Chapitre 62. « Le même cauchemar qui se répète inlassablement »

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~ Leah ~

La colère avait été rapidement remplacée par l'incompréhension.

Je gaspillais mes journées à passer en revue les dernières semaines vécues aux côtés de Liam, cherchant le moindre indice qui aurait pu m'aider à comprendre les raisons de son brusque départ, en vain. Je refusais de croire qu'il avait agi de la sorte à cause de sa stupide impulsivité maladive. Il y avait forcément autre chose là-dedans qui l'avait motivé à se comporter ainsi. Malheureusement, l'univers semblait décidé à ne rien me laisser découvrir.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis qu'Evans m'avait appris que son meilleur ami était parti de l'Union des Dons. Pourtant, je continuais de me rendre à la Tour des Entraînements, suivant scrupuleusement le planning que nous avions élaborés, dans l'espoir de l'y retrouver confortablement installé sur le canapé en train d'attendre mon arrivée. Au début, j'avais continué à enfiler ma brassière de sport ainsi que mon ridicule short, persuadée que Liam serait de retour. Puis, réalisant à quel point cette mascarade était pitoyable, j'avais décidé de laisser pourrir mes affaires au fin fond de mon casier.

Depuis plus d'une heure ou deux, je fixai la vue de l'Union des Dons que j'avais depuis la salle d'entraînement de mon mentor, assise totalement seule sur le canapé placé devant l'immense baie vitrée. Je tenais fermement mon téléphone dans ma main, débattant mentalement de la stupidité que je m'apprêtais à accomplir.

Puisqu'Evans avait refusé de me donner le numéro de téléphone de Liam, j'avais contacté Kyra, me rappelant que son petit-ami était un ami de mon mentor. En moins d'un quart d'heure, je m'étais retrouvée en possession d'un moyen de communiquer avec Liam. J'avais immédiatement tenté de l'appeler deux fois de suite, à chaque fois sans succès, avant de réaliser que ma dignité était bien trop importante à mes yeux pour que je commence bêtement à harceler mon mentor pour avoir des réponses à mes questions.

Je fermai mes paupières pour prendre une profonde inspiration. Instantanément, le répondeur de Liam que je connaissais, malgré moi, par cœur retentit dans ma tête. Sa voix enjouée envahit mon esprit.

« Hé ! Apparemment, tu cherches à me joindre mais je n'ai visiblement pas la moindre seconde à t'accorder. C'est trop con, hein ? Si tu comptes forcer à me raconter ta vie, attends le bip sonore. Sinon, adieu. »

D'un coup, je me revis plusieurs années plus tôt, accroupie sur le sol de ma chambre, des lunettes de soleil fraichement posées sur le bout de mon nez, un morceau de papier avec un numéro écrit dans une main, un téléphone dans l'autre. Les nombreuses similitudes entre cette situation de mon passé et celle que je vivais à présent me brisèrent le cœur.

Je mis ma tête dans mes bras pour repousser les images qui tentaient d'envahir mes pensées mais ce ne fut pas suffisant pour empêcher l'un de mes souvenirs les plus douloureux de refaire surface.

Il m'a fallu une semaine entière et un peu de courage pour fouiller dans les vieilles affaires de Maman et trouver le carnet où elle garde les numéros de téléphone de tous les amis de la famille. Je ne sais pas pourquoi elle l'a aussi bien caché mais, par chance, j'ai tout de suite trouvé un moyen de contacter Nathan.

Une fois la tâche la plus importante accomplie, j'ai attendu le bon moment pour m'emparer du téléphone de la maison sans me faire remarquer par qui que ce soit et me cacher dans un coin de ma chambre. Jusque-là, mon plan s'enchaîne comme prévu.

Maintenant, le téléphone paraît terriblement lourd dans ma main et le battement de mon cœur est si fort contre mes oreilles que j'ai peur de ne pas entendre ce que mon interlocuteur risque de me dire. Pourtant, je réarrange quand même le bord de ma couette pour qu'elle dissimule ma cachette de fortune et sors le petit bout de papier où j'ai noté le numéro des parents de Nathan. Malheureusement, je ne suis toujours pas habituée aux verres teintés de mes nouvelles lunettes de soleil qui sont censées protéger les autres de ce que je suis capable de faire malgré moi et je dois sortir de mon abri durant quelques secondes pour taper les chiffres sur le combiné, sinon je suis incapable de distinguer mon écriture dans la semi-pénombre. Quand c'est fait, je me dépêche de retourner dans ma cachette et me recroqueville sur moi-même, la tête entre mes jambes et le téléphone pressé avec force contre mon oreille.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Where stories live. Discover now