Chapitre 39

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Le vendredi, j'ai du mal à profiter de mon premier jour de congé. Nous devions passer la journée sur les pistes avec Pauline, mais finalement le sommeil m'a assommé. Mon inquiétude pour Chloé a mobilisé toute mon énergie, et j'ai dormi jusqu'à onze heures. Cependant, je ne peux pas me laisser consumer par mon angoisse et je finis par rejoindre ma meilleure amie au pied de la station.

Après avoir passé une heure à lui apprendre les bases du snowboard en lui résumant l'entrevue avec ma mère, et qu'elle ait réussi à descendre sa première piste verte, nous nous installons en terrasse prendre un verre.

Je ne parviens pas à me retenir d'évoquer le sujet Chloé avec elle tandis que l'on prend place sur les transats au soleil, notre boisson à la main.

– Je ne comprends pas pourquoi le stress me consume à ce point. Le résultat de son procès ne changera rien à ma vie.

– Tu te soucies d'elle, c'est normal. Et si ça se trouve, gagner le procès l'amènera peut-être à revoir son positionnement envers toi. Réapprendre à faire confiance à certaines personnes...

Je n'ai même pas songé à cela une seule seconde. J'ai juste envie qu'elle aille bien

– L'idée qu'elle puisse souffrir me rend malade, en fait, avoué-je dans un souffle.

C'est à cet instant que je prends conscience d'avoir atteint ce point de non-retour. Mon désir de protéger Chloé, de l'apaiser, d'apprendre à la connaître, à la comprendre. Mon besoin irrépressible de voir son sourire apparaître et plisser le coin de ses yeux. Mon envie de contribuer à son bien-être et à son bonheur.

Je suis Mélodie d'elle.

Pauline garde le silence tandis que je me perds dans mes pensées. Je ne connais pas bien Chloé, mais j'ai l'impression de n'avoir jamais rencontré quelqu'un d'aussi forte qu'elle. Elle semble tout contrôler autour d'elle. Et en même temps, ces derniers temps, elle paraissait tellement chétive... J'ai peur de ce que pourrait provoquer sur elle un résultat négatif.

Je soupire, et Pauline reprend la parole d'une voix bienveillante :

– Bon... Tu vas faire quoi maintenant ?

– Comment ça ?

– Ben par rapport à Chloé.

Je hausse les épaules.

– Je ne pense pas qu'il y ait réellement quelque chose à faire. Et puis, ça ne me regarde pas vraiment. Cependant...

– Cependant ?

– J'aimerais pouvoir lui permettre de se changer les idées. Tu avais prévu d'organiser une soirée samedi, non ?

Elle saisit tout de suite ce à quoi je pense et m'adresse un clin d'œil.

– Compte sur moi !

***

Le samedi après-midi, je propose à Pauline de venir l'aider afin d'occuper mon esprit, ne parvenant pas à penser à autre chose qu'à ma référente. Je me demande encore si c'est vraiment malin de la convier à une soirée alors qu'elle se débat avec ses propres démons. Cela dit, c'est une grande personne et si elle ne souhaite pas venir, j'imagine qu'elle ne va pas se forcer. Je reçois rapidement une réponse de ma meilleure amie qui m'assure avoir tout sous contrôle et que j'ai seulement besoin – je cite – « de ramener mon petit cul à vingt heures ».

Je tourne en rond dans mon appartement comme un lion en cage. Je me connais, et je vais avoir du mal à me comporter normalement ce soir. D'abord parce qu'il s'agit de la première soirée que je passe avec Chloé en ayant réellement conscience de mes sentiments. Mais c'est surtout que je brûle de l'appeler pour savoir comment s'est passé son procès.

En arrivant sur place, je me rends compte que Pauline s'est un peu emballée. Il ne s'agit pas du tout d'une petite soirée tranquille, mais d'une grande beuverie où chaque invité a apporté un ou une comparse, et une bouteille d'alcool.

Je ne sais pas pourquoi, mais je crains le pire.

Pour une fois, je suis en accord total avec ma conscience. Pourtant, je choisis délibérément de l'ignorer.

Malgré les deux connaissances d'une amie que Pauline s'empresse de virer avant qu'ils se battent dans son salon.

Malgré les rires gras qui fusent de plus en plus fort.

Malgré la blonde qui porte l'expression d'une hilarité remplie d'étonnement sur le visage et qui se rue sur une Chloé entamant son troisième verre de rhum.

C'est à cet instant exact, cette seconde très précise où cette fille sortie de nulle part ouvre la bouche pour répandre son venin, que tout dégringole. Et la suite n'est qu'un enchaînement d'instants improbables jusqu'à ce que je me retrouve dans la chambre de Chloé, l'encerclant de mes bras le plus fort possible pour qu'elle se calme enfin. 

*******

Bonsoir, 

Mini chapitre après un week-end épuisant mais régénérant avec ma famille (et beaucoup de route). J'espère qu'il vous a plu quand même, demain il sera bien plus long.

Bonne fin de week-end !

xx

Victoria

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant