Quand il commença à s'avancer je partis en courant remerciant le ciel de ne pas avoir mis de talons.
Dans ma chambre je claquai la porte avant de la verrouiller et courus dans la salle de bain.
Je me stoppais devant le lavabo et,claquant les paumes de mes mains de chaque côtés de celui-ci,je fixai intensément mon reflet dans la glace.
Soudain,dans le miroir,je captai la naissance d'une larme au coin de mon œil gauche.
Même quand elle ruissela le long de ma joue je ne me rendis pas compte que cette perle d'eau m'appartenait et que c'était ma joue qu'elle balafrait.
Je n'avais pas conscience de la réalité,j'étais comme dopée par un sentiment inexplicablement trop fort pour mon corps gras et petit.
Les larmes se firent de plus en plus nombreuse et,la vue brouillée par ces dernières,je cherchais à tâtons un  rasoir, ancêtre témoignant d'une adolescence malheureuse.
Quand j'eu trouvé l'objet de mes convoitises,je le démontai pour en extraire l'unique pièce importante.
Je tombée au sol avant de brandir la lame et de commencer à taillader mon poignet déjà pleinement recouvert de fines cicatrices blanchies avec le temps.

Un,deux,trois,dix,vingt traits tirés par la même main,ma main.
À cet instant,je n'avais jamais ressentis un aussi grand dégoût pour moi même.
J'étais immonde.
J'étais grosse et laide,grasse et ideuse.
Je me dégoûtais à en vomir des caillots de sang.
Mon poignet posé sur ma cuisse,grosse et monstrueuse,j'enfonçais toujours plus profondément le métal froid dans ma chaire saignante.
J'étais tellement immonde qu'à peine quelques heures après avoir échangé un baiser avec moi il était déjà entrain de sauter cette blonde sur son bureau.
Je l'imaginais regrettant amèrement son acte,entrain de se brosser les dents avec force,essayant de faire partir la sensation de mes lèvres sur les siennes,de ma langue autour de la sienne.
Comme si la brosse et le dentifrice avait été inutile,il avait dû avoir recourt à une autre fille pour oublier l'immonde image de ma bouche collée à la sienne.
Il avait eu besoin qu'une femme recouvre de ses lèvres chaque parties que les miennes avaient effleuré pour pouvoir éliminer la sensation épouvantable de mon corps effleurant le sien.
Il devait regretter d'avoir laissé une fille comme moi toucher un homme comme lui.
Comment avais-je pu croire une seule seconde qu'il puisse ressentir quelque chose pour moi ?
Avais-je oublier à quel point mon corps était disgracieux et mon mentale horripilant ?
J'avais des cuisses énormes,des bras où se logeait la graisse et un ventre vestige d'une routine anti-sport.
Combien de régime avais-je essayé ?
Tous promettaient la solution miracle,la méthode révolutionnaire,un aliment mascotte inédit.
Pourtant jamais je n'avais su en tenir et les maigres grammes que j'avais su perdre pendant ces quelques jours je les avais aussitôt repris en double voir en triple dès que j'avais abandonné le régime.

Tu me dégoûtes Elisabeth,regarde toi.Qui voudrait d'une fille comme toi ? Qui oserait se montrer en public avec un monstre comme toi ?

Les entailles se firent de plus en plus nombreuses,de plus en plus profondes,et,tandis que le sang ruisselait sur mon poignet mutilé,je ressentis mon immense tristesse s'estomper petit à petit.
Au bout d'une trentaine de traits,je déposai enfin la lame sur le meuble et tapotai mon poignet avec un mouchoir.
Quand le premier fut tinté de rouge,j'en utilisai un second,puis encore un autre jusqu'à ce que tout le sang fut coagulé.
Je démaquillai mon visage du mascara qui avait coulé à cause de mes larmes et jetai ensuite les mouchoirs dans la toilette avant de tirer la chasse,ne laissant aucunes traces.
Je dépliai ensuite ma manche pour qu'elle recouvre mon poignet ébréché avant de descendre manger,scotchant au passage un sourire forcé sur mon visage.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant