Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔

Chapitre 20. « La Sélection »

~ Leah ~

Le temps me paraissait si long que mon pied droit s'agitait avec impatience sous mon siège.

Une éternité plus tôt, j'avais décidé de prendre place tout au fond de l'immense amphithéâtre circulaire, déterminée à ne pas attirer l'attention de quiconque dans la salle. Malheureusement, les sièges qui m'entouraient avaient été réquisitionnés par les nombreux retardataires, ce qui détruisit mes rêves de solitude et de tranquillité.

Par chance, de ma place, j'avais une vue imprenable de l'estrade où se tenait le principal de l'académie, qui nous avait expliqué que son don consistait à créer des illusions, ce qui lui avait permis de nous tester de multiples manières pendant l'examen d'entrée, et qui tenait absolument à ce qu'on l'appelle Mr Cake (« Monsieur Gâteau »). À part ce détail plutôt curieux mais sans aucune réelle importance, il souriait constamment et avait l'air particulièrement gentil : il respirait la gaieté et la joie de vivre. C'était probablement l'unique raison qui me poussait à écouter son discours barbant. Cela devait faire une bonne vingtaine de minutes qu'il nous expliquait que nous allions devoir signer une sorte de « contrat de confidentialité » à la sortie de l'amphithéâtre, stipulant que nous avions l'interdiction d'utiliser les réseaux sociaux pour dévoiler l'existence de l'Union des Dons, de filmer ou bien prendre en photo les lieux pour ensuite les diffuser sur internet, de dévoiler notre existence à des personnes non-détentrices de dons, même si ces personnes étaient très proches de nous. Autrement dit, tout ce qui se passait à l'Union des Dons restait à l'Union des Dons et, si la moindre information fuitait de l'enceinte scolaire, nous devrions faire face à de très lourdes conséquences. En somme, tout ce qu'il disait était parfaitement logique et je supposais qu'une piqûre de rappel ne pouvait pas faire de mal.

J'entendis un long soupir de consternation près de moi. La fille qui se tenait à ma gauche semblait être sur le point de s'endormir. De ses longs ongles manucurés, elle tapotait son accoudoir avec exaspération. Je me surpris à admirer l'élégance de ses gestes et sa beauté. Je détournai la tête de peur de me faire prendre à la dévisager et remarquai tout à coup quelque chose qui pouvait paraître futile au premier abord : tout le monde, ici, était d'une beauté à couper le souffle. C'était comme si je me trouvais à un casting pour faire la couverture d'un célèbre magazine de mode. Chaque personne dans cet amphithéâtre avait pleinement conscience de son charme et ne s'en cachait absolument pas. Le seul détail qui venait ternir ce magnifique tableau était moi. Contrairement à eux, j'étais plutôt petite, ce qui était encore plus flagrant étant donné que je ne portais pas de chaussures à talons, et je n'avais aucune confiance en moi. Je compris alors l'importance des conseils de Grand-mère : « Tête haute, sourire fier, démarche assurée ». Soit les personnes dans cet amphithéâtre agissaient de cette manière naturellement, soit ils avaient dans leur entourage une grand-mère comme la mienne qui s'amusait à leur donner des conseils de ce genre. Dans tous les cas, cette confiance en soi que je pouvais trouver chez tous ces inconnus était, sans le moindre doute, l'idéal que je devais viser à la fin de ma première année.

Un petit soupir s'échappa d'entre mes lèvres, tout ça ne serait pas facile à accomplir mais je tâcherai de faire de mon mieux.

— Maintenant que mon discours ennuyeux est terminé, passons aux choses sérieuses, déclara Mr Cake, embrassant l'ensemble de l'amphithéâtre de ses magnifiques yeux bleus.

Il avait des cheveux bruns coupés courts avec une peau mate bronzée par le soleil. Il semblait avoir à peine la trentaine. Une fine barbe poussait sur ses joues, lui donnant une ou deux années en plus. Son jean délavé et sa chemise déboutonnée baissaient clairement la crédibilité de son rôle de principal.