Chapitre 40. « La poupée de Liam »

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~ Leah ~

Je le haïssais de tout mon cœur et je me mis à penser qu'il était dommage qu'il ait bloqué mon don parce que je me serais fait une joie de lui accorder un regard rempli de haine.

Ton dernier regard, Liam.

Serrant les dents pour m'empêcher de gémir de douleur, je marchais difficilement avec les chaussures à talons que Liam m'avait si gentiment obligée à mettre. Après avoir passé une grande partie de la soirée de la veille à m'entraîner à les porter sans me tordre la cheville, mes pieds étaient dans un état franchement lamentable. Chaque pas me faisait doucement regretter d'avoir obéit à Liam et j'aurais été capable de lui lancer ces fichus escarpins à la tête.

Heureusement, grâce à mon bref entraînement de la veille avec Azura, j'étais à peu près capable de marcher sur un terrain plat et, quant aux chemins caillouteux, je ne me sentais pas particulièrement de taille à les affronter pour le moment. Seulement, le problème était que, après toutes ces heures à arpenter la villa en long, en large et en travers, mes pieds étaient si endoloris que j'avais besoin de m'appuyer de temps en temps sur ma colocataire pour rester en équilibre sur les talons de onze centimètres que j'avais attachés aux chevilles... oui, nous les avions mesurés.

Pour la énième fois, un groupe de personnes se retourna pour me regarder plus attentivement alors que nous nous rendions en cours avec Azura. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir ridicule dans la tenue que m'avait choisie Liam. N'étais-je qu'un divertissement pour lui, une sorte de poupée qu'il pouvait habiller et manipuler à sa guise, ou pensait-il réellement combler la pauvre fille que j'étais en m'offrant de nouvelles tenues ? Si la deuxième option était celle pour laquelle il penchait, alors il ne pouvait pas être plus se tromper parce que rien de tout cela ne me ressemblait. Et s'il me connaissait vraiment, il s'en rendrait compte.

Je baissai les yeux sur le petit haut noir décolleté qui était rentré dans ma mini-jupe beige taille haute dont le tissu était si léger que je crus plusieurs fois qu'elle allait s'envoler sur le chemin. Par ailleurs, elle était bien trop courte à mon goût et je n'arrêtais pas de la baisser nerveusement à chaque fois que j'en avais l'occasion. Une fine ceinture dorée, qui était de la même couleur que les lanières de mes sandales à talons noires qui entouraient mes chevilles, venait ensuite se coordonner à la perfection avec mes vêtements tout en marquant ma taille par la même occasion. Il fallait croire que Liam appréciait tout particulièrement d'accessoiriser mes tenues car il avait également glissé un long collier et une paire de boucles d'oreilles, tous les deux en or, dans la grande boîte qu'il avait envoyé à la villa, la veille.

Même si la tenue que mon mentor m'avait dénichée était absolument magnifique, cela n'arrangeait pas pour autant le fait que son pari était une connerie sans nom et qu'il était vraiment idiot de sa part de penser que mettre en place une telle chose n'allait pas me donner davantage de raisons de le détester.

Puis vint le moment où nous arrivâmes devant la salle de classe. Tous les élèves déjà présents semblèrent retenir leur souffle quand je fis un premier pas à l'intérieur. À présent, la seule chose que l'on pouvait entendre était un silence profond. Pourtant, l'unique détail qui accapara mon entière attention fut la manière dont Liam me dévisageait. Droit comme un « i » sur sa chaise, il paraissait être le seul à avoir véritablement arrêté de respirer. Ses yeux ne me quittèrent pas une seule seconde tandis que je me dirigeais à ma place habituelle, c'est-à-dire à ses côtés. Son regard remonta lentement de mes chevilles à mon visage, semblant détailler avec soin chaque courbe que possédait mon corps. Un frisson s'amusait à courir sur ma peau, apparaissant aux endroits que mon mentor regardait avec insistance. Enfin, lorsque ses yeux rencontrèrent finalement les miens, ce que je ressentis fut tout simplement indescriptible. Un fin courant électrique semblait s'immiscer entre nous deux et quelque chose d'ardent se mit à brûler dans son regard argenté, m'embrasant tout entière. Mon cœur s'emballait si fort au fond de ma poitrine que j'avais l'impression de l'entendre battre jusque dans mes oreilles. Notre échange silencieux était si intense que j'en oubliai presque de respirer.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Where stories live. Discover now