Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 1. « La plus gentille du monde »

~ Leah ~

J'aurais voulu être aveugle pour ne plus être capable de voir le bonheur dans les yeux de tous ces gens, pour ne plus être la spectatrice de tous ces sourires gorgés de joie qui m'étaient à présent interdits. Si cela était l'unique solution pour ne plus avoir à m'y confronter alors j'étais prête à plonger mon existence dans l'obscurité.

— Allez, dépêche-toi ! Si tu restes plantée comme ça, les vacances d'été seront terminées avant même que l'on ait eu le temps de faire quelque chose ! s'exclama Roxane, me tirant gentiment à sa suite.

Prenant une profonde inspiration, je n'eus pas d'autre choix que de lui emboîter le pas et de la suivre à travers la foule massée autour des différentes attractions de la foire annuelle de notre ville. La tête baissée vers le sol, je retenais mon souffle à chaque fois qu'une personne me frôlait de trop près, comme si ce simple contact avait le pouvoir de déclencher une catastrophe. Mes doigts restaient désespérément agrippés aux branches de mes lunettes de soleil afin de me convaincre que la situation était sous contrôle, que les verres teintés pouvaient gérer cette chose qui dormait au fond de moi.

— Regarde, il y a des auto-tamponneuses, des stands de tirs et même une grande roue ! Où est-ce que tu veux aller en premier, Leah ?

Nulle part.

Malgré la chaleur accablante de ce mois de juillet, un frisson parvint à se frayer un chemin en-dessous de mes vêtements et je dus me faire violence pour ignorer ce mauvais pressentiment qui glaçait le sang dans mes veines. Je fixai mon attention sur la chevelure rousse de Roxane pour m'empêcher de m'inquiéter du fait que mon cœur se mettait à battre de plus en plus vite dans ma poitrine.

— À toi de choisir, lui lançai-je tout en plaquant un faible sourire sur mon visage. C'est bien toi qui voulais venir ici, non ?

Elle me retourna immédiatement mon sourire et, l'espace d'un instant, je ne regrettais presque plus d'avoir accepté de l'accompagner. Toutefois, lorsque je vis cet éclat d'innocence et d'ignorance briller dans ses yeux, je revins brusquement à la réalité.

Tu me considères comme ta meilleure amie, Roxane, mais tu ne connaîtras jamais la vérité sur ma vraie nature.

Ce serait un mensonge de dire que ça ne me faisait pas du mal de devoir lui mentir quotidiennement, de lui expliquer que je portais des lunettes de soleil parce que je ne supportais pas la lumière alors que j'agissais simplement de cette manière pour lui éviter de mourir si jamais elle avait le malheur de croiser mon regard. Cependant, il arrivait souvent que la vie ne nous laisse pas le choix. Elle se contentait de prendre certaines décisions à notre place, sans même nous donner de raisons valables.

Je n'avais jamais décidé d'être un monstre et c'était pourtant ce que j'étais devenue du jour au lendemain, aussi simplement que ça.

Mes souvenirs me jouaient parfois des tours, mêlant à la fois mon imagination et ce qui s'était réellement passé cette journée-là de printemps. Seule une chose demeurait certaine, c'est qu'ils ne me laissaient pas une seconde de répit, et cela depuis un peu plus de quatre ans, à présent. Ils me hantaient sans cesse, ravivant toutes ces plaies qui ne semblaient pas vouloir cicatriser pour de bon, comme pour me rappeler encore et encore ce dont j'étais capable. Pour m'empêcher d'oublier le crime que j'avais commis.

Sentant les rayons du soleil s'infiltrer agréablement sous ma peau, mon sourire s'épanouit davantage sur mon visage et je ferme mes yeux afin de profiter de ce moment de détente à sa juste valeur.

Allongée sur mon transat, j'apprécie les délices de mes vacances largement mérités. Papa et Maman sont partis se promener sur la plage, ce qui me laisse une bonne heure devant moi pour être au calme et me reposer un peu. J'aurais voulu que Nathan soit ici, à mes côtés, comme à chaque fois que l'on part en vacances, mais un empêchement de dernière minute l'a obligé à changer ses plans. J'espère que ce n'est rien de grave parce que, depuis qu'il m'a annoncé ça, il ne répond plus au numéro de ses parents que Maman me donne lorsque je veux le contacter. Un soupir s'échappe de mes lèvres.