Chapitre 67. « Lui vouer une confiance aveugle »

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~ Leah ~

« Est-ce que tu penses que les humains devraient apprendre notre existence ? »

Je m'étais réveillée à l'aube, ce matin-là, bien plus tôt que le réveil que j'avais programmé pour me rendre en cours. Je fixais le plafond tandis que cette question tournait encore et encore dans mon esprit. J'avais été énormément surprise de la retrouver dans mes pensées en sortant de mon long sommeil, une telle chose montrait que j'y accordais bien plus d'importance que je n'aurais voulu le croire.

Plus j'y pensais, plus mon avis sur le sujet devenait partagé et plus je me rendais compte que les conséquences d'une révélation de cette ampleur seraient tout aussi positives que négatives, autant pour les humains que pour les Echos. Des images d'enfants humains jouant main dans la main avec des jeunes Echos qui n'avaient pas peur de cacher ce dont ils étaient capables de faire envahirent mon esprit avant d'être rapidement chassées par des visions du gouvernement humain tentant d'identifier les Echos un à un dans la population afin de les emprisonner loin de toute civilisation et de les étudier à leur guise dans des laboratoires.

Je poussai un long soupir et passai une main sur mon visage, consciente que spéculer inutilement sur la question ne me mènerait nulle part. Puis, je décidai de me lever et de profiter de mon avance pour prendre le temps de me préparer avant de me rendre en classe.

Quand j'arrivai dans l'entrée de la cuisine, Jay était déjà installé sur l'une des chaises hautes du bar, son attention alternant entre son bol de céréales et l'écran de son téléphone portable. Une fois arrivée à sa hauteur, il tendit son poing dans ma direction et je cognai mon propre poing fermé contre le sien, un petit sourire étirant mes lèvres. Il éteignit l'écran de son portable pour me détailler avec attention.

Après le départ de Liam, Jay avait pris l'habitude de venir souvent à la villa pour passer du temps avec Azura et moi. Il prétendait que son colocataire n'était jamais là et que, de toute façon, il s'ennuyait avec lui mais je le soupçonnais de rester dans les parages pour s'assurer que l'abandon de mon mentor ne me porterait pas le coup fatal et que je ne me laisserais pas pourrir dans un coin en attendant que le temps passe. Un jour, j'avais prétendu être malade auprès d'Azura pour rester dans mon lit et sécher un cours de Mr Cake, seulement, Jay était apparu une dizaine de minutes plus tard dans ma chambre et m'avait quasiment tiré de là pour me jeter dans la baignoire de la salle de bain, me criant de me dépêcher de me préparer pour ne pas être en retard. Cet incident m'avait dissuadé net de recommencer.

Puis, sans trop savoir comment il s'y était pris, il avait réussi à négocier auprès de nous pour avoir une clé de la villa et, depuis ce jour-là, il ne nous laissait quasiment plus tranquilles. D'ailleurs, cela n'avait jamais été un problème pour nous.

— Bien le bonjour, petite coquine ! me lança Jay d'un air enjoué, posant sa tête sur sa main et plaçant son coude sur le comptoir pour me regarder attentivement. Avez-vous eu une nuit reposante ?

— Très bien, monsieur, c'est très gentil de votre part de vous en préoccuper, lui répondis-je tout en ouvrant le réfrigérateur pour en sortir une bouteille de jus de fruit. Mais, dites-moi, n'avez-vous donc pas une maison pour vous trouver ici de si bon matin ?

— Eh bien, la vision de votre doux visage est un délice dont je ne pourrais me passer. Je crains de ne pouvoir faire autrement que d'accourir jusqu'à votre demeure chaque matin dans l'espoir de vous apercevoir, madame.

Je ne pus m'empêcher de rigoler en entendant sa voix mielleuse résonner dans mon dos.

Quand j'eus terminé de préparer mes tartines et mon verre de jus de pommes, je pris place à côté de Jay et l'écoutai me détailler avec attention son nouveau planning de course à pied sur lequel il avait commencé à travailler depuis plus d'une semaine. J'avais récemment appris énormément de choses sur lui et son amour inconditionnel pour ses footings quotidiens était l'une d'elles. Il persistait à me proposer de l'accompagner, il promettait de respecter mon rythme et de ne pas me brusquer lors de nos premières séances mais il semblait déterminé à ne pas entendre mes innombrables refus, et cela malgré lui avoir expliqué plusieurs fois que la simple perspective d'enfiler des chaussures pour courir à ses côtés me donnait des frissons dans le dos.

Hypnose, tome 1, Notre Rencontre. | ✔Where stories live. Discover now