Chapitre 20 : Un piège

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Une délicieuse chaleur me tiraillait le bas du ventre tandis qu'il m'attirait contre lui avec une tendre force, m'arrachant un sourire niais. Les papillons qui sommeillaient en moi se réveillaient et dansaient joyeusement dans mon estomac alors que le jeune homme couvrait mon cou de baisers, faisant redescendre sa main le long de ma cuisse. Il me murmurait à l'oreille à quel point il était fou de moi et me poussait gentiment vers le lit aux draps de satins en riant.

-C'est bon de te retrouver. Chuchote-t-il.

Son corps lourd plaqué sur le mien, je pouvais percevoir les battements de son cœur, qui résonnaient à l'unisson avec les miens, tandis que je dénouais sa cravate et plongeais mes lèvres sur les siennes. Je l'embrassais avec fougue, ma respiration saccadée, un feu ardent brûlant en moi. Il me rendit mon étreinte et nos langues se mirent à danser une valse, tandis qu'il caressait ma peau du bout des doigts, me faisant frissonner de toute part. Je ne m'étais rarement sentie aussi bien, je flottais sur un nuage, voulant que ce moment dure pour toujours. Je soupirais de contentement alors que nos corps ne firent plus qu'un, et le serrais fort contre moi, comme si je craignais qu'il s'en aille.

Je me redressais en sursaut, la sueur collée au front, mon cœur battant encore la chamade, le froid du dortoir me saisissant amèrement. Je me mis à pleurer, j'avais encore rêvé de lui... Pas une seule nuit ne s'était écoulée sans que je ne rêve de Drago, pas une seule journée ne s'était écoulée sans que je ne pense à Drago, il me hantait. Malgré toutes mes tentatives pour l'oublier, il apparaissait toujours dans mes pensées sans que je ne parvienne à y changer quelque chose, mais quelque part, je préférais me rappeler de la meilleure période de mon adolescence... Mais me dire qu'il ne me touchera plus, qu'il ne sera plus rien qu'à moi, que je n'aurais plus de bras dans lesquels me blottir, qu'il ne me murmurera plus qu'il m'aime, que je ne sentirai plus les effluves de son parfum me brisait le cœur, j'avais besoin de lui, et il m'avait laissée au beau milieu de l'hiver, seule. Cela faisait maintenant plusieurs jours que je me réfugiais dans le livre pour tenter de retrouver l'homme que j'aimais, mais cela n'avait fait qu'aggraver mon cas, chaque fois que je croisais Drago dans une autre réalité, il n'était seulement le garçon odieux que j'avais toujours connu et ne m'accordait plus un seul regard amoureux. J'avais alors caché le livre au fond de mon sac en me promettant de protéger le château de sombrer dans sa folie.

Les jumeaux et Katie se montraient très présents et à l'écoute et faisaient tout pour me remonter le moral, réalisant même certains de mes devoirs quand j'étais au plus bas. Ils ne m'en voulaient pas pour le match de Quidditch, ils avaient simplement compris que j'allais mal, nous n'en avions plus reparlé. Mike et Katie se voyaient entre les heures de cours lorsque cela était possible mais je fus heureuse de remarquer qu'elle ne commettait pas la même erreur que l'année dernière, je passais avant son copain et elle ne me laissait plus de côté. Cela appuyait sur le fait qu'on avait tous mûris et compris à quel point il était important de rester soudés, l'amitié surpassait tout.

J'essuyais mon visage d'un coup de manche et tournais ma tête vers la fenêtre. Il faisait beau, les oiseaux chantaient et un chaleureux soleil baignait la pièce d'un halo lumineux. Rien ne pourrait laisser place à la tristesse si Drago ne m'avait pas laissée, le printemps n'était pas loin, la saison des amours revenait. Et Drago était mon amour de jeunesse, je ne me résoudrais jamais à oublier ne serait-ce qu'un infime moment à ses côtés. Cependant, je ne pourrais plus jamais le regarder dans les yeux ou lui parler sans me souvenir amèrement de ce qu'il s'était passé, j'en serais incapable. Encore une fois je m'étais réveillée tôt, les filles dormaient profondément et contrairement à moi, rien ne semblait vouloir les réveiller. J'appréhendais le premier cours de la journée, encore une fois j'allais devoir suivre un double cours de potions aux côtés des Serpentard, et prétendre n'avoir jamais connu Drago. Cela commençait à devenir une habitude, il était de plus en plus facile de ne pas croiser le regard de l'autre, de ne pas tomber nez à nez avec lui, tout semblait aller en notre faveur.

Angelina semblait me reparler depuis quelques jours, fournissant un effort surhumain pour oublier ce que George ressentait à mon égard, mais elle ne m'en avait jamais touché un mot directement, elle était trop polie pour cela. Je la trouvais très courageuse de ne pas nous en vouloir plus que ça, bien que nous n'y pouvions rien, elle tentait tant bien que mal de recoller les morceaux et le groupe reprenait forme. Il n'avait plus la même saveur sans Alicia bien évidemment, et ne pas pouvoir aller lui rendre visite nous affectait tous. Aux dernières nouvelles, elle ne s'était toujours pas réveillée mais son état se stabilisait. Les guérisseurs avaient bon espoir. Je me demandais toujours si le livre y était pour quelque chose, de ce que je savais, Alicia ne présentait aucune maladie ni aucun antécédent de santé, elle était en pleine forme avant son malaise.

Je m'extirpais des draps et filais prendre une douche froide, j'en avais bien besoin. Les souvenirs de mon rêve ne me quittaient plus, j'avais l'impression de ressentir encore les lèvres de Drago contre les miennes et je voulus mettre fin à cette torture incessante. J'avais besoin d'air, maintenant. Je sortis en hâte de la salle de bain et enfilais ma tenue habituelle de sorcière, attrapais ma baguette, mon manuel de potions et mes ingrédients et sortis sans faire de bruit. La salle commune était déserte, les tables et les fauteuils étaient pour une fois impeccablement alignés. Je manquais de tomber par deux fois en dévalant les escaliers, qui ne faisaient que changer de direction, et m'énervais toute seule, cela faisait dix bonnes minutes que j'essayais de prendre la direction du parc. Lorsque je parvins enfin à descendre des marches infernales, je faillis faire un arrêt cardiaque en voyant la personne qui avançait dans ma direction, les couloirs étaient déserts, nous étions seuls, le parc se trouvait juste derrière, je ne pouvais changer de direction, cette fois je n'avais pas le choix. Je tentais tant bien que mal d'ignorer les battements de mon cœur effrénés, mes mains qui devenaient moites, ma salive qui restait coincée au fond de ma gorge, mes larmes menaçant de tomber. Le voir était ce qui était de pire pour moi, j'avais évité cette situation volontairement mais cette fois c'était inévitable, nous allions nous croiser dans une seconde. Nos capes se frôlèrent, je regardais en l'air pour prétendre ne pas l'avoir vu mais il s'arrêta quelques pas plus loin.

-Louise ?

Je m'arrêtais à mon tour, la simple évocation de mon prénom me fit vaciller, j'avais l'impression qu'on venait de me planter un couteau dans l'estomac. Je ne me retournais pas, attendis simplement qu'il s'en aille, ou bien qu'il parle, mais je n'avais pas vraiment envie de lui adresser la parole. Tous mes membres s'étaient soudain figés, j'entendais uniquement le son de mon cœur tambourinant contre ma poitrine, ma respiration irrégulière, et attendis quelques secondes. J'ignorais s'il me regardait mais je n'entendis pas le son de ses pas s'en aller, et je ne voulais pas croiser son regard, je ne voulais pas voir cette lueur bleu-grise que j'avais autrefois entrevue, je ne le pouvais pas. Nous n'étions pourtant qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, dos à dos, mais aucun ne parla, le silence était si pesant que je faillis poursuivre mon chemin, jusqu'à ce qu'il parle enfin.

-Louise... Répéta-t-il de cette voix si calme, si douce, qu'il ne réservait qu'à moi.

Non, il n'avait pas le droit, il ne pouvait m'appeler comme si tout allait bien, il n'avait pas le droit de me parler comme si je pouvais changer quelque chose, le mal était fait, ce serait pire de me parler, de vouloir savoir comment j'allais. J'étais incapable de supporter ça une minute de plus alors contre mon gré, je me retournais vivement et lançais sur un ton plus brusque que je ne l'aurais voulu :

-Quoi Drago, quoi ?

Je tombais malgré tout dans ses prunelles grises, un torrent de vagues déchaîné était en train de frémir au fond de ses pupilles, ses lèvres se mirent à trembler. Nous n'étions qu'à un mètre l'un de l'autre, je pus lire toute la tristesse sur son visage, mais je n'en avais rien à faire, c'était son choix, je ne pouvais plus le réconforter comme autrefois, je ne pouvais plus l'approcher, le toucher, même lui parler me semblait insupportable. Il ne cilla pas, se contenta de me sonder pendant quelques secondes, comme si le monde s'était arrêté de tourner, plus rien n'importait, il était juste là devant mes yeux, il était beau, mélancolique, et j'aurais voulu que rien de tout cela ne se soit passé, c'était trop dur à accepter... Surtout quand l'homme de notre vie se tenait devant nous, il était impossible de nier ce que l'on ressentait au plus profond de nous-même, mais il n'avait pas le droit de me faire subir ça, il aurait dû passer son chemin.

-Tu ne peux pas te tenir là et revenir la bouche en cœur Drago. Lançais-je d'un ton glacial. Tu as pris ta décision, tu n'as pas le droit de revenir me parler comme si tout allait bien...

-Non, Louise je-

- Ne dis rien Drago, le mal est fait, qu'est-ce que tu espères ? Laisse-moi tranquille.

-Je-

-Tais toi ! Tu n'as pas le droit de me faire ça !

-Mais...

-Tu ne comprends pas que ça me fait mal ? Tu as été clair, on ne peut plus se voir alors je t'en prie passe juste ton chemin la prochaine fois ! Hurlais-je des larmes de colère dévalant mes joues.

J'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me réconforte comme il savait si bien le faire, personne n'en saurait rien, mais simplement, je ne pouvais pas... Cela ne ferait que raviver la douleur alors que je voulais aller mieux.

-Il n'y a rien à dire, c'est mieux ainsi. Tranchais-je en me retournant au moment où il attrapa ma main.

Ses doigts fins sur ma peau me firent frissonner mais je rejetais immédiatement son étreinte, ne voulant pas souffrir encore plus.

-Lâche-moi ! Laisse tomber Drago.

-Je suis désolé. Murmura-t-il simplement en me laissant m'en aller vers le parc, le cœur encore plus en miette qu'au départ.

Le mystère de Poudlard tome 2Where stories live. Discover now