Chapitre 46. « La bouffée d'air frais »

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~ Leah ~

Presque trois semaines s'étaient écoulées depuis que j'avais reçu mon injection d'élixir et depuis la dernière fois que j'avais quitté les murs de la villa. Et pourtant, durant tout ce temps, les effets secondaires causés par l'introduction d'une substance étrangère à mon corps ne semblaient pas vouloir me laisser le moindre répit.

Depuis que l'aiguille de la seringue remplie d'élixir avait quitté mon bras, mon quotidien était devenu un cauchemar. Mon organisme éprouvait d'énormes difficultés à assimiler ce que l'on lui avait injecté de force, me le faisant ressentir et regretter chaque minute de chaque journée.

J'étais constamment prise d'une fatigue que le sommeil n'arrivait pas à chasser. Dès que je tentais d'esquisser le moindre mouvement, la douleur qui me prenait était si violente que j'avais l'impression que chacun de mes muscles se déchirait, que chacun de mes os était sur le point de se briser.

Mais ce n'était pas tout, mon aspect physique changeait également. Sans que je ne puisse l'expliquer, je trouvais étrangement que mon visage était devenu plus joli, comme si ma peau s'était magiquement lissée et adoucie. De plus, mon corps se transformait si rapidement et si brusquement que je ne savais jamais à quoi m'attendre quand je me réveillais, le matin. Mes muscles et mes courbes s'accentuaient au fil des jours, quand bien même je restais constamment alitée. Par ailleurs, en l'espace d'une nuit seulement, ma poitrine avait pris une taille en plus et j'avais été contrainte de demander à Azura d'aller m'acheter de nouveaux sous-vêtements en urgence.

Mes journées ne se résumaient qu'à trois activités qui se répétaient sans cesse, tel un cercle vicieux interminable. Manger, uniquement lorsque j'avais suffisamment d'appétit pour oser porter une fourchette à ma bouche. Dormir, lorsque mes cauchemars décidaient de me laisser en paix. Souffrir, quand je n'étais pas assez fatiguée pour ne plus ressentir la douleur.

Certains jours, j'étais si glacée que je devais passer une grande partie de la journée dans un bain bouillant, même si ma chair de poule et ma sensation de froid ne disparaissaient jamais pour de bon. D'autres, j'avais si chaud que je ne pouvais m'empêcher de passer des heures et des heures assise sous le jet glacial du pommeau de la douche, malgré que la température me coupait souvent la respiration.

Il m'arrivait très fréquemment d'avoir des pertes d'équilibre qui me forçaient à rester plusieurs heures dans mon lit à attendre que mes vertiges se dissipent. Parfois même, elles étaient si vives que je n'avais pas le temps de m'accrocher à quoi que ce soit, ne me laissant pas d'autre choix que de m'écrouler sur le sol tout en gardant fermement mes paupières closes pour tenter désespérément de faire en sorte que le monde cesse de tourner autour de moi.

Mon état psychologique était si misérable que mes crises de larmes rythmaient presque mes journées. C'était notamment à cause de ça que je me débouillais pour passer le moins de temps possible en compagnie d'Azura, qui était d'ailleurs la seule personne que je côtoyais depuis mon injection d'élixir. Il me paraissait inconcevable que je puisse laisser quelqu'un me voir alors que j'étais dans un état aussi catastrophique, d'autant plus que j'avais moi-même déjà des difficultés à supporter mon propre reflet quand j'avais le malheur de passer devant un miroir. Il fallait croire que j'avais trop honte de la fille faible et pleurnicharde que j'étais devenue pour pouvoir imposer cette vision pathétique à qui que ce soit.

Bien que j'eus exprimé clairement mon envie de m'isoler et de ne voir personne à Azura, Liam venait tous les jours pour prendre de mes nouvelles. Il s'obstinait à toujours toquer à la même heure à la porte de ma chambre, quand bien même il savait que je n'allais jamais lui ouvrir. Cela me brisait le cœur de le rejeter de la sorte, de devoir faire le moins de bruit possible à chaque fois que je l'entendais s'approcher de la pièce. Pourtant, si cela était à refaire, je le referais sans hésiter parce que j'aurais été incapable de supporter ne serait-ce qu'une seconde le regard de pitié qu'il allait forcément avoir en voyant la morte vivante en laquelle l'élixir m'avait transformée. Sa pitié aurait sûrement été le dernier coup qui m'aurait fait sombrer pour de bon et je ne pouvais pas laisser une telle chose se produire.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Where stories live. Discover now