Chapitre 8 : Perte de contrôle

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L'automne venait de se poser sur Poudlard, comme une plume, légère, douce, balayant le château de feuilles mortes aux couleurs splendides. Une brume indistincte semblait contourner les murs de l'école, tandis qu'un soleil brillant caressait la pelouse encore humide par la rosée. Il faisait déjà terriblement froid, les matinées n'étaient plus douces comme celles d'été mais glaçantes, nous forçant à revêtir une écharpe et des gants en laine. Le mois d'octobre venait tout juste de commencer, et le calme qui régnait dans le château était comparable à une messe. Adossée contre le mur d'une fenêtre donnant sur le parc, les jambes repliées contre mon torse, j'étais plongée dans la lecture d'un livre de magie, que j'avais emprunté à la bibliothèque. Un lourd brouillard flottait au-dessus du lac si bien qu'on n'en distinguait plus la fin. Un chaleureux feu de bois crépitait dans l'âtre de la cheminée, faisant danser gaiement les flammes ardentes. Je n'avais plus touché au mystérieux livre depuis la rentrée, trop plongée dans la montagne de devoirs qu'on nous donnait à faire. Je n'avais d'ailleurs parlé à personne de ce que j'avais vécu. Une partie de moi était effrayée d'y replonger et de voir des choses que je ne voulais pas mais l'autre me disait d'explorer les diverses réalités parallèles, juste pour m'amuser...

Je parvenais tout juste à tenir le coup entre les potions de Rogue de plus en plus précises et dangereuses, les dizaines de livres de métamorphose à lire, les schémas de botanique à apprendre par cœur, les nouveaux sortilèges et les contrôles qui s'accumulaient. Mais cette année, mes notes démontraient ma volonté de réussite, mis à part les potions, j'avais des notes plutôt bonnes dans chacune des matières. Les entraînements de Quidditch me prenaient aussi beaucoup de temps, entre le mercredi et le samedi, et le premier match avait déjà lieu demain ; Gryffondor contre Serdaigle. J'avais confiance en mon équipe, nous avions développé une nouvelle stratégie et tous mes joueurs excellaient, j'étais certaine de gagner. Alicia avait d'ailleurs fini par me reparler et accepté son échec, chose qui m'avait rassurée, ma culpabilité avait bien failli me ronger à jamais. Depuis ma nuit dans la salle sur demande, Drago et moi nous retrouvions plusieurs soirs par semaine, lorsque le château était endormi, afin de voler quelques heures de bonheur, cachés de tous, mais les plus heureux du monde. Nous avions bien failli arriver en retard en cours plusieurs fois et nous nous arrangions toujours pour arriver avec cinq minutes d'écart pour ne pas éveiller les soupçons. Seule Katie m'avait avouée qu'elle m'avait surprise une nuit de pleine lune, alors que je m'échappais silencieusement pour rejoindre mon prince charmant. C'était l'un des seuls moments où Drago et moi pouvions vraiment nous voir, les cours nous empêchant de passer nos journées ensemble. Mais une chose était sûre, je n'avais jamais été si heureuse d'être à ses côtés, rien ne pouvait plus empêcher notre bonheur.

-Oh tu es là.

Fred m'aperçut au coin de la fenêtre et s'avança vers moi, les cheveux encore ébouriffés, sa cravate nouée de travers et une mine fatiguée collée au visage. Il s'installa en face de moi et pris la même position, si bien que nos genoux se touchaient. Depuis la soirée où il s'était confié à moi, j'avais laissé les choses couler et remarqué qu'il faisait vraiment des efforts, si bien que notre complicité était revenue toute seule, sans forcer les choses cette fois. Je savais qu'au fond, c'était un garçon sensible qui avait peur de montrer ses émotions et qu'il s'était caché sous sa carapace pour ne pas avouer que je lui manquais. Il arbora un sourire radieux et attrapa le livre que je tenais entre mes mains avant de hausser les épaules, visiblement ignorant de cette œuvre. Il posa son regard sur le lac embrumé et soupirais, comme s'il hésitait à me parler de quelque chose.

-Fred, tu as quelque chose en tête n'est-ce pas ?

-J'ai eu une discussion avec Katie, la plus sérieuse qu'on n'ait jamais eu. Il était évident qu'on ne pouvait pas rester des semaines à se regarder sans oser se dire les choses, et nos disputes ont fait qu'on ne pouvait pas non plus se remettre en couple. On s'était déjà donné bien trop de chances, alors on a juste accepté que ça ne marcherait pas, et c'est la vie, on n'a que dix-sept ans. On s'est dit qu'on ne se perdrait pas de vue, qu'il existerait toujours un lien spécial entre nous, mais qu'on n'était rien de plus que des âmes sœurs platoniques. Mais au moins tout est rentré dans l'ordre, plus de prises de tête et de non-dits.

Le mystère de Poudlard tome 2Where stories live. Discover now