Chapitre 48

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La veille de Noël, je me rends chez Pauline pour préparer notre réveillon. Nous avons décidé un peu au dernier moment de le fêter ensemble. Ce n'est pas la première année qu'elle me le propose, mais d'habitude je m'arrange pour voyager à cette période, ou alors elle travaille toute la nuit et profite de sa famille le lendemain. Mais cette fois, Pauline a préféré rester ici et le célébrer avec moi. Elle savait que je n'avais rien prévu de toute façon, et elle ne voulait pas me laisser seule suite à ma rupture-même-si-rien-n'avait-encore-commencé avec Chloé. Et comme nous ne sommes pas du genre à faire les choses à moitié, on s'est lancées dans une véritable entreprise pour fêter un Noël digne de l'univers d'Harry Potter. Décoration, repas, musique, ambiance, tout y passe ! Ma mission en arrivant chez elle consiste donc à orner sa maison pendant qu'elle prépare tout ce qu'elle peut cuisiner en avance.

Nous avons dévalisé les magasins hier soir à la recherche de la décoration idéale et ça remplit deux cartons entiers. J'ai installé des bougies sur toutes les fenêtres et positionné deux rennes lumineux, parés d'écharpes aux couleurs des maisons de Poudlard, de part et d'autre de la porte d'entrée. Les troncs d'arbres scintillent de guirlandes de vifs d'or et de lettres magiques et un mélange de bouteilles d'apothicaire agrémente des petites boîtes en bois.

On n'est pas du tout extrêmes quand on organise quelque chose ensemble avec ma meilleure amie...

Au bout d'une heure, mes mains menacent de se détacher de mes bras à cause du froid.

– Pourquoi mettre des gants quand on peut se geler jusqu'à la moelle ? me taquine Pauline en déposant sa tarte aux citrouilles sur le rebord de la fenêtre.

L'odeur me chatouille les narines et j'ai du mal à lutter contre l'envie de pré-réveillonner pour tester toutes ses préparations, mais elle m'assène un coup sur les doigts lorsque je m'en approche un peu trop.

– Viens plutôt manger, j'ai préparé des ravioles !

Je salive d'avance à cette annonce, et entends mon estomac grogner. Il n'est que dix-neuf heures trente, mais j'ai déjà une faim de loup.

En installant la dernière petite touche de décoration sur la porte d'entrée, une couronne de houx parée d'une écharpe de Serdaigle — Pauline y tenait —, je décide de dévier de quelques mètres et d'accrocher une version réduite sur celle de Chloé. J'imagine qu'elle fête Noël dans sa famille, aucune lumière n'émanant des fenêtres et sa voiture n'étant pas garée devant chez elle. Mais ça lui fera la surprise lorsqu'elle la verra.

– J'ai glissé une petite note entre les feuilles sur laquelle je lui souhaite un joyeux Noël, avoué-je à Pauline lorsque je me réfugie enfin dans la chaleur de sa maison.

– Pas la meilleure manière de garder tes distances...

– Pas du tout même, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.

Peu avant vingt-deux heures, ce soir-là, je sors pour aller fermer les volets et verrouiller la grange, et je tombe sur Chloé qui s'apprêtait à toquer à la porte. Elle porte un bonnet bordeaux qui contraste avec le blanc de ses cheveux et son visage est emmitouflé dans une écharpe à carreaux roses et gris. Un long manteau anthracite pare ses épaules et elle semble à peine arriver chez elle.

Elle se recule comme prise la main dans le sac, et laisse retomber sa main avant de la fourrer dans sa poche. Elle a l'air de vouloir dire quelque chose, mais se ravise. Je ferme la porte derrière moi et m'avance vers ma collègue.

– Bonsoir, Chloé.

– Salut ! répond-elle avec un sourire hésitant. Euh...

Elle regarde autour d'elle comme si elle cherchait à toute vitesse des paroles à prononcer pour justifier sa présence. J'évite de croiser ses Noisettes de peur de me perdre dedans. Elle agite alors son doigt vers sa porte d'entrée.

Hating, Craving, FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant